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Justice

Début du procès pour agressions sexuelles d'anciens joueurs d'Équipe Canada junior

Le procès devrait durer environ huit semaines.

/ La Presse canadienne

Elle a estimé n'avoir d'autre choix que d'accepter de faire ce qu'un groupe de joueurs de hockey lui avait ordonné, dans une chambre d'hôtel de London, en Ontario, il y a près de sept ans. C'est ce qu’ont déclaré les procureurs à un tribunal ontarien lundi, alors que s'ouvrait le procès pour agression sexuelle mettant en cause cinq hockeyeurs. 

La femme, qui avait 20 ans à l'époque, avait rencontré Michael McLeod plus tôt dans la soirée dans un bar où lui et plusieurs autres membres de l'équipe canadienne de hockey junior s'étaient rendus après un gala, a relaté la procureure Heather Donkers au tribunal.

Elle était sortie au bar avec des amis et avait bu environ huit verres avant de repartir avec McLeod, a continué Mme Donkers. Ils se sont rendus dans sa chambre d'hôtel et ont eu des relations sexuelles, a indiqué la Couronne, précisant que cette rencontre ne faisait pas partie du procès.

Peu après, alors que la femme était nue sous les couvertures, McLeod a commencé à inviter d'autres personnes dans la chambre, a poursuivi la procureure. Il a envoyé un texto à ses coéquipiers dans un groupe de discussion, demandant si quelqu'un souhaitait participer à un «plan à trois» et partageant son numéro de chambre, et a contacté d'autres personnes dans le couloir, a allégué la Mme Donkers.

Plusieurs actes sexuels ont eu lieu au cours des heures suivantes. Bien que la plaignante devrait témoigner qu'elle n'a ni refusé ni opposé de résistance physique, elle a estimé devoir se plier aux exigences des hommes, a expliqué la procureure.

«Lorsqu'elle se trouvait dans cette chambre d'hôtel, à 20 ans, en état d'ébriété, et qu'un groupe d'hommes imposants qu'elle ne connaissait pas se parlaient comme si elle n'était pas là, et qu'ils ont commencé à lui dire de faire certaines choses, elle n'avait pas le sentiment d'avoir le choix», a déclaré Heather Donkers.

Les accusés plaident non coupables

Les jurés, qui évaluent l'affaire d'agression sexuelle mettant en cause Michael McLeod, Carter Hart, Alex Formenton, Dillon Dube et Callan Foote, entendent pour la première fois lundi les allégations détaillées contre les cinq joueurs.

Les cinq accusés, qui faisaient partie d'Équipe Canada junior en 2018, ont tous plaidé non coupables d'agression sexuelle.

McLeod a également plaidé non coupable à une accusation supplémentaire de participation à l'infraction d'agression sexuelle.

ATTENTION: Les paragraphes suivants contiennent des éléments explicites susceptibles de choquer certains lecteurs.

Dans ses remarques d'introduction au jury, la procureure Heather Donkers a allégué que chacun des joueurs s'était livré à des actes sexuels avec la femme sans son consentement, et que McLeod avait encouragé ses coéquipiers à le faire, sachant que la femme n'avait pas consenti.

McLeod, Hart et Dube sont accusés d'avoir obtenu une fellation de la femme sans son consentement et Dube est également accusé de lui avoir giflé les fesses alors qu'elle se livrait à un acte sexuel avec une autre personne.

Formenton aurait eu des rapports sexuels vaginaux avec la plaignante sans son consentement dans les toilettes. Foote aurait fait le grand écart sur le visage de la jeune femme et s'y serait frotté les parties génitales sans son consentement.

La Couronne allègue que McLeod l'a également pénétrée vaginalement sans son consentement à la fin de la soirée.

Les joueurs n'ont pris aucune mesure pour s'assurer d'un «consentement affirmatif», a allégué la Couronne. «Au lieu de cela, ils ont simplement fait ce qu'ils voulaient.»

Réduite à «faire semblant»

Certains témoins devraient raconter qu'à certains moments de la nuit, la femme a proposé des actes sexuels ou demandé si quelqu'un allait avoir des relations sexuelles avec elle, a prévenu Mme Donkers.

La plaignante devrait déclarer qu'elle «acceptait les désirs des hommes (…) parce qu'elle était ivre, mal à l'aise et qu'elle ne savait pas ce qui se passerait si elle faisait autre chose», a expliqué la procureure.

La femme a tenté de quitter la pièce à plusieurs reprises, mais les hommes l'ont persuadée de rester et elle s'est retrouvée à «faire semblant» pour passer au travers de la nuit, a soutenu Mme Donkers.

Il pourrait arriver que les jurés aient du mal à comprendre ce que pensait et faisait la plaignante face à la «situation inattendue» dans la chambre d'hôtel, a déclaré la procureure. Mais l'affaire ne porte pas sur la façon dont les jurés pensent qu'ils agiraient ou sur la façon dont ils pensent que quelqu'un devrait agir dans ces circonstances, a-t-elle ajouté.

Selon Heather Donkers, l'affaire porte plutôt sur le consentement et sur la question de savoir si la plaignante «a volontairement accepté de se livrer à chaque acte sexuel au moment où il s'est produit».

Le procès devrait examiner deux courtes vidéos de la plaignante prises par McLeod vers la fin de la soirée, dans lesquelles elle affirme que les faits étaient consensuels, a précisé Mme Donkers. La Couronne entend faire valoir que ces vidéos ne constituent pas une preuve de son consentement.

Le tribunal devrait également entendre que McLeod a envoyé un texto à la femme après le signalement de l'incident à la police, lui demandant ce qu'elle pouvait faire pour «faire disparaître l'incident», a déclaré la poursuite.

La Couronne a annoncé qu'elle prévoyait de présenter des preuves d'une conversation de groupe impliquant les cinq accusés et d'autres membres de l'équipe, au cours de laquelle ils ont discuté de la concordance de leurs récits de cette soirée.

Dube et Foote auraient également appelé certains coéquipiers pour leur demander de ne pas mentionner ce qu'ils avaient fait lors de leurs discussions cette nuit-là, a indiqué la Couronne.

Lundi également, le tribunal a visionné une vidéo de sécurité du bar où la plaignante et des joueurs se trouvaient, plus tôt dans la soirée. Les jurés ont été libérés tôt lundi afin de leur donner le temps de voter aux élections fédérales. Le procès doit reprendre mardi.

/ La Presse canadienne