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Plus de 5400 plaintes ont été déposées auprès du Commissariat des langues officielles l’an dernier.
Le discours unilingue du PDG d’Air Canada et la nomination de la gouverneure générale qui ne maîtrise pas le français ont causé un «raz de marée» de plaintes auprès du Commissariat des langues officielles l’an dernier.
Ainsi, 5409 plaintes ont été déposées l’an dernier, indique le Commissaire Raymond Théberge dans son rapport déposé mardi.
"RAZ DE MARÉE de 5 409 plaintes recevables au Commissariat aux langues officielles", dit Raymond Théberge @CLOduCanada dans son rapport
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) June 7, 2022
2 680 plaintes: discours en anglais du PDG d’Air Canada
1 346 plaintes: gouverneure générale qui parle pas français#noovoinfo
La majorité concerne la nomination par Ottawa de Mary Simons au poste de Gouverneure Générale et le discours «in English only» du président-directeur général d’Air Canada, Michael Rousseau, devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. «Plusieurs centaines d’autres manquements à la Loi sur les langues officielles qui n’ont pas nécessairement fait les manchettes» ont également été enregistrées.
«Le message vient d'en haut, l'exemple vient d'en haut», a insisté le commissaire Raymond Théberge en conférence de presse.
De toutes les plaintes reçues et jugées recevables, 3047 ont été faites depuis le Québec. Ce sont 1778 plaintes qui ont été effectuées depuis la région de la capitale nationale en Ontario.
Les plaintes concernant l’unilinguisme des dirigeants d’organisation soumises à la Loi sur les langues officielles provoquent un «sentiment d’injustice chez de nombreux francophones», indique le Commissaire.
De telles nominations peuvent également «laisser croire» que la maîtrise du français représente «un obstacle à la valorisation de la diversité et à une véritable réconciliation avec les peuples autochtones», a-t-il ajouté en citant l’exemple de la nomination de la gouverneure générale.
Selon M. Théberge, il s’agit d’«une erreur» que de nommer des personnes à des postes d’autorités qui ne maîtrisent pas la langue de Molière.
Le @CLOduCanada juge sévèrement le gouvernement sur l'échec de l'immigration francophone, qui fait reculer le poids des francophones au pays.
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) June 7, 2022
>DEPUIS 19 ANS, le fédéral RATE la cible de 4,4% d'immigration francophone en dehors du Québec.#noovoinfo #francophonie pic.twitter.com/UWDxZHksx2
M. Théberge recommande à l’un des comités parlementaires d’étudier «les obligations linguistiques dans la dotation des postes de la haute gestion dans la fonction publique fédérale» ainsi que les «nominations du gouverneur en conseil afin de déterminer si la connaissance des deux langues officielles doit être un critère d’embauche pour ce type de postes», indique-t-on dans le rapport.
Il a déclaré souhaiter que les résultats de cette réflexion soient intégrés dans le projet de loi C-13, qui modernise la Loi sur les langues officielles, afin de la rendre «plus robuste».
Le commissaire Théberge a indiqué qu’il réfléchit à la possibilité de suggérer que le premier ministre du Canada soit assujetti à la Loi sur les langues officielles et qu’il communiquera prochainement le fruit de sa réflexion lors d’une comparution en comité parlementaire.
Pressée de questions dans le foyer de la Chambre des communes, la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a systématiquement évité de dire si elle croit que le bilinguisme devrait être une exigence pour les hauts fonctionnaires ou pour le premier ministre.
«C’est pour moi très important, m’assurer que nous allons tout faire pour protéger et promouvoir notre langue», a-t-elle répondu.
La ministre a expliqué que le gouvernement Trudeau veut donner aux «superviseurs» les outils pour qu’ils puissent communiquer en français et en anglais et que c’est la raison pour laquelle le Conseil du Trésor évalue la formation offerte aux employés.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a pour sa part déclaré que c’est «une incohérence» que le gouvernement permette à des fonctionnaires supérieurs de ne pas avoir une maîtrise minimale des deux langues officielles.
«C’est de dire “on va dire une chose, puis on va en faire une autre” », a-t-il déclaré.
Pour le chef bloquiste, bien qu’il «va de soi» que le premier ministre devrait être bilingue, le vote des électeurs «c’est comme un étage au-dessus», si bien qu’«il n’existe pas d’autorité ou de jugement supérieur» au leur.
Les conservateurs ont pour leur part soutenu dans une déclaration écrite que les plaintes touchent des «enjeux sur lesquels le gouvernement refuse d’agir».
Leur porte-parole en matière de langues officielles, Joël Godin, a ajouté que le gouvernement «agit contre l’intérêt des langues officielles», par exemple en nommant une lieutenante-gouverneure unilingue au Nouveau-Brunswick.
La nomination de la gouverneure générale devrait également faire partie de cette étude, selon le commissaire, puisque le bilinguisme est «extrêmement important» à tous les niveaux.
«Si on fait des exceptions, le message qu'on donne, c'est qu'il y a une langue qui est plus importante que l'autre», a-t-il résumé.
Il est également que la ministre des langues officielles rappelle aux institutions fédérales leurs obligations en vertu de la partie VII de la Loi sur les langues officielles, soit celle qui traite de la promotion du français et de l’anglais et qui vise à favoriser l’épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire au pays.
Les plaintes relatives à l'absence de francophones au conseil d'administration du Canadien National (CN) n'ont pas été comptabilisées dans ce rapport annuel.
Voyez les explications d'Étienne Fortin-Gauthier au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Michel Behrer :