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Ce constat partagé découlerait entre autres d'une montée de la désinformation.
La crédibilité des médias québécois s'effrite aux yeux de la population, selon une nouvelle étude universitaire.
C'est du moins l'une des conclusions avancées dans une vaste enquête d'opinion menée conjointement par la professeure Marie-Ève Carignan de l'Université de Sherbrooke (UdeS) et par le professeur Marc-François Bernier de l'Université d'Ottawa (uOttawa).
L'étude réalisée en marge du Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer et pour les 50 ans du Conseil de presse du Québec révèle que «la crédibilité de tous les médias est à la baisse même si les personnes répondantes estiment encore de façon majoritaire, sauf pour Internet, que les choses se sont passées vraiment ou à peu près de la façon dont les médias les racontent». La télévision reste toujours le média le plus crédible aux yeux des répondants.
Ce constat partagé découlerait entre autres d'une montée de la désinformation.
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Plusieurs études mondiales mentionnent aussi que les médias et les journalistes font face à «un important déficit de crédibilité, de confiance et d'imputabilité».
Plus de 45% des personnes croient d'ailleurs qu'il arrive parfois ou souvent que les journalistes contribuent à créer et à diffuser de fausses nouvelles. Cette affirmation a été accentuée avec le traitement de certaines nouvelles, entre autres, durant la pandémie de COVID-19.
«Au sortir d'une pandémie qui a généré beaucoup de méfiance envers les différentes institutions, il nous semblait essentiel de créer une enquête qui nous permet de comprendre en profondeur le rapport du public québécois aux médias», a mentionné la professeure Marie-Eve Carignan, qui est aussi cotitulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violents.
Les personnes interrogées, indiquant avoir une plus grande méfiance envers les médias, sont plutôt de tendance politique affiliée au Parti conservateur du Québec, selon les données de l'étude.
En contrepartie, plus de 54% des gens qui connaissent un sujet traité dans une nouvelle soutiennent que les journalistes «font preuve d'exactitude dans les faits qu'ils rapportent».
D'après les résultats de l'étude, les médias traditionnels comme la radio, la télévision et les journaux sont ceux qui fournissent les informations les plus crédibles. Ce sont 76% des répondants qui estiment que les informations trouvées sur ces plateformes sont dignes de confiance.
Cependant, le tiers des répondants ne croit pas en «l'indépendance journalistique face aux partis politiques».
Près de 71% des personnes sondées soutiennent que les journalistes «laissent souvent ou parfois leurs préférences politiques influencer la façon dont ils rapportent les nouvelles». Plus de 40% d'entre eux ajoutent même que le financement public des médias d'information «incite les journalistes à être moins critiques des gouvernements». Une proportion similaire croit que le financement n'a aucune influence (38%).
Par ailleurs, le Conseil de presse du Québec n'a pas la cote auprès des Québécois. Rappelons que l'organisme privé à but non lucratif «oeuvre à la protection de la liberté de la presse et à la défense du droit du public à une information de qualité».
L'enquête bilingue des professeurs Carignan et Bernier a été menée auprès de 1 598 résidents du Québec en avril 2023.
Les réponses et les résultats obtenus dans l'étude serviront aussi comme pistes de réflexion pour «guider le développement des pratiques journalistiques».