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Les PFAS, des produits chimiques répandus dans l'environnement, posent plusieurs risques pour notre santé.
Deux causes récentes devant les tribunaux américains ont attiré l’attention sur les risques pour la santé des PFAS, une gamme de produits chimiques surnommés «polluants éternels» omniprésents dans notre environnement.
Utilisés dans une foule de produits du quotidien depuis les années 50, les PFAS (substances polyfluoroalkylées et perfluoroalkylées) pourraient bientôt être interdits en Europe, tandis que le Canada tarde à adopter un règlement restreignant davantage leur utilisation.
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Inventés dans les années 50, les PFAS sont des produits chimiques synthétiques notamment reconnus pour leurs propriétés antiadhésives et imperméables. Ils sont utilisés pour fabriquer une foule d’items, des vêtements de sport aux cosmétiques, en passant par le papier avec lequel les chaînes de restauration rapide emballent leurs burgers. Ce sont aussi eux qui ont fait la renommée des poêles Teflon, en empêchant la nourriture d’y adhérer.
Regroupant plus de 4000 molécules, les PFAS doivent leur surnom de «polluants éternels» au fait qu’ils se dégradent très lentement et ont tendance à s’accumuler dans l’environnement, explique Sébastien Sauvé, professeur en chimie de l’environnement à l’Université de Montréal.
Aujourd’hui, «il y en a partout, partout», résume M. Sauvé. «Dans l’eau, dans le sol, même dans le lait.»
Or, on sait que ces produits chimiques posent des risques pour la santé. Selon Santé Canada, les PFAS sont associés à un risque accru de plusieurs cancers, en plus d’affecter le foie, entre autres.
Mais l’une des inquiétudes les plus importantes sur les PFAS, surtout dans le contexte pandémique actuel, est liée à leur effet sur le système immunitaire et sur la réponse aux vaccins. «On observe que ça prend de très petites concentrations dans le corps pour voir une diminution de la réponse aux vaccins», explique M. Sauvé.
La marque de culottes menstruelles Thinx a récemment dû payer 4 millions de dollars pour régler une action collective intentée contre elle aux États-Unis. La compagnie était accusée d’avoir induit ses clients en erreur en présentant ses produits comme «naturels et non-toxiques», alors que des analyses en laboratoire ont permis de détecter des quantités importantes de PFAS.
Toujours aux États-Unis, une autre action collective a été intentée contre Coca-Cola, alléguant que son jus d’orange Simply Orange, lui aussi étant annoncé comme «pur et naturel» contiendrait des quantités importantes de ces produits chimiques. Encore une fois, ce qu’on reproche à l’entreprise est une publicité qui serait trompeuse. L’accusation n’est pas que le produit est particulièrement nocif pour la santé.
«C’est très possible que les PFAS soient “naturellement présents” dans ce jus, comme dans beaucoup d’autres, parce qu’on en trouve partout dans l’environnement, incluant dans l’eau», note M. Sauvé.
Mi-janvier, cinq pays européens ont proposé de restreindre de façon importante les PFAS au sein de l’Union européenne. La proposition, préparée par le Danemark, la Suède, la Norvège, les Pays-Bas et l’Allemagne, a notamment reçu l’appui du gouvernement français. La France vient d’ailleurs de présenter son Plan d’action sur les PFAS, pour s’attaquer entre autres à la contamination des cours d’eau.
Au Canada, la vente et la fabrication de trois sous-groupes de PFAS sont interdites, mais de nombreuses exceptions persistent.
Le gouvernement fédéral a déposé en mai dernier une proposition de règlement pour restreindre davantage les usages encore permis de ces PFAS. Dans un courriel à Noovo Info, Environnement et Changement climatique Canada a affirmé que le règlement final devrait être publié vers la fin de l’année, et entrerait en vigueur six mois plus tard.
Mais selon Sébastien Sauvé, le Canada doit aller encore plus loin. Il craint que l’industrie se tourne vers d’autres sous-groupes de molécules similaires, les PFAS à courtes chaînes, qui ne sont pas touchés par la réglementation canadienne à l’heure actuelle.
«On a moins de données toxicologiques sur les PFAS à courtes chaînes, explique Sébastien Sauvé. Ce n’est pas nécessairement qu’ils posent moins de risques, c’est qu’on a moins de données pour le dire.» Si les molécules faisant partie de ce sous-groupe ont moins tendance à se bioaccumuler, elles sont toutefois beaucoup plus difficiles à retirer dans l’environnement, prévient le chercheur.
«Il faut restreindre de façon plus large la famille des PFAS, réclame-t-il. Si on souhaite autoriser certains PFAS pour certains usages, qu’on mette le fardeau sur l’industrie de démontrer qu’ils sont sécuritaires.»