Des dizaines voire des centaines d'arbres centenaires ont été déracinés, ce qui fera perdre des milliers de dollars aux producteurs. Jean-François Lachance, qui possède une érablière dans la petite municipalité, nous convie sur ses terres accompagné du président de la branche estrienne des Producteurs et productrices acéricoles du Québec, Jonathan Blais.
Après quelques minutes de marche, le constat est frappant: des érables massifs jonchent le sol à plusieurs endroits, tandis que d’autres, penchés, tentent de survivre.
«Je m’attends d’avoir perdu entre 10 et 20% de mon érablière», analyse M. Lachance, qui ajoute que des pointes de vent allant jusqu’à 128 km/h ont été répertoriées, dans la nuit de mardi à mercredi, la semaine dernière.
«C’est pas mal la catastrophe, après un réveil comme ça»
Plusieurs producteurs ont été affectés dans la MRC du Granit, néanmoins, «l’épicentre» de cet épisode de vent se trouverait à Chartierville, selon Jonathan Blais. «Il y a un couloir de vent qui a touché au moins quatre à six entreprises. Les gens sont en train de constater les dégâts cette semaine, c’est assez impressionnant», poursuit-il.
L’érablière que l’on visite s’est transmise de génération en génération. Des épisodes de vent, le père de Jean-François Lachance en a vu d’autres.
«On en a à chaque année des gros vents qui vont causer des dégâts, mais on travaille avec la nature donc c’est normal qu’il en tombe assez souvent, mais comme ça, mon père n’a jamais vu ça depuis 75 ans», raconte celui qui a pris la relève.
Les érables au sol deviendront du bois de chauffage, selon M. Lachance, qui estime que certains de ces arbres pourraient aussi être transformés pour faire du mobilier. Il estime tout de même que la perte de ces entailles pourrait lui faire perdre jusqu’à 10 000$ par année.
«Il va y avoir des possibilités de relocaliser les entailles après un échantillonnage terrain, mais au niveau de la perte en équipements, surtout les arbres majestueux, malheureusement en ce moment au Québec il n’y a pas grand programme ou compagnie d’assurances qui se risquent là-dedans», note Jonathan Blais, qui ajoute toutefois qu’une nouvelle forme d’assurances avec la Financière agricole du Québec pourrait éventuellement voir le jour pour de tels événements.
Une relève qui doute
Jean-François Lachance a passé la journée de mercredi dernier en compagnie de son fils, qui réfléchit toujours à la possibilité de prendre éventuellement la relève de l’entreprise familiale.
Le paternel a toutefois senti que ces événements climatiques avaient la possibilité de le faire changer d’idée. «Il n’avait pas l’air sûr. Il trouvait que quand il arrive des affaires de même, pour nous ce n’est pas drôle et les jeunes voient ça d’un autre œil. En voulant dire qu’en plus de toute entailler ça et s’occuper de ça, c’est de ramasser le bois. Il n’avait pas l’air certain», a-t-il répété.
L’entreprise, pour l’instant, appartient toutefois encore à Jean-François, et ce dernier ne cache pas son inquiétude face à des épisodes de vent plus fréquents et plus violents qui pourraient survenir, en raison des changements climatiques.
«C’est sûr que ça change notre vision de l’avenir pour les érablières», conclut-il.