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Une inspectrice de la santé à la retraite de l'Ontario affirme que les rapports des détenus et des juges concernant les rongeurs dans la plus grande prison de Terre-Neuve-et-Labrador suggèrent une infestation « extrême » et de longue date.
Une inspectrice de la santé à la retraite de l'Ontario affirme que les rapports des détenus et des juges concernant les rongeurs dans la plus grande prison de Terre-Neuve-et-Labrador suggèrent une infestation « extrême » et de longue date.
Marilyn Lee, professeure émérite à l'École de santé publique et professionnelle de l'Université métropolitaine de Toronto, a été surprise par des informations selon lesquelles des rongeurs mordaient et grimpaient sur des détenus pendant leur sommeil au Pénitencier de Sa Majesté à St. John's. Elle a déclaré que l’infestation de rongeurs dans cet établissement vieillissant pose de graves problèmes de santé aux gardiens et aux détenus.
«Les prisonniers ou autres ne devraient pas avoir à subir une infestation de rongeurs, quelle que soit l'espèce», a déclaré Mme Lee, qui a inspecté les magasins, les restaurants et les établissements correctionnels en Ontario dans les années 1980.
Le Pénitencier de Sa Majesté a ouvert ses portes en 1859, bien qu'il ait connu plusieurs améliorations et révisions depuis. Son infrastructure délabrée et obsolète est bien documentée, tout comme ses problèmes endémiques liés aux rongeurs.
Une décision rendue l'année dernière par un juge de la cour provinciale comprend des détails sur un détenu de 25 ans qui a été mordu par un rongeur alors qu'il dormait. «Il a observé ce qui semblait être des marques de dents dans la plaie», a écrit la juge Jacqueline Brazil, ajoutant que l'infirmière pénitentiaire était d'accord sur le fait que la morsure provenait probablement d'un rongeur.
Mme Lee a été particulièrement frappée par cet incident.
«Il faudrait une énorme infestation» pour qu'un rongeur morde quelqu'un sans provocation, a-t-elle déclaré, ajoutant qu'elle n'avait rencontré qu'un seul cas de rongeur mordant quelqu'un en six ans d'inspection sanitaire.
Les rats sont plus susceptibles de mordre que les souris et peuvent provoquer une maladie appelée fièvre par morsure de rat, a déclaré Mme Lee. Elle a souligné que le site Web des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis indique que la fièvre par morsure de rat peut provoquer «une maladie grave et la mort» si elle n'est pas traitée.
Le détenu mordu au Pénitencier de Sa Majesté a reçu des antibiotiques, a précisé la juge Brazil dans sa décision.
La Presse Canadienne s'est entretenue avec plusieurs détenus, le mois dernier. Ceux-ci ont déclaré que des souris sont observables à toute heure de la journée.
L'un d'eux a déclaré qu'elles avaient grimpé sur son corps alors qu'il dormait sur le sol en béton, essayant d'échapper à la chaleur étouffante de l'établissement vieillissant. Un autre détenu a déclaré que des excréments de souris s'échappaient des bouches d'aération lorsque l'air passait à travers.
«C'est assez extrême, c'est une très grave infestation, a déclaré Mme Lee en réponse à leurs histoires. Surtout (si les détenus) voient des rongeurs pendant la journée.»
Les détenus ont également décrit une odeur forte et pénétrante d'urine de rongeur, qui, selon Mme Lee, était indubitable.
Forcer les gens à vivre au milieu de cette odeur est «inacceptable», a dénoncé Mme Lee.
Les rongeurs sont porteurs d'une multitude de maladies dans leur salive, leur urine et leurs excréments, a rappelé Mme Lee. Le risque le plus courant chez les souris et les rats est la salmonelle. Ils peuvent également propager l'hantavirus, même si le Canada enregistre généralement moins de cinq cas chaque année, a-t-elle déclaré.
Le ministère provincial de la Justice a déclaré que des sociétés professionnelles de lutte antiparasitaire visitent régulièrement la prison.
«Le département prend très au sérieux la responsabilité de prendre en charge les détenus, a fait savoir le ministère, mardi, dans un communiqué envoyé par courriel. Les problèmes d'infrastructure représentent un défi au (Pénitencier de Sa Majesté) et, en tant que ministère, nous travaillons avec le ministère des Transports et de l'Infrastructure pour résoudre les problèmes d'entretien à mesure qu'ils surviennent.»
La Commission des droits de la personne de Terre-Neuve-et-Labrador reçoit un flux constant d'appels téléphoniques de détenus du pénitencier concernant des problèmes tels que la chaleur à l'intérieur des cellules et les rongeurs qui courent dans les étages, a déclaré Carey Majid, directrice générale de l'agence.
Les plaintes concernant les conditions de détention à l'intérieur de la prison ne relèvent pas du mandat de la commission, qui a été créée pour faire appliquer la Loi sur les droits de la personne de la province. La loi traite de la discrimination fondée sur des motifs protégés, tels que la race, la nationalité et l'identité de genre.
Cependant, Mme Majid a ajouté que le personnel de la Commission des droits de la personne transmettrait les plaintes des détenus au représentant des citoyens de la province, qui agit à titre d'ombudsman à l'échelle de la province pour les personnes qui estiment avoir été traitées injustement par les bureaux et agences gouvernementales.
Lorsque cela est possible, la commission travaille avec le représentant des citoyens pour que les plaintes soient traitées, a-t-elle expliqué lors d'un récent entretien.
Mme Majid s'est rendue au pénitencier à plusieurs reprises. Elle s'est demandé si de nombreux détenus devaient être incarcérés, ajoutant qu'il en coûte plus cher de déférer une personne au système judiciaire que de lui fournir les services sociaux qui auraient pu l'empêcher d'aller en prison au départ.
«Il suffit de penser à l'aide juridique, aux juges, aux frais (d'incarcération), aux frais de police, a-t-elle énuméré. Et ce dont cette personne a vraiment besoin, c'est d'un soutien en matière de santé mentale et d'un logement de qualité, stable et sûr, ou d'un soutien en matière de toxicomanie.»