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«Si je dénonçais Rozon, ma carrière était finie.»
L'animatrice Julie Snyder a témoigné jeudi dans le cadre du procès civil intenté contre Gilbert Rozon par neuf présumés victimes qui réclament 14 millions de dollars.
Avertissement: cet article comprend des détails choquants qui pourraient ne pas convenir à tous les lecteurs.
Mme Snyder ne fait pas partie du recours entrepris par neuf victimes qui réclament 14 millions de dollars au magnat déchu de l’humour québécois.
Lors de son témoignage, l'animatrice est revenu à ses débuts de carrière et sur comment elle a rencontré Gilbert Rozon.
«Tout le monde connaissait Gilbert Rozon», a-t-elle raconté jeudi en salle de cour. «Je l’avais croisé comme ça à travers des tournages, mais je n'avais jamais été manger avec lui.»
À l'époque, elle dit avoir a été invitée à couvrir la première de Michel Courtemanche à Paris, en 1991. Après l'événement, des amis lui auraient proposé d'aller faire du ski et de séjourner à l'appartement de fonction de Juste pour rire. Rozon n'était pas présent dans l'appartement durant les premiers jours, selon son témoignage.
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Un soir, elle l'aurait croisé dans l'appartement. Elle dit en avoir profité pour le remercier avant de retourner dans sa chambre. «Je me suis endormie assez tard parce que j’ai la mauvaise habitude de ne pas me remettre du décalage», a-t-elle confié au tribunal. «J'ai senti une très forte pression derrière moi. J’étais endormie.»
Lorsqu'elle aurait ouvert les yeux, Mme Snyder - qui était âgée de 23 ans à l'époque - a raconté qu'elle a vu une main sur sa poitrine et aurait senti des coups dans son dos.
«J’ai eu peur que quelqu'un soit entré dans l’appartement», a-t-elle dit au tribunal. «Quand je me suis retournée, j'ai éprouvé un soulagement parce que ce n’était pas un criminel avec un couteau et je n'allais pas mourir.»
Selon son témoignage, Rozon l'aurait pénétrée sans son consentement alors qu'elle était endormie.
«Quand j’ai compris que ce n'était pas quelqu'un qui s’était couché dans la mauvaise chambre, j'ai compris que c’était ça qu’il y avait dans mon pyjama», a-t-elle ajouté lors de son témoignage. «J’ai été chanceuse que mon instinct de survie embarque.»
Après avoir trouvé une excuse pour sortir de la pièce, Mme Snyder aurait quitté l'appartement et aurait couru dans la rue. «J'ai couru ma vie comme j’ai jamais couru», a-t-elle dit.«Je me suis dit: "t’es dehors, t’es en sécurité, plus besoin de courir". Il m’a agressé, mais je me suis sauvée du reste.»
Après les événements, l'animatrice aurait trouvé refuge chez d'autres amis et ne leur aurait rien raconté.
Lors de son témoignage, elle a expliqué qu'à l'époque elle ne pensait même pas à déposer plainte contre son présumé agresseur et ressentait plutôt de la honte face à ce qu'il se serait passé. «J’avais honte de le dire, j’étais gênée», a-t-elle confié. «Si je dénonçais Rozon, ma carrière était finie et j’étais une étoile montante [au moment des faits allégués].»
«C’était impensable pour moi», a-t-elle lâché.
Ce n'est qu'en 1998, Julie Snyder a décidé de se confier à un collègue et ami Louis Noël. «C’est un soir que je ne feelais pas, je me suis confiée à lui, parce que la seule personne qui [était]discrète dans le milieu, c’était lui», a-t-elle mentionné. «J’étais une femme peureuse avant l’agression, je le suis devenue davantage après l’agression.»
De son côté, Gilbert Rozon poursuit pour diffamation Julie Snyder pour des propos tenus à l'émission La Semaine des 4 Julie. Il lui réclame 450 000 $.
Un total de 77 personnes, dont les neuf présumées victimes, doivent témoigner à ce procès, qui durera jusqu'à la fin mars devant la juge Chantal Tremblay de la Cour supérieure du Québec.