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Le document qui sera dévoilé mardi dit vouloir trouver une solution aux enjeux de cohabitation entre la fragile industrie de la nuit et ses voisins qui veulent dormir sur leurs deux oreilles.
Réunis au bar Le Darling, boulevard Saint-Laurent, les élus Luc Rabouin et Ericka Alneus ont accepté de dévoiler les grandes lignes de cette politique à Noovo info, lundi en journée.
«Montréal est reconnue pour sa vie nocturne, ça fait partie de notre ADN. La politique va l’encadrer pour s’assurer de sa vitalité et de la qualité de vie des résidents », explique Luc Rabouin, président du comité exécutif et maire de l’arrondissement Plateau-Mont-Royal.
Contrairement à ce qui circule, le nouveau quartier 24 heures ne sera pas nécessairement le Quartier latin. Les élus souhaitent attendre le résultat des consultations publiques, qui se dérouleront dans les prochains mois, avant de trancher.
Voyez le reportage d'Étienne Fortin-Gauthier dans la vidéo.
«Le premier quartier 24 heures sera au centre-ville. Le Quartier latin est l’une des options, mais on veut que les gens nous disent quel est le bon lieu, qui a les bonnes conditions, poursuit M. Rabouin. Un quartier 24 heures, c’est un endroit où il sera plus facile de tenir des activités de vie nocturne. Mais ce n’est pas un quartier où tout sera ouvert 24 heures sur 24.»
Mais il faudra aussi s’habituer à de nouveaux termes: les «zones de vitalité nocturne». Ces dernières pourraient apparaître dans plusieurs secteurs de la métropole.
«Effectivement, un lieu de diffusion culturel ou un établissement pourrait être désigné 24 heures même s’il ne se trouve pas dans une zone 24 heures. Mais seulement si on croit qu’il y a les bonnes conditions réunies», insiste M. Rabouin.
La nouvelle règlementation vise aussi à rendre plus facile la tenue d’une «nocturne» dans un musée ou encore la tenue d’une pièce de théâtre en pleine nuit, explique Ericka Alneus, membre du comité exécutif et responsable de la culture.
«Tous les acteurs culturels du milieu festif doivent avoir leur mot à dire et on veut les bons outils pour faire rayonner leur travail», dit-elle.
«On aimerait des collaborations. Par exemple, une activité culturelle pourrait se coller à des commerçants d’une Société de développement économique (SDC) et on aurait des heures allongées pour tout le groupe», explique Mme Alneus.
La politique évoque en effet la possibilité pour un cinéma, une boutique ou un restaurant de profiter de ces nouveaux avantages. Mais l’administration municipale admet qu’elle devra se montrer moins rigide que par le passé: «la mise en œuvre de la Politique va exiger l’adaptation de certaines pratiques de la Ville et des arrondissements», peut-on lire dans le document d’une vingtaine de pages.
La politique de la vie nocturne n’est pas étrangère à la fermeture de plusieurs établissements, comme des bars ou des clubs, ces dernières années. En allongeant les heures d’ouverture ou en permettant la tenue d’événements spéciaux, on s’attend à des retombées économiques importantes. Ce «potentiel inexploité» pourrait permettre d’atteindre jusqu’à 1 milliard 600 000 dollars, selon certaines estimations, soit davantage que les 900 millions de dollars en retombées économiques à l’heure actuelle.
Alors que le bar District video club sur la rue Sainte-Catherine s’est vu imposer une amende de 3000$ et une fermeture de quatre jours en raison de plaintes de bruit répétées, l’administration Plante souhaite revoir le cadre légal qui encadre ce type d’établissement.
Sans commenter spécifiquement le cas de ce bar du Village, Luc Rabouin admet qu’il y a un travail à faire pour plus de flexibilité de la part de la Ville.
«Si la solution était vraiment simple, on l’aurait mis en place. Il est évident que les citoyens ont le droit d’avoir de la quiétude. Mais les salles ont aussi le droit de fonctionner. Il nous faut mettre en place un règlement que les inspecteurs sont capables d’appliquer avec des critères plus clairs. Pas juste basé sur quelqu’un qui parle fort», dit-il.<
La Ville est prête à allonger jusqu’à 100 000 dollars par établissement pour permettre l’insonorisation de certaines salles de spectacle. Un lieu de diffusion aura tout avantage à faire des travaux, car il pourrait profiter de seuil de tolérance plus élevé de la part des autorités municipales.
«Au lieu d’avoir un règlement pour tout le monde, on pourrait avoir des normes différentes selon l’insonorisation de la salle. Une salle insonorisée avec un impact moins grand pourrait bénéficier d’une norme plus élevée. On étudie d’avoir des normes personnalisées en fonction des lieux», affirme l’élu.
«Il faut ajuster notre règlementation pour que ça permette de mieux conjuguer les réalités de chacun: à la fois les voisins et les établissements», ajoute-t-il.
Berlin a réussi à protéger la quiétude de ses concitoyens en favorisant l’émergence de clubs dans des secteurs plus isolés de la capitale allemande. Montréal évoque aussi ce scénario: «Afin de prévenir les nuisances sonores, les propositions d’activités nocturnes temporaires ou permanentes qui sont éloignées des zones résidentielles seraient facilitées. La Ville souhaite définir un processus officiel pour ce type d’usages dans le but de simplifier leur développement et d’en assurer un encadrement approprié», peut-on lire plus loin dans le document.
La nouvelle politique de la vie nocturne évoque aussi le développement d’options pour faciliter la mobilité nocturne. Si plusieurs espèrent voir la STM offrir un service de métro 24 heures sur 24 durant les weekends. Luc Rabouin affirme que dans le contexte financier actuel de la société des transports, ce n’est pas un scénario étudié à court terme.