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Des fraudeurs ont utilisé des photos et la véritable adresse d'une résidence pour hameçonner des individus en quête d'un logement sur les réseaux sociaux.
Certains individus mal intentionnés profitent de la crise du logement qui sévit à travers la province pour s'en mettre plein les poches. En effet, des personnes en quête d'une nouvelle adresse se voient détroussées de plusieurs centaines de dollars en effectuant un dépôt pour un logement qui, soit n'existe pas, soit n'est pas réellement à louer.
Le scénario est simple: un faux propriétaire publie des annonces en ligne, sur des sites tels que Kijiji ou sur les réseaux sociaux, comme Marketplace, en proposant de louer un logement. Une fois en contact avec sa victime potentielle, il lui demande, par transfert bancaire, un dépôt représentant le premier mois de loyer, et ce, pour réserver le logement ou tout simplement pour le visiter. Aussitôt le virement effectué et le candidat locataire détroussé, le faux propriétaire s'évanouit dans la nature.
À Granby, un individu a reçu plusieurs fois la visite impromptue de locataires potentiels pour sa maison... qui n'était pas à louer, rapportait récemment le quotidien «La Voix de l'Est». Des fraudeurs avaient en effet utilisé des photos de sa résidence et même sa véritable adresse pour hameçonner des individus en quête d'un logement sur les réseaux sociaux.
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Heureusement, les personnes intéressées n'avaient pas versé d'argent au propriétaire allégué des lieux avant de venir visiter l'endroit. Ce faisant, elles ont pu découvrir le pot aux roses avant d'être flouées.
Ça a aussi été le cas de Catherine Patry, qui aurait pu perdre jusqu'à 2000 $ si elle n'avait pas été vigilante. Le montant représentait le premier mois de loyer et une caution pour un logement de trois chambres et de deux salles de bain qui se situait dans le quartier Fleurimont, à Sherbrooke.
Mme Patry avait été mise en contact avec une certaine Denise après avoir publié sur les réseaux sociaux un avis de recherche pour une maison où les chiens étaient acceptés.
«C'est mon fils qui vous conduira dans l'appartement le jour de la visite et la signature du bail», écrivait la propriétaire en question, qui indiquait dans un échange de courriels se trouver en Californie pour son travail. Le fils en question demeurait à Rimouski, mais était prêt à faire la route pour faire visiter le logement.
«Vous devez apprêter le virement Interac avant que mon fils quitte Rimouski pour venir vous rencontrer. [...] Vous allez lui remettre les informations de sécurité lors de son arrivé [sic] à Sherbrooke», écrivait Denise, dans l'échange de courriels dont La Presse Canadienne a obtenu copie. La locatrice factice estimait que de réaliser la transaction constituait «une preuve parfaite» que Mme Patry était une personne sérieuse et honnête.
La fausse propriétaire alléguait que son fils s'était rendu à Sherbrooke la semaine précédente pour faire visiter son logement et que la personne intéressée ne s'était pas présentée. «Je ne veux pas avoir affaire à des plaisantins du net [sic] raison pour laquelle j'ai décidé de cette façon pour le paiement», avait ironiquement indiqué Denise.
Mise en garde par des amis qui trouvaient l'offre trop alléchante pour être vraie, Mme Patry a entre temps découvert que la maison était en vente et que les photos qu'elle avait reçues provenaient de la véritable annonce. Confrontée par la Sherbrookoise, Denise lui a indiqué avoir mis sa propriété sur le marché devant sa difficulté à la louer.
L'insistance de Mme Patry à vouloir lui parler au téléphone et à vouloir visiter la maison avant de verser un dépôt ont fait en sorte que Denise a rompu toute les communications avec elle. «Elle a toujours refusé de me parler de vive voix», confie la dame en entrevue.
Même si elle n'a pas perdu d'argent dans cette histoire, Mme Patry a vu sa cote de crédit affectée en sa défaveur puisqu'elle avait tenté d'obtenir un prêt pour financer le dépôt demandé. Cette histoire lui laisse un goût amer et elle a choisi de ne pas déménager.
Il n'y a donc pas que les propriétaires qui doivent vérifier les antécédents de leurs futurs locataires: l'inverse est aussi vrai.
Différents services de police de la province invitent donc les locataires à la vigilance, d'autant plus que la période de renouvellement des baux bat son plein.
Sur son site internet, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) indique que «les fraudeurs exigent de leurs victimes des dépôts d'un ou deux mois de loyer, soit des sommes de 500 $ à 1200 $, dépendamment des appartements».
Camille Savoie, porte-parole de la Sûreté du Québec, invite les locataires à la prudence lorsqu'ils communiquent avec un éventuel propriétaire en ligne, que ce soit pour un logement ou pour la location d'une résidence secondaire comme un chalet.
«N'hésitez pas à vous renseigner sur les personnes qui placent des annonces. Sont-elles légitimes? Louent-elles une propriété qui existe vraiment et qui est réellement disponible?», illustre-t-elle.
La policière invite aussi les internautes à observer une certaine réserve quant au partage de leurs informations personnelles dans le cadre de transactions en ligne.
En vertu du Code civil du Québec, il est illégal pour un propriétaire d'exiger un dépôt lors de la signature d'un bail. Un locateur ne peut exiger d'avance que le paiement du premier mois de loyer. Cette information devrait mettre la puce à l'oreille de plusieurs victimes potentielles, qui pourraient alors flairer l'arnaque avant d'être flouées.