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François Legault ne l’admettra pas, mais il serait surprenant qu’il fasse un troisième mandat. De ce fait, il est normal que des successeurs potentiels commencent à réfléchir à se positionner pour la suite.
Le prochain événement majeur sur la scène politique québécoise sera la nomination du Conseil des ministres. En plus des impératifs de parité, de représentation régionale et de gestion des attentes, le premier ministre devra tenir compte du message qui sera envoyé par ses choix, du point de vue de sa succession.
François Legault ne l’admettra pas, mais il serait surprenant qu’il fasse un troisième mandat. De ce fait, il est normal que des successeurs potentiels commencent à réfléchir à se positionner pour la suite. Pour ces aspirants chefs, le poste qui leur sera confié dans les prochains jours sera crucial, notamment parce que certains rôles permettent la mise en valeur des compétences indispensables d’un chef.
Avouons qu’il est plus intéressant de découper des rubans à travers le Québec, plutôt que de réformer un système d’immigration mal en point, ou de gérer une liste d’attente de 50 000 familles en attente d’une place en CPE, à titre d’exemple.
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On dit que Geneviève Guilbault souhaite un nouveau défi, et on sait déjà qu’elle ne sera pas responsable de la Capitale-Nationale. Durant la pandémie, son rôle de vice-première ministre lui aura permis de démontrer ses talents de communicatrice en remplaçant le premier ministre régulièrement en conférence de presse ou en période de questions. Comme ministre de la Sécurité publique, elle s’est illustrée en lançant l’Opération Centaure et en légiférant sur le bracelet antirapprochement.
Crédit: La Presse canadienne
Pendant la campagne électorale, les plus observateurs auront remarqué qu’elle est allée prêter main-forte à de nombreux candidats. Bien qu’elle puisse dégager une énergie plus sévère en contexte parlementaire, son charisme ressort davantage sur le terrain. Dans les épluchettes et les festivals, les citoyens vont vers elle pour la saluer et prendre des selfies, et elle y prend visiblement plaisir. Les collègues candidats qui ont reçu sa visite dans les dernières semaines auront ainsi pu constater le pouvoir d’attraction de la VPM sortante, et ils n’oublieront pas qu’elle a répondu présente pour les appuyer dans leur circonscription. Elle doit désormais souhaiter un rôle assez prestigieux pour compenser la perte de sa responsabilité régionale, tout en lui permettant de mettre de l’avant ses qualités. Elle devra également démontrer quel est le véritable sens de son engagement.
En 2018, Simon Jolin-Barrette devenait ministre de l’Immigration, ministre responsable de la Laïcité et leader parlementaire. Quelques mois plus tard, il héritait de la Langue française. Ces nombreux rôles lui auront permis d’entamer des réformes importantes et de faire adopter les projets de loi 21 et 96, lois phares du premier mandat caquiste.
Puis, en 2020, il passe de l’Immigration à la Justice tout en gardant ses autres rôles. La Justice était un dossier dans lequel il y avait plusieurs réformes importantes à déployer : réforme de l’IVAC et mise en place du tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et conjugale, notamment. Résultat? Que l’on apprécie ou non son style, l’élu de 35 ans a déjà un important legs politique.
Crédit: La Presse canadienne
Il doit maintenant se demander comment être en mesure de poursuivre sur sa lancée. Il devra aussi réfléchir à l’importance de se faire des alliés parmi ses collègues, lui qui les a parfois irrités en travaillant en solo. Il devra trouver une façon de projeter une image plus humaine. Devant ces éléments, il pourrait souhaiter demeurer gardien du Grand Sceau et de la Langue française.
Sonia LeBel jouissait déjà d’une feuille de route impressionnante lors de son arrivée en politique. Communicatrice hors pair, elle projette une personnalité sympathique, mise en valeur par des TikToks déjantés et des stories Instagram de chasse à l’ours.
Le Conseil du trésor est sans contredit le poste le moins avantageux quand on souhaite se positionner comme chef potentiel, car il implique de dire constamment non. NON aux collègues qui ont des idées de grandeur, NON aux syndicats qui souhaitent négocier sur la place publique. Bien qu’il s’agisse d’un poste névralgique qui aura permis à Me LeBel de réaliser plusieurs accomplissements, dont l’adoption du projet de loi sur l’accélération de projets d’infrastructures et la signature de nombreuses ententes avec les syndicats, la présidence du Conseil du trésor ne permettrait pas au soleil lui-même de rayonner. Pour elle, un deuxième mandat dans ce rôle constituerait un handicap plutôt qu’un avantage. Plusieurs la voient à l’Éducation. Bien que périlleux, il s’agit d’un poste clé dans lequel un chef potentiel peut se positionner avantageusement.
Crédit: La Presse canadienne
La composition du conseil des ministres sera analysée sous tous ses angles. Pour son deuxième exercice, le premier ministre devra avoir en tête non seulement l’avenir du Québec, comme la première fois, mais aussi l’avenir de la CAQ. Pas simple.