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La firme Glencore pense arriver à réduire les émissions d’arsenic dans l’air de l’usine à Rouyn-Noranda jusqu’à 15 nanogrammes par mètre cube d’ici l’été 2027. Les représentants ne savent pas encore quelle sera l’implication financière du gouvernement.
La Fonderie Horne pense arriver à réduire ses émissions d’arsenic dans l’air à Rouyn-Noranda jusqu’à 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d’ici l’été 2027, en vertu d’un plan d’action en trois volets alimenté par un investissement total d’un peu plus de 500 millions $.
Au moment de s’adresser aux médias, les représentants de Glencore ne savaient pas quelle serait l’implication financière du gouvernement du Québec dans ce plan d’action. «Nous n’en sommes qu’aux balbutiements du projet», a dit Claude Bélanger, chef des opérations de cuivre de Glencore en Amérique du Nord, admettant toutefois que des discussions avec le palier politique provincial «sont en cours».
Les représentants de Glencore, l’entreprise qui opère la fonderie de cuivre, estiment que 84% du périmètre de Rouyn-Noranda verra sa quantité d’arsenic dans l’air tomber à 3 ng/m3 grâce au plan, dont 480 millions $ serviront à la modernisation des installations.
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«La Fonderie Horne deviendra une des fonderies de cuivre émettant le moins d’émissions polluantes au monde», a lancé Claude Bélanger en dévoilant le projet qui concerne l’arsenic, mais aussi l’ensemble des émissions de l’établissement. Actuellement, avec l'autorisation du gouvernement québécois, la Fonderie Horne peut émettre 33 fois la norme provinciale d'arsenic dans l'air ambiant de Rouyn-Noranda.
L'entreprise fait les manchettes depuis plusieurs mois maintenant alors qu'une multitude d'intervenants - citoyens, organismes, entreprises, autorités médicales et divers élus des différents paliers gouvernementaux - s'insurgent devant le haut taux de pollution dans l'air engendré par ses émissions atmosphériques.
Voyez le récapitulatif d'Anaïs Elboujdaini avec l'animatrice Sabrina Rivet au bulletin Noovo Le Fil 17 dans la vidéo.
«On comprend la situation, on veut vraiment réduire les émissions», a commenté Claude Bélanger. L’usine n’aura vraisemblablement pas le choix d’y arriver de toute façon : le gouvernement du Québec a confirmé en début de semaine qu'il allait exiger à la Glencore une nouvelle cible intérimaire pour réduire la quantité d’arsenic dans l’air à 15 ng/m3 à Rouyn-Noranda d’ici cinq ans, tout en préservant l’objectif ultime de 3 ng/m3 d’air dans le secteur, ce qui est en fait la norme provinciale.
La Fonderie Horne dit qu'elle atteindra à l'été 2027 15ng/m³ d'émission d'arsenic à l'issue d'investissements de plus de 500 millions de dollars #noovoinfo
— Anaïs Elboujdaïni (@AnaisElboujda) August 18, 2022
Marie-Élise Viger, première responsable en environnement chez Glencore, a cité le vent comme impact important sur les lectures d’émissions d’arsenic dans l’air à Rouyn-Noranda. Malgré cette intervention «naturelle», la représentante a souligné que les efforts de l’entreprise depuis les 10 dernières années ont déjà permis de réduire les émissions polluantes de la Fonderie Horne, principalement à l’aide d’ajouts en infrastructure.
Mais le plan de Glencore ne place aucun objectif à long terme pour respecter dans sa totalité la norme provinciale d’émission de 3 ng/m3 dans la ville abitibienne.
«La Fonderie Horne deviendra une des fonderies de cuivre émettant le moins d’émissions polluantes au monde», a lancé Claude Bélanger (au centre) en dévoilant le projet qui concerne l’arsenic, mais aussi l’ensemble des émissions de l’établissement. Crédit: Samuel Deschênes | Noovo Info
Le ministère de l’Environnement a demandé à Glencore d’atteindre la cible intérimaire de 15 ng/m3 «le plus rapidement possible». L’entreprise évalue que le volet de modernisation inclus dans le plan de réduction des émissions sera complété en 2026. Les deux autres volets du plan comprennent des améliorations transitoires (28 millions $) et de l’optimisation (12 millions $), qui se veut en fait la mise à jour d’installations actuelles.
«C’est le plus vite qu’on peut aller», a assuré Claude Bélanger.
À ce sujet, le premier ministre François Legault a réagi en marge d'un point de presse dans les Laurentides.
«Il faut regarder ce qui est possible techniquement», a indiqué le premier ministre en ajoutant que «l'objectif au Québec demeure 3 nanogrammes, maintenant, à 15 nanogrammes, la santé publique dit que c'est sécuritaire».
La majorité des intervenants en matière environnementale, dont la députée de Québec solidaire, Émilise Lessard-Therrien, souhaitent que le délai de cinq pour atteindre la cible du 15 ng/m3 soit revu à la baisse. Les gens s'inquiètent grandement de la santé des habitants de Rouyn-Noranda, particulièrement de celle des femmes enceintes et des enfants à naître.
À VOIR | Récapitulatif d'Anaïs Elboujdaini avec l'animatrice Sabrina Rivet au bulletin Noovo Le Fil 17 dans la vidéo.
«Si la CAQ était ambitieuse et avait une once de courage politique, elle serait beaucoup moins complaisante avec la fonderie et on aurait bien mieux que 15ng d'ici 2027. Combien de sacrifices sur leurs santés les gens de Rouyn-Noranda devront faire ces cinq prochaines années à cause du laxisme de la CAQ?», a réagi la députée de Québec solidaire.
De son côté, le Parti vert du Québec souhaite la fermeture de la Fonderie Horne si elle n'est pas en mesure de se conformer aux normes québécoises en vigueur.
La Fonderie Horne, partie intégrante de Glencore Canada, est une usine métallurgique. Elle produit annuellement 210 000 tonnes de cuivre et de métaux précieux. Elle emploie plus de 650 personnes à son usine en Abitibi et on ne compte couper aucun poste malgré les changements prévus.
La Fonderie Horne annonce qu'elle mettra en place des améliorations transitoires jusqu'en 2026. Malgré la modernisation de l'usine, personne ne perdra son emploi. Ils sont environ 650 travailleurs à cette fonderie qui produit du cuivre.
— Anaïs Elboujdaïni (@AnaisElboujda) August 18, 2022
📸: @DeschenesSamuel pic.twitter.com/AknrK0Bv3L
Le cas de la Fonderie Horne, autorisée depuis des années à déroger aux normes d’émissions polluantes dans l’air et dans l’eau, n’est pas isolé: 89 entreprises bénéficient de dérogations similaires.
Ainsi, le gouvernement du Québec a signé des ententes pour permettre à des usines telles que celles de Cascades et de Rio Tinto Alcan d’opérer sans avoir à respecter des plafonds d’émissions polluantes. Cette liste a été fournie par le ministère de l’Environnement à Noovo Info, après sa publication par Radio-Canada.
Avec les informations de la Presse canadienne.