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Les consommateurs peuvent s’attendre à ce que certains prix grimpent à l’épicerie, mais pas sur tous les produits.
Maintenant que le Canada et les États-Unis sont en guerre commerciale, les consommateurs peuvent s’attendre à ce que certains prix grimpent à l’épicerie, mais pas sur tous les produits, et pas tous en même temps.
Après que le président américain Donald Trump a décrété des droits de douane radicaux sur les produits canadiens mardi, le Canada a réagi en imposant ses propres droits de douane sur une large gamme d’importations américaines.
Ces produits comprennent des articles alimentaires, comme le jus d’orange, le beurre d’arachide, l’alcool et le café.
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Gary Sands, de la Fédération canadienne des épiciers indépendants, affirme que les magasins reçoivent déjà des demandes d’augmentation de prix de la part de certains de leurs fournisseurs; les consommateurs peuvent donc «s’attendre à voir ces augmentations dans un avenir rapproché», au moins pour certains produits.
«Dès que ces augmentations de prix sont présentées au détaillant, il les répercutera sur le consommateur», a-t-il indiqué.
L'augmentation des coûts prend généralement plusieurs semaines pour se répercuter sur le prix en épicerie, a-t-il précisé, mais certains produits, comme les fruits et légumes, sont sujets à des fluctuations plus fréquentes.
La porte-parole de Loblaw, Catherine Thomas, a assuré que les Canadiens ne verront pas immédiatement l’impact des droits de douane.
«Nous nous attendons à une grande variété de délais en fonction du type de produit, du niveau actuel des stocks et de la capacité à trouver des solutions de rechange», a-t-elle expliqué dans un courriel.
La première série de droits de douane de rétorsion imposés par le Canada sur les importations américaines est stratégique, se concentrant sur les produits qui peuvent être plus facilement remplacés par des articles canadiens ou provenant d'autres pays, comme la volaille et le jus d’orange, a avancé Mike von Massow, professeur et économiste au Collège d’agriculture de l’Ontario à l’Université de Guelph.
«C’est une façon d’infliger des souffrances aux États-Unis tout en minimisant celles du Canada», a-t-il ajouté.
Une fois que la deuxième série de droits de douane de rétorsion du Canada entrera en vigueur plus tard ce mois-ci, les effets seront probablement plus prononcés à l’épicerie.
Les aliments pour lesquels le Canada dépend davantage des États-Unis, comme les fruits frais durant l’hiver, sont plus difficiles à remplacer, a prévenu M. von Massow.
«Je m’attends à ce que les fruits et légumes frais que nous achetons des États-Unis, particulièrement pendant les mois d’hiver, augmentent de prix si le Canada impose des droits de douane sur ces produits.»
Ottawa a indiqué que la deuxième série inclurait les fruits et légumes, le bœuf, le porc et les produits laitiers.
Le gouvernement cherche à connaître l’opinion des entreprises, des actionnaires et des Canadiens sur les répercussions de l’application de droits de douane sur les biens qui pourraient y être inclus.
Un autre facteur qui menace d'être inflationniste à court terme est le dollar canadien, a prévenu M. von Massow.
Il s’attend à ce que le huard s’affaiblisse et, si cela se produit, les prix des produits importés augmenteront.
L’impact inflationniste des droits de douane dépend également de la part des stocks des épiciers provenant des États-Unis.
Les plus grands épiciers du Canada — Loblaw, Empire et Metro — affirment que les entreprises font tout ce qu’elles peuvent pour atténuer l’impact des droits de douane, notamment en faisant appel à des fournisseurs canadiens ou internationaux.
Loblaw a affirmé que moins de 10 % de son approvisionnement provenait des États-Unis — principalement des fruits et légumes — tandis qu’Empire, propriétaire de Sobeys, a noté qu’environ 12 % de ses ventes en magasin provenaient de produits américains.
«Étant donné nos efforts pour trouver des solutions de rechange aux fournisseurs américains au cours des 30 derniers jours, nous nous attendons à ce que ce chiffre diminue», a écrit la porte-parole d’Empire, Karen White-Boswell, dans un courriel.
Toutefois, de nombreux produits fabriqués au Canada dépendent d’ingrédients provenant des États-Unis, ce qui signifie que les changements à la frontière pourraient se faire sentir par ces fournisseurs aussi.
Les fournisseurs tentent de trouver d'autres options, mais ils ne peuvent pas effectuer ces changements du jour au lendemain, a expliqué Michael Graydon, PDG de Produits alimentaires, de santé et de consommation du Canada.
L’emballage pose entre autres un défi.
«Une bonne partie des emballages utilisés dans la fabrication canadienne provient des États-Unis, a indiqué M. Graydon. C’est problématique dans tous les secteurs, il n'y a pas de doute.»
Certains fabricants ont essayé d'obtenir un approvisionnement supplémentaire avant l'arrivée des droits de douane, a indiqué M. von Massow. Il s'attend à ce que la fenêtre de 21 jours avant la deuxième série de droits de douane y contribue.
À l'heure actuelle, de nombreux produits alimentaires figurant sur la liste sont plus des ingrédients que des produits finis, a noté M. Graydon.
«La plupart sont des choses comme le chocolat, le café et ce genre de choses qui sont davantage basées sur des ingrédients, des noix, des fruits. Je pense donc que nous verrons un certain impact inflationniste du point de vue des coûts des intrants manufacturiers.»
M. Graydon a soutenu qu’il pourrait y avoir un certain temps avant que les droits de douane ne se fassent sentir, d’autant plus que les représailles plus larges n’interviendront pas avant trois semaines.
«Il faudra probablement attendre la mi-mai avant que ces coûts ne commencent à se répercuter dans le système, je pense.»
Cependant, Loblaw et Metro ont déclaré qu’ils examineraient les demandes d’augmentation de prix des fournisseurs plus rapidement que d’habitude.
Dans certains cas, les tarifs américains sur les produits canadiens pourraient en fait faire baisser les prix de certains produits, a souligné M. von Massow. Si la demande de biens des importateurs américains diminue, cela entraînera une offre excédentaire, a-t-il expliqué.
Un effet similaire pourrait se produire sur les produits importés du Mexique, si les producteurs de ce pays constatent une baisse de la demande des États-Unis, a-t-il ajouté.
«Si la demande d’avocats diminue parce qu’ils sont 25 % plus chers aux États-Unis, ces avocats continueront d'entrer sur le marché, et leur prix pourrait donc baisser au Canada.»