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Les épisodes de reprises de logements, de rénovictions ou de pressions indues afin de mettre un terme à un bail ont augmenté de 150% cette année au Québec, selon les données compilées par le RCLALQ.
Les épisodes d'«évictions forcées» ou de reprises de logements, de rénovictions ou de pressions indues afin de mettre un terme à un bail ont augmenté de 150% cette année au Québec, selon les données compilées par le Regroupement des comités logements et association de locataire du Québec (RCLALQ).
On indique au moins 3110 cas en 2022 comparativement à 1243 l'an dernier, la plus forte «hausse jamais enregistrée» dans la compilation annuelle du regroupement, qui regroupe 58 organismes à l'échelle de la province.
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Le RCLAQ, qui compile ses données à partir d'articles de journaux, d'informations provenant du Tribunal administratif du logement et de personne ayant communiqué avec l'organisme, affirme que le nombre d'«évictions forcées» a augmenté de 508% (de 93 à 566) au total dans les villes et régions hors de Montréal, dont Valleyfield, Beauharnois, la Rive-Sud de Montréal et de Québec, Brome-Missisquoi, Granby et Appalaches-Beauce Etchemin.
Crédit image | RCLAQ
Pour la métropole et la Ville de Québec, les cas auraient doublé.
Le RCLALQ soutient que ce sont les locataires les moins fortunés qui sont la plupart du temps victimes d'«évictions forcées» et que les résultats de ces épisodes «frauduleux et malveillants» ont pour effet d'augmenter l'itinérance, la détresse psychologique et diminue l'espérance de vie.
L'organisme s'inquiète par ailleurs que le bilan dressé cette année ne soit que la «pointe de l'iceberg», affirmant que les ressources afin de recueillir des données dans certaines régions manquent.
«Les ménages locataires les plus défavorisés sont particulièrement ciblés par ces opérations spéculatives. Ces ménages locataires sont démunis face à de puissants investisseurs immobiliers qui violent la loi en toute impunité», déplore Martin Blanchard, co-porte-parole du RCLALQ.
On regrette qu'il n'existe à l'heure actuelle aucune mesure de vérifier l'authenticité des reprises, évictions ou travaux majeurs au Québec. «Cette pratique est devenue monnaie courante et fait partie d’une véritable stratégie d’investissement pour maximiser les profits», ajoute M. Blanchard.
Le phénomène des évictions est intimement lié à la spéculation immobilière, a fait savoir Cédric Dussault, également co-porte-parole du RCLALQ, lors d'une conférence de presse virtuelle mardi. «Au cours des dernières années, la crise du logement et la spéculation immobilière ont progressé et se sont répandues partout dans la province. Logiquement, le nombre d’évictions forcées a suivi», précise M. Dussault.
Le RCLALQ interpelle donc la nouvelle ministre de l’Habitation du Québec, France-Hélène Duranceau, et demande une modification à la législation afin que tous les «projets de reprise, d’éviction et de travaux majeurs» obtiennent une autorisation des tribunaux. On désire aussi que ces projets fassent l’objet d’un suivi dans l’année suivant leurs commencements.
L'organisme souhaite aussi l'interdiction «des projets de reprise et ceux menant à l’éviction des ménages locataires, lorsque le taux d’inoccupation des logements locatifs est sous le seuil d’équilibre du marché de 3 %».
On milite aussi pour l'instauration d'un contrôle des loyers et un registre des loyers afin d'empêcher les tactiques menant à une hausse des coûts pour les locataires.