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Une lettre envoyée à des parents de la Montérégie pour souligner l'embauche d'un prof non binaire suscite de nombreux commentaires haineux sur les réseaux sociaux.
L'embauche d'une enseignante non binaire dans une école de Richelieu en Montérégie a suscité de nombreuses réactions à la suite de la publication sur les réseaux sociaux de la missive envoyée aux parents mercredi.
Dans cette lettre, la direction invite les parents et élèves à utiliser le terme «Mx» (se prononce Mix) pour désigner l'enseignante qui ne se décrit comme ni femme, ni homme. La directrice devait rencontrer les élèves pour la rentrée officielle en matinée pour leur expliquer la façon de procéder et aussi pour parler d'ouverture, d'inclusion et d'appellation des genres.
Dans cette missive on peut notamment lire: «Mx est un titre de civilité qui est l'équivalent non genré ou neutre des titres de civilité "madame" et "monsieur", et est employé entre autres pour désigner les personnes non binaires (dont l'identité de genre se situe en dehors du système binaire (homme/femme), ou les personnes qui préfèrent tout simplement qu'on ne réfère pas à leur genre lorsqu'on s'adresse à elles. Il est utilisé depuis plusieurs années dans de nombreux pays et est reconnu par le gouvernement du Canada.»
La publication de cette lettre sur Facebook a engendré un tsunami de réactions négatives, au point où la direction de l'école a été forcée d'appeler la police. La Régie de police Richelieu-Saint-Laurent a même dépêché des policiers autour des écoles pour la rentrée officielle. Les propos seront analysés de près et des accusations criminelles pourraient suivre, a précisé l'agent Jean-Luc Tremblay de la Régie de police en entrevue à Noovo Info.
«Certains des propos étaient de nature à faire craindre l'établissement par leur agressivité», a indiqué l'agent Tremblay. «Nous, notre travail là-dedans, c'est de voir à travers ces différents échanges lesquels sont de nature à constituer une infraction criminelle. Il y en a beaucoup qui sont inadéquats, impolis, pas gentils comme on pourrait dire, mais certains pourraient être de nature criminelle».
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Aux yeux de la directrice du Centre des services scolaires (CSS) des Hautes-Rivières, Marie-Claude Huberdeau, cette crise se situe à l’extérieur de l’école, alors que les réactions des parents ont été davantage des questionnements.
«Je trouve déplorable de constater qu’en 2023 il y ait encore autant d’intolérance et de fermeture», a lancé Mme Huberdeau à Noovo Info, jeudi.
De son côté, Marie-Josée Faby, une collègue de «Mx» à l’école Curé-Martel ne comprend pas la réaction de la population face à la décision de l’enseignante non binaire.
«Chacun a le droit d’être ce qu’il veut. Personne ne peut décider de l’orientation ou des décisions des personnes. Ça ne rend pas l’enseignant bon ou moins bon», a-t-elle souligné.
La professeure de deuxième année ajoute les enfants sont plus ouverts d’esprit que certains adultes. «Tout ça fait déjà partie de leurs mœurs. Pour eux, il n’y a pas de problème. Il faut vivre et laisser vivre.»
La chargée de programmes chez Fondation Émergence, formatrice en inclusion des personnes LGBTQ+ en milieu de travail, Olivia Baker, réitère que l’identité non binaire est reconnue légalement au Canada.
«À la place du M ou F, il est possible d’y retrouver un X. Ça peut également passer par des pronoms. Au lieu de dire Mme, on va dire Mx», a-t-elle mentionné.
Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, a été invité à réagir à cette affaire alors qu'il était de passage en Estrie pour l'inauguration d'écoles à Granby. D'entrée de jeu, il a appelé la population au calme.
«Les insultes et les menaces n'ont pas leur place, jamais, dans un aucun contexte, pour aucune raison», a-t-il statué. «On se calme, là. Il n'y a pas de raison de commencer à insulter, pis à intimider, pis à menacer qui que ce soit».
Le ministre avoue avoir été décontenancé par cette affaire. Il invite la population à la réflexion: «Dans la vaste majorité des écoles que je visite, les enseignantes, enseignants et le personnel scolaire se font appeler par monsieur et madame; et cette appellation, elle va rester.»
Réuni en caucus avec ses députés à l'Université Laval, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a quant à lui condamné le titre «Mx», tout en appelant au respect des personnes non binaires.
«Chacun a droit au respect. [...] Maintenant, moi, il n'y a personne qui va me contraindre à appeler quelqu'un d'autre ''Mx''. Je n'ai jamais entendu parler de ''Mx''. La langue française, les conventions sociales ne peuvent pas être imposées par une personne», a-t-il dit.
«Je n'ai jamais utilisé le mot ''Mx'', je n'ai pas l'intention de l'utiliser», a renchéri M. St-Pierre Plamondon.
Le chef conservateur Éric Duhaime a quant à lui proposé que l'enseignante en question se fasse tout simplement appeler par son prénom. «Le wokisme entre à pleine porte dans les garderies et les écoles. Le CAQ ne fait absolument rien pour ramener le gros bon sens», a-t-il affirmé.
Avec des informations de la Presse canadienne.