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La Russie a renouvelé son assaut mercredi contre la deuxième plus grande ville d'Ukraine dans un assaut qui a illuminé l'horizon avec des boules de feu au-dessus des zones peuplées.
La majeure partie du monde s’est alignée contre la Russie à l’Organisation des Nations unies (ONU) mercredi pour exiger qu’elle se retire de l’Ukraine, alors que les forces militaires russes bombardaient de nouveau la deuxième plus grande ville du pays, en plus de menacer sa capitale et assiéger ses ports stratégiques.
La Russie a détaillé ses pertes militaires pour la première fois depuis le début de l’invasion la semaine dernière, affirmant que près de 500 de ses soldats avaient été tués et près de 1600 autres avaient été blessés. L’Ukraine a insisté sur le fait que les pertes de la Russie étaient bien plus élevées, mais n’a pas immédiatement révélé les siennes.
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Des émissaires d’Ukraine et de Russie devraient se rencontrer jeudi au Bélarus pour une deuxième ronde de pourparlers visant à mettre fin aux combats. Mais il semblait y avoir peu de terrain d’entente entre les deux parties.
Sept jours après l’invasion de la Russie, l’ONU a déclaré que plus de 870 000 personnes avaient fui l’Ukraine dans une crise croissante des réfugiés sur le continent européen. Le chef de l’agence de surveillance nucléaire de l’ONU a pour sa part averti que les combats représentaient un danger pour les 15 réacteurs nucléaires ukrainiens.
NOOVO INFO EN POLOGNE – @LouisPhilippeB est sur place pour rapporter les conséquences de l’invasion russe en Ukraine, alors que des milliers de personnes fuient la guerre et les bombardements. Suivez ses reportages sur Noovo Le Fil dès aujourd’hui et sur https://t.co/N9B5XpJrqN. pic.twitter.com/tigUGATLwv
— Noovo Info (@NoovoInfo) March 2, 2022
Rafael Grossi, de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a noté qu’il s’agit de «la première fois qu’un conflit militaire se produit dans les installations d’un grand programme nucléaire établi», et il s’est dit «gravement préoccupé».
«Quand il y a un conflit en cours, il y a bien sûr un risque d’attaque ou la possibilité d’un coup accidentel», a-t-il déclaré. La Russie a déjà pris le contrôle de la centrale déclassée de Tchernobyl, théâtre en 1986 de la pire catastrophe nucléaire au monde.
Le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergueï Lavrov, a rappelé au monde le vaste arsenal nucléaire du pays lorsqu’il a mentionné dans une entrevue à Al-Jazeera qu’«une troisième guerre mondiale ne pouvait être que nucléaire».
À New York, l’Assemblée générale des Nations unies a voté pour exiger que la Russie arrête son offensive et retire immédiatement toutes ses troupes, les puissances mondiales et les petits États insulaires condamnant Moscou. Le vote a été de 141 contre 5, avec 35 abstentions.
Les résolutions de l’Assemblée ne sont pas juridiquement contraignantes, mais peuvent refléter et influencer l’opinion mondiale.
Le vote a eu lieu après que l’assemblée de 193 membres a convoqué sa première session d’urgence depuis 1997. Les pays qui ont pris la parole pour la Russie comprenaient le Bélarus, Cuba, la Corée du Nord et la Syrie.
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L’ambassadeur ukrainien à l’ONU, Sergiy Kyslytsya, a déclaré que les forces russes «sont venues sur le sol ukrainien, non seulement pour tuer certains d’entre nous (...) elles sont venues pour priver l’Ukraine du droit même d’exister».
«Les crimes sont si barbares qu’il est difficile de comprendre.»
Pendant ce temps, la Russie a frappé sur Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine avec environ 1,5 million d’habitants, lors d’une autre série d’attaques aériennes qui ont détruit des bâtiments et illuminé l’horizon avec des boules de feu. Au moins 21 personnes ont été tuées et 112 ont été blessées au cours de la journée écoulée, a déclaré Oleg Sinehubov, chef de l’administration régionale de Kharkiv.
Un fragment de roquette gît sur le sol à côté du bâtiment du Service de sécurité ukrainien après une attaque à la roquette à Kharkiv, la deuxième plus grande ville d'Ukraine, le mercredi 2 mars 2022. | Crédit photo - Andrew Marienko pour l'Associated Press
Plusieurs avions russes ont été abattus au-dessus de Kharkiv, selon Oleksiy Arestovich, un haut conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
«Kharkiv est aujourd’hui le Stalingrad du 21e siècle», a déclaré M. Arestovich, évoquant ce qui est considéré comme l’un des épisodes les plus héroïques de l’histoire russe, la défense durant cinq mois de la ville contre les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale.
Des pompiers à l'oeuvre après une attaque à la roquette à Kharkiv | Crédit photo - Andrew Marienko pour l'Associated Press
«La ville est unie et nous tiendrons bon», a déclaré depuis son bunker, le maire de Kharkiv, Igor Terekhov, à la BBC.
Des attaques russes, dont beaucoup avec des missiles, ont fait sauter le toit du bâtiment de cinq étages de la police régionale de Kharkiv et ont incendié le dernier étage. Elles ont également touché le siège du renseignement et un bâtiment universitaire, selon des responsables, ainsi que des vidéos et des photos publiées par le service d’urgence de l’État ukrainien. Les responsables ont déclaré que des bâtiments résidentiels avaient également été touchés, mais n’ont donné aucun détail.
L’Ukraine s’est également retrouvée menacée sur d’autres fronts: un long convoi de chars russes et d’autres véhicules militaires de 65 km de long se tenait à l’extérieur de Kiev, la capitale, et les envahisseurs russes ont lancé leur assaut sur les villes portuaires stratégiques de Kherson et Marioupol.
Un haut responsable américain de la défense, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a affirmé que le convoi blindé semblait bloqué à environ 25 kilomètres de Kiev et n’avait fait aucun progrès réel au cours des deux derniers jours. Selon lui, il a été en proie à des pénuries de carburant et de nourriture et a fait face à une résistance ukrainienne féroce.
Les services d’urgence ukrainiens ont signalé que plus de 2000 civils ont été tués. Cela n’a pas pu être vérifié de manière indépendante.
Un porte-parole du ministère russe de la Défense, le général de division Igor Konashenkov, a donné les chiffres des pertes militaires de son camp, contestant comme de la «désinformation» les statistiques faisant état de pertes beaucoup plus élevées. Le dirigeant ukrainien a affirmé que près de 6000 soldats russes avaient été tués.
M. Konashenkov a également déclaré que plus de 2870 soldats ukrainiens avaient été tués et environ 3700 blessés, tandis que plus de 570 avaient été capturés.
Dans la ville de Tchernihiv, dans le nord du pays, deux missiles de croisière ont touché un hôpital, selon l’agence de presse ukrainienne UNIAN, qui a cité le chef de l’administration de la santé, Serhiy Pivovar, disant que les autorités s’efforçaient de déterminer le nombre de victimes.
Dans la ville assiégée de Marioupol, au moins un adolescent est mort et deux autres ont été blessés par des bombardements apparemment russes. Les familles des garçons ont relaté à l’Associated Press que l’attaque avait eu lieu alors qu’ils jouaient au soccer près d’une école.
Le ministère britannique de la Défense a indiqué que Kharkiv et Marioupol étaient encerclés. Kherson était également sous pression, mais il y avait des rapports contradictoires quant à savoir qui contrôlait le secteur.
Le maire de Marioupol, Vadym Boychenko, a déclaré que les attaques y avaient été impitoyables.
«Nous ne pouvons même pas sortir les blessés des rues, des maisons et des appartements aujourd’hui, puisque les bombardements ne s’arrêtent pas», a-t-il témoigné, cité par l’agence de presse Interfax.
Des ambulanciers déplacent une civière avec un homme blessé par le bombardement dans un quartier résidentiel à Marioupol. | Crédit photo - Evgeniy Maloletka
Mardi, la Russie avait bombardé la place centrale de Kharkiv – où au moins six personnes auraient été tuées – et frappé la principale tour de télévision de Kiev, où les autorités ont annoncé la mort de cinq personnes. Le mémorial de l’Holocauste Babi Yar, situé à proximité de Kiev, a également été la cible de tirs, mais le monument principal n’a pas été endommagé.
Les pourparlers annoncés inspiraient de l’espoir, bien que les débouchés possibles demeurent inconnus. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a déclaré que les exigences de la Russie n’avaient pas changé et qu’il n’accepterait aucun ultimatum.
La Russie a subi un nouveau coup dur et s’est retrouvée encore plus isolée économiquement avec l’annonce d’Airbus et de Boeing. Elles ont décidé de couper les pièces de rechange et le support technique aux compagnies aériennes du pays. Les jets Airbus et Boeing représentent la grande majorité de la flotte de passagers de la Russie.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a reconnu que la punition économique mondiale était sans précédent, mais a déclaré que Moscou était prête à toutes sortes de sanctions.
«Nous avons de l’expérience dans ce domaine. Nous avons traversé plusieurs crises», a-t-il soutenu.
Jim Heintz, Yuras Karmanau, Vladimir Isachenkov et Dasha Litvinova