Début du contenu principal.
«Les Vénézuéliens et le monde entier savent ce qui s'est passé.»
Au Venezuela, l'opposition et le gouvernement du président sortant Nicolás Maduro se retrouvent dans une impasse, alors que les deux camps ont revendiqué la victoire lors du scrutin présidentiel tenu dimanche.
Plusieurs gouvernements étrangers, dont celui des États-Unis, ont attendu avant de reconnaître les résultats, puisque les responsables électoraux du Venezuela ont retardé la publication du décompte détaillé des votes.
Initialement, le Conseil électoral national, qui est contrôlé par les loyalistes de M. Maduro, avait annoncé que M. Maduro avait obtenu 51 % des voix, contre 44 % pour le diplomate à la retraite Edmundo González.
«Les Vénézuéliens et le monde entier savent ce qui s'est passé», a dénoncé M. González.
Depuis Tokyo, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a affirmé que les États-Unis étaient «sérieusement préoccupés par le fait que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou les votes du peuple vénézuélien».
Gabriel Boric, le leader de gauche du Chili, a déclaré: «Le régime de Maduro devrait comprendre que les résultats qu’il a publiés sont difficiles à croire.»
Pendant ce temps, dans les rues de Caracas, un mélange de colère, de larmes et de bruits de casseroles a accueilli l'annonce des résultats.
«Ce n'est pas possible.C'est une humiliation.»
Les électeurs se sont alignés avant l’aube pour voter, dimanche, renforçant ainsi l’espoir de l’opposition qu’elle était sur le point de briser l’emprise de M. Maduro sur le pouvoir.
Les résultats officiels ont donc été un choc pour les membres de l’opposition qui avaient célébré, en ligne et devant quelques bureaux de vote, ce qu’ils considéraient comme une victoire écrasante de M. González.
La cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, a quant à elle soutenu que la marge de victoire de M. González était «écrasante», se fondant sur des résultats obtenus par la campagne auprès de représentants répartis dans environ 40 % des bureaux de vote.
Les autorités ont retardé la publication des résultats de chacun des 30 000 bureaux de vote du pays, promettant de ne le faire que dans les «heures à venir», entravant ainsi les tentatives de vérification des résultats.
M. González était un porte-étendard improbable pour l'opposition. Diplomate à la retraite, l'homme de 74 ans était inconnu jusqu'à ce qu'il soit choisi en avril à la dernière minute pour remplacer Mme Machado. La Cour suprême du pays, qui est contrôlée par M. Maduro, avait alors empêché Mme Machado d'être candidate pour tout poste public pendant 15 ans.
Le retard dans l’annonce du vainqueur — survenu six heures après la clôture prévue du scrutin — démontre un profond débat au sein du gouvernement sur la manière de procéder après que les opposants de M. Maduro se sont manifestés tôt dans la soirée en criant presque la victoire.
Après avoir finalement revendiqué la victoire, M. Maduro a accusé des «ennemis étrangers» d’avoir tenté de pirater le système électoral.
«Ce n'est pas la première fois qu'ils tentent de violer la paix de la république», a-t-il déclaré devant quelques centaines de partisans présents au palais présidentiel. Il n’a fourni aucune preuve pour étayer ses affirmations, mais a promis «justice» à ceux qui tentent d’attiser la violence au Venezuela.
Le résultat de l'élection aura des répercussions dans toute l’Amérique, les opposants et les partisans du gouvernement signalant leur intérêt à se joindre à l’exode des 7,7 millions de Vénézuéliens qui ont déjà quitté leur pays si M. Maduro remportait un nouveau mandat de six ans.
Les autorités ont fixé l'élection de dimanche pour coïncider avec ce qui aurait été le 70e anniversaire de l'ancien président Hugo Chávez, le vénéré fervent de gauche décédé d'un cancer en 2013, laissant sa révolution bolivarienne entre les mains de M. Maduro.
Mais M. Maduro et son Parti socialiste unifié du Venezuela sont plus impopulaires que jamais parmi de nombreux électeurs qui accusent leur politique de détruire les salaires, d'attiser la faim, de paralyser l'industrie pétrolière et de séparer les familles en raison de l'immigration.
L’opposition a réussi à s’aligner derrière un seul candidat après des années de divisions au sein du parti et de boycottages électoraux qui ont torpillé ses ambitions de renverser le parti au pouvoir.
Mme Machado a été empêchée par la Cour suprême contrôlée par M. Maduro de se présenter à un poste public pendant 15 ans. Ancienne députée, elle a remporté les primaires de l'opposition en octobre avec plus de 90 % des voix.
Après avoir été empêchée de participer à la course à la présidentielle, elle a choisi un professeur d'université comme remplaçant, mais le Conseil électoral national lui a également interdit de se présenter. C'est alors que M. González, un nouveau venu en politique, a été choisi.
Le Venezuela se trouve au sommet des plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde et possédait autrefois l'économie la plus avancée d'Amérique latine. Mais il est entré en chute libre lorsque M. Maduro a pris la barre.
La chute des prix du pétrole, les pénuries généralisées et l’hyperinflation, qui a dépassé les 130 000 %, ont d’abord conduit à des troubles sociaux, puis à une émigration massive.
Les sanctions économiques imposées par les États-Unis visant à forcer M. Maduro à quitter le pouvoir après sa réélection en 2018 n’ont fait qu’aggraver la crise.