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«Je me sentais sale, j’avais honte et je voulais juste disparaître.»
Le procès civil intenté contre Gilbert Rozon par neuf présumées victimes d'agression sexuelle a repris mercredi matin au palais de justice de Montréal avec le témoignage de son ex-belle-soeur.
Avertissement: cet article comprend des détails choquants qui pourraient ne pas convenir à tous les lecteurs.
Martine Roy fait partie du recours entrepris par les neuf présumées victimes réclamant 14 millions de dollars. Pour sa part, elle réclame 1,35 million de dollars au magnat déchu de l’humour québécois.
Lors de son témoignage dans la matinée, la soeur de Danielle Roy – ex-conjointe de Gilbert Rozon pendant 30 ans – a raconté deux événements qui l'auraient traumatisé dans les années 1990.
En juillet 1993, Gilbert Rozon aurait tenté d'embrasser Martine Roy dans un hôtel de Québec, alors qu'ils étaient en pleine discussion.
«Je ne le connaissais pas», a-t-elle dit, en racontant que l'accusé l'aurait rejoint dans sa chambre dans un «état triste» et dans un état d'ébriété. «Je m’assois à côté de lui. Je le prends en pitié. Il me prend le bras pour essayer de me tirer vers lui et tente de m’embrasser.»
Par la suite, Mme Roy l'aurait repoussé et lui aurait demandé de quitter la chambre, chose qu'il aurait faite, d'après son témoignage.
«J’étais très surprise», a-t-elle précisé à la barre. «Je ne pouvais pas croire qu’il essayait de faire ça, surtout qu’il savait ce que j’avais vécu avec le premier mari de ma sœur.»
Martine Roy soutient qu'elle était très inquiète et inconfortable après cet événement, survenu alors qu'elle travaillait occasionnellement comme chauffeur pour des artistes de Juste pour Rire. «J’étais vraiment fâchée et j’avais peur», a-t-elle affirmé lors de son témoignage mercredi.
Mais, M. Rozon ne se serait pas arrêté à cet événement. Martine Roy allègue qu'il l'aurait violée dans une loge du Musée Juste pour rire à Montréal, cette fois en 1995.
«Il a barré la porte. Il a mis la main sur moi, a baissé mes culottes et m’a pénétré. Ç’a été très rapide et il a quitté», a-t-elle confié au tribunal jeudi matin, en disant qu'elle aurait crié et répondu «non, ça fait mal».
Lors de son témoignage, Mme Roy a comparé ce qu'elle aurait vécu à un cauchemar. «Je me sentais sale, j’avais honte et je voulais juste disparaître», a-t-elle dit.
Par la suite, elle serait restée dans la salle de bain pendant une demi-heure pour se laver. Elle disait avoir eu peur de tomber enceinte et savait que Rozon avait de l'herpès.
Après les événements allégués, Martine Roy a été congédiée du Musée Juste pour rire. Elle a affirmé lors de son témoignage que les conséquences de ce présumé viol ont été importantes dans sa vie, notamment sur son estime de soi et dans ses relations intimes.
D'après son témoignage, elle aurait reçu des diagnostics de stress post-traumatique, de dépression et d’anxiété en 2014. Mais, ce n'est qu'en décembre 2017, elle aurait décidé de porter plainte à la police contre l'accusé dans la foulée du mouvement #MoiAussi. En 2018, la femme connue pour son implication auprès de la communauté LGBTQ2S+ l'aurait dénoncé cette fois publiquement, après avoir entendu son présumé agresseur dire dans les médias que toutes les femmes étaient des menteuses.
«Ça a fait monter la colère en moi. Je ne connais aucune de ces femmes, mais toutes leurs histoires me ressemblaient», a-t-elle avoué au tribunal. «Tout avait été fait au travail à Juste pour Rire ou autour de ça.»
À la barre, Mme Roy a expliqué aussi qu'elle était inquiète pour les autres jeunes femmes autour de M. Rozon, qui a toujours été – selon elle – méchant et irrespectueux avec sa famille.
M. Rozon devrait témoigner devant le tribunal vers la mi-février. Rappelons qu'en décembre dernier, l'animatrice Julie Snyder avait témoigné contre l'accusé. Un total de 77 personnes, dont les neuf présumées victimes, doivent témoigner à ce procès, qui durera jusqu'à la fin mars devant la juge Chantal Tremblay de la Cour supérieure du Québec.