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Le système des alertes AMBER doit être repensé, estime notre chroniqueur François Lambert.
Vous avez peut-être reçu l'alerte AMBER, comme moi, vers minuit dans la nuit de mardi. Recevoir une alerte aussi bruyante peut et va réveiller tout le monde, et c'est parfait ainsi, car c'est le but de l'alerte AMBER: c'est une urgence. Si quelqu'un de ma famille était recherché, je serais heureux de savoir qu'il existe un système pour aider à retrouver rapidement la personne disparue. Mais, il y a un mais.
Le fameux email à tous... vous connaissez? Faites le test. En fait, pas besoin. Vous le faites chaque jour, ce test. On vous envoie un email à tous, vous demandant de régler un problème... personne ne va répondre. C'est un peu ce qui se passe lorsqu'on reçoit une alerte où on ne se sent pas impliqué.
J'en ai déjà reçues à Montréal et oui, je portais attention, car je me sentais concerné.
L'alerte AMBER est donc une innovation en matière de sécurité publique, née d'une tragédie personnelle et visant à mobiliser rapidement la communauté pour retrouver les enfants enlevés. Une innovation qui date de 2003. Les technologies ont évolué depuis.
Lors de la dernière alerte reçue, j'étais dans les bois à 150 km de l'endroit. Est-ce que la dame est déjà venue dans le coin? Est-ce qu'on a pu détecter où était son téléphone cellulaire? Les tours cellulaires permettent de savoir où notre cellulaire est «connecté». Ne pourrait-on pas être plus ciblé? Peut-être qu'elle n'avait pas son cellulaire non plus!
La semaine passée, je voulais consulter mon compte Equifax (pour ma cote de crédit) et tout est là, chaque autorisation pour tout. Je pense que si Equifax a tout, la police peut avoir accès à tout, incluant mes habitudes de déplacement et de consommation.
Le but de l'alerte est d'impliquer la communauté et, en envoyant des alertes trop larges, on ne fait qu'informer les gens. Bien entendu, si l'alerte de premier niveau avait été dans mon secteur, je serais sorti pour garder un œil, et c'est le but recherché.
En ratissant trop large, ça revient à crier au loup! Un jour, l'alerte pourrait être dans notre secteur et on ne portera pas attention. Nous vivons à une époque où la masse de données que nous donnons avec nos réseaux sociaux, nos consommations de cartes de crédit, nos déplacements avec cellulaires et l'arrivée de l'intelligence artificielle permettrait un meilleur ciblage.
Cependant, j'ai peur que le gouvernement se lance dans un nouveau système informatique. En attendant, je vais tout de même garder un œil ouvert sur les prochaines alertes AMBER, car j'aimerais bien pouvoir faire mon devoir de citoyen.