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La proposition de Trump illustre à quel point les droits reproductifs sont devenus centraux dans l'actuelle course à la pr
La promesse du candidat républicain à la présidence américaine de promouvoir la fécondation in vitro (FIV) en obligeant les compagnies d’assurance ou le gouvernement fédéral à payer pour les traitements est en contradiction avec les actions d’une grande partie de son propre parti.
L'annonce surprenante de Donald Trump faite jeudi révèle cependant que l’ancien président a pris conscience que les positions du Parti républicain sur l’avortement et les droits reproductifs pourraient constituer un énorme handicap dans ses chances de revenir à la Maison-Blanche.
Donald Trump a rapidement essayé de recadrer le discours autour de ces questions après l’entrée de la vice-présidente Kamala Harris dans la course à la présidence.
Même avant de faire sa proposition, il avait promu l’idée que le Parti républicain était un «leader» en matière de FIV. Cette affirmation est rejetée par les démocrates, qui considèrent que le traitement de fertilité est une autre dimension des droits reproductifs menacés par les républicains et un deuxième mandat de M. Trump.
«Les républicains ne sont pas des leaders en matière de FIV», a soutenu Katie Watson, professeure d’éthique médicale à la l'École de médecine Feinberg de l'Université Northwestern. «Certains d’entre eux ont représenté une menace pour la FIV, et ils essaient maintenant de comprendre comment être contre l'avortement et pro-FIV, et il existe des incohérences et des luttes internes à ce sujet. Il semble que les républicains se précipitent pour réparer les dommages politiques résultant de leurs propres choix.»
La proposition de Donald Trump, qu’il a annoncée sans fournir de détails, illustre à quel point les droits reproductifs sont devenus centraux dans l'actuelle course à la présidence. C’est aussi le dernier exemple en date de la tentative de l’ancien président de paraître modéré sur la question, bien qu’il se soit vanté à plusieurs reprises d’avoir nommé les trois juges de la Cour suprême qui ont contribué à annuler le droit constitutionnel à l’avortement.
Alors que le Parti républicain s'efforce de faire croire qu'il est réceptif à la fécondation in vitro, de nombreux républicains se retrouvent aux prises avec un dilemme: appuyer la procédure ou les lois adoptées par leur propre parti qui accordent le statut de personne juridique non seulement aux fœtus, mais aussi à tous les embryons détruits au cours du processus de fécondation in vitro.
Les efforts de communication ont également été sapés par les législateurs des États, les tribunaux dominés par les républicains et les leaders pro-vie au sein du parti, ainsi que par l’opposition aux tentatives législatives visant à protéger l’accès à la FIV.
Avant la Convention nationale républicaine de juillet, le parti a adopté une plateforme politique qui soutient les États qui accordent une protection égale devant la loi à tous les citoyens américains en vertu du 14e amendement de la Constitution. Le programme appuie également la FIV, mais n’explique pas comment le parti prévoit d'y arriver tout en encourageant les lois sur la personnalité du fœtus qui rendraient le traitement illégal.
En mai, le comité de la plateforme du Parti républicain du Texas a rejeté de justesse une proposition visant à classer les embryons créés par FIV comme des «êtres humains» et à qualifier leur destruction d’«homicide».
Un projet de loi visant à élargir l’accès à la FIV, quant à lui, a été adopté en Californie jeudi, malgré l’opposition de presque tous les législateurs républicains.
La sénatrice Tammy Duckworth, une démocrate de l’Illinois qui a partagé son propre parcours de FIV au Sénat et a coparrainé un projet de loi visant à protéger le traitement, a critiqué les républicains pour avoir déclaré qu’ils soutenaient la FIV lors de leur campagne, mais n’ont pas soutenu cette idée par leurs votes.
Elle a ajouté que les juges de la Cour suprême nommés par Donald Trump ont «ouvert la voie» à la chute de l'arrêt Roe v. Wade et aux conséquences sur les droits reproductifs, y compris l’accès à la FIV.
«Les républicains qui prétendent publiquement soutenir la FIV sont absurdes», a-t-elle dit à l’Associated Press.
La question a fait irruption sur la scène politique nationale en février après que la Cour suprême de l’Alabama, entièrement républicaine, a accordé aux embryons congelés les droits légaux des enfants. Cette décision a forcé les cliniques de l’Alabama à suspendre leurs traitements de FIV, ce qui a dévasté les gens qui tentent de devenir parents.
Peu de temps après, le gouverneur républicain de l’Alabama a signé une loi protégeant les médecins de toute responsabilité légale afin que les procédures de FIV puissent se poursuivre.
Dans les semaines qui ont suivi la décision de l’Alabama, les républicains du Congrès se sont précipités pour aborder la FIV. Beaucoup ont rapidement envoyé un message unifié de soutien malgré les votes en faveur des lois sur la personnalité du fœtus et l’argument selon lequel la vie commence à la conception, le même concept qui a mené à la décision de l'État de l’Alabama.
«La réalité est que vous ne pouvez pas protéger la FIV et défendre la personnalité du fœtus, car ces deux éléments sont fondamentalement incompatibles. Le peuple américain ne se laissera pas tromper par un autre mensonge de Donald Trump», a affirmé à l’Associated Press la sénatrice démocrate Patty Murray.
Les sénateurs républicains Katie Britt et Ted Cruz ont présenté cette année un projet de loi visant à interdire aux États de recevoir des fonds de l'assurance-maladie Medicaid s’ils interdisent la procédure. Mais cela est arrivé après que les républicains du Sénat ont bloqué une loi qui aurait fait de la FIV un droit fédéral. Tous les républicains, à l’exception des sénatrices Lisa Murkowski d’Alaska et Susan Collins du Maine, ont voté contre la mesure.
«Il n’est pas facile pour un législateur républicain de dire qu’il est pour la FIV et de le penser de manière directe et concrète sans mettre en colère beaucoup d’électeurs», a souligné Mary Ruth Ziegler, professeure à la faculté de droit de l’Université de la Californie.
Un sondage AP-NORC réalisé en juin a révélé que plus de six adultes américains sur 10 sont favorables à la protection de l’accès à la FIV, dont plus de la moitié des républicains, et que seulement un sur 10 environ y est opposé.
Mais de nombreux groupes antiavortement et certains législateurs s’opposent à ce traitement, notamment plusieurs membres du Freedom Caucus, un parti de droite, qui se sont opposés à l’élargissement de l’accès à la FIV aux anciens combattants.
Au moins 23 projets de loi visant à établir la personnalité du fœtus ont été introduits dans 13 États jusqu’à présent au cours de cette session législative, selon le Guttmacher Institute, un groupe de recherche qui soutient le droit à l’avortement.
Ces législations proposées par des républicains sont basées sur l’idée que la vie commence à la fécondation et pourrait mettre en péril les traitements de fertilité qui impliquent le stockage, le transport et la destruction des embryons.