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«Si vous êtes braves, bienvenue à Lviv», lance le maire Andriy Sadovy, en étendant les bras pour montrer sa magnifique ville.
Les dirigeants ukrainiens le disent: l'une des plus belles façons d'appuyer l'économie de leur pays mise à mal par l'invasion russe, c'est de venir le visiter, malgré les dangers que cela représente.
«Si vous êtes braves, bienvenue à Lviv», lance le maire Andriy Sadovy, en étendant les bras pour montrer sa magnifique ville.
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Le maire a rencontré La Presse Canadienne dans son bureau à l'hôtel de ville, au cœur de la vieille ville.
L'endroit est relativement sûr comparativement au reste du pays. Les rues sont illuminées par les lumières scintillantes provenant des entrées des boutiques indépendantes et des restaurants animés. Des gens déambulent devant les édifices néo-gothiques et de la Renaissance.
Crédit photo: The Associated Press
Cette charmante vision est interrompue par les signes de la guerre que l'on remarque à tous les coins de rue. L'alarme aérienne sonne presque tous les jours, même si la population y prête moins d'attention. Le couvre-feu a été imposé en vertu de la loi martiale, venant étouffer légèrement la vie nocturne.
Les monuments sont entourés de sacs en jute, placardés et protégés par des obstacles antichars contre d'éventuels obus ennemis. Des sacs de sable sont entreposés le long des fenêtres des caves afin de pouvoir servir d'abris. L'armée a installé des points de contrôle aux entrées de la ville.
En ce dimanche ensoleillé de février, sur la rue principale près de l'opéra de Lviv, un garçon joue à un jeu de carnaval. Il tire sur une photographie du président russe, Vladimir Poutine, avec un fusil-jouet très réaliste.
Malgré les vœux du maire, la municipalité ne peut pas encourager ouvertement les touristes à venir en Ukraine. Il n'existe aucune garantie les prémunissant contre un missile russe, reconnaît Khrystyna Lebed, qui dirige l'office de tourisme local.
Le gouvernement canadien met en garde les Canadiens contre la tentation de se rendre en Ukraine à cause des dangers occasionnés par l'invasion russe. Les assurances-voyages sont difficiles à obtenir et coûtent très cher.
«Cela peut sembler étrange, mais nous invitons les tourismes qui n'auraient pas peur, dit le pdg d'une compagnie ferroviaire, Oleksandr Pertsovsky. L'économie est en difficulté et le tourisme pourrait devenir une source de revenus.»
M. Pertsovskyi convient que c'est au visiteur de décider s'il se sent assez à l'aise avec le danger. Il souligne que se rendre en Ukraine pourrait être une des meilleures façons pour les Canadiens d'appuyer l'effort de guerre.
«Nous croyons que dès que la situation se stabilisera un tant soit peu, les gens, et les Canadiens en particulier, pourront venir visiter au moins l'ouest de l'Ukraine», souligne-t-il.
Sa compagnie a même créé un itinéraire scénique pour les touristes allant de la Moldavie à Kyiv nommé «Le Train de la victoire». Chaque train est décoré de façon à représenter un territoire occupé par l'armée russe.
L'Office de tourisme de Lviv a réalisé des efforts pour souligner le relatif faible nombre d'attaques à la roquette dans la région par rapport aux autres secteurs du pays, pour indiquer que la ville est située loin des fronts, à environ une distance égale à celle entre Montréal et Washington.
L'agence signale aussi que les hôtels ont leurs propres abris antiaériens.
Le maire Sadovy assure que la population a trouvé des façons innovatrices pour s'adapter aux difficiles circonstances. Ils portent en eux «une résilience, une bravoure et un immense amour de la mère patrie».
Quand les Russes ont détruit les infrastructures énergétiques, les restaurants et les hôtels ont acheté des génératrices pour poursuivre leurs activités. On peut les apercevoir le long des trottoirs, à l'extérieur de presque toutes les entreprises du cœur de la ville.
De nouveaux restaurants ont ouvert leurs portes dans diverses caves de la ville. Certains établissements sont gérés par des restaurateurs des territoires occupés qui refont leur vie à Lviv.
«Chaque jour, nous avons une nouvelle idée pour démontrer notre résilience», raconte M. Sadovy, qui est maire depuis 17 ans.
Il dit avoir consulté d'autres centres touristiques de pays ayant déjà été confrontés à la guerre, comme la Croatie ou Israël, sur l'art de bien équilibrer l'envie d'attirer des touristes avec les considérations de sécurité liées à la guerre.
Et en échange, ces endroits peuvent aussi tirer des leçons de Lviv. «Aujourd'hui en Ukraine, nous avons des cas très uniques. Notre exemple est très intéressant pour plusieurs maires dans différents pays», avance M. Sadovy.
Et tous ceux qui viennent à Lviv sont «les invités» du maire.
Un an après le début de la guerre, la majorité des touristes viennent des autres régions de l'Ukraine et veulent s'offrir une brève évasion, constate Mme Lebed.
Des Ukrainiens ayant quitté leur domicile, des journalistes internationaux, des travailleurs humanitaires et des délégations politiques venant de pays étrangers, contribuent aussi à l'économie de la ville.
Et le nombre de ses touristes étrangers croît de semaine en semaine.
«[Leur appui est] sans prix», souligne Mme Lebed.