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«Il faudra en faire plus pour améliorer les conditions dans les classes. [...] La réelle victoire sera atteinte quand l’école publique aura enfin les moyens d’accomplir sa mission et qu’on aura pas à passer un mois dans la rue à se priver de salaire.»
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a confirmé que l’entente de principe conclue avec le gouvernement Legault pour une nouvelle convention collective a été acceptée et sera vraisemblablement entérinée mais, «soyons très clairs, nous n'avons pas eu l’entente que les profs méritent», a déclaré la présidente Mélanie Hubert en conférence de presse à Montréal, lundi.
Pour être entérinée, l'entente de principe doit obtenir une double majorité, soit une majorité du suffrage exprimé par les membres, ainsi qu'une majorité des mandats donnés à ses syndicats. Chaque syndicat a plusieurs mandats, en fonction de son poids, du nombre de membres qu'il représente.
Le résultat sera confirmé officiellement par les délégations des syndicats affiliés lors du Conseil fédératif de négociation, a fait savoir la FAE. Celui-ci doit avoir lieu mercredi.
On ne reverra donc pas une grève générale illimitée des 65 000 membres de la FAE comme celle qui a partiellement paralysé le réseau québécois de l'éducation pendant près d'un mois à la fin de 2023, et «on peut quand même affirmer que l’entente de principe a été acceptée dans les règles», a convenu Mme Hubert. «On a fait un bout de chemin. Sinon on n’aurait pas reconnu qu’il y avait une entente de principe.»
Mais pour la FAE, «ce n’est pas une victoire en soi». Ce n’est pas une victoire, selon les membres, parce qu’il «faudra en faire plus pour améliorer les conditions dans les classes, mais surtout parce que la réelle victoire sera atteinte quand l’école publique aura enfin les moyens d’accomplir sa mission et qu’on n'aura pas à passer un mois dans la rue à se priver de salaire pour y arriver», a statué la présidente.
«Pendant 11 mois, nous avons travaillé à déconstruire les demandes patronales» pendant les négociations de convention collective, a dit Mme Hubert, et le jugement de la FAE est que le gouvernement Legault a négocié «serré». Il y a eu des améliorations malgré tout, constate la présidente, notamment en ce qui a trait à l'échelle salariale et au télétravail.
Désormais, le combat de la FAE est «celui de l'école publique», a dit Mme Hubert.
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.
Du côté de Québec, on a «entendu le message des enseignants», disait la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, la semaine dernière.
Mme LeBel a ajouté que le gouvernement bâtira sur les avancées réalisées pour continuer de travailler sur certains éléments, comme la composition de la classe. «Nous prenons acte du résultat et soulignons qu'il s'agit d'une entente négociée qui répond à des enjeux importants de part et d'autre: on vient améliorer les services, les conditions de travail, l'organisation du travail et les salaires», avait réagi Mme LeBel.
Le Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska (SEHY) a été le dernier, vendredi, à voter en faveur de l'entente de principe – de très peu. Le SEHY a révélé que tout juste plus de 50% de ses membres ont voté en faveur de l’entente de principe.
«Malgré l’adoption de l’entente de principe, le résultat envoie un message clair au gouvernement: cette entente n’est pas suffisante pour répondre aux besoins des enseignants et de leurs élèves», avait commenté Sophie Veilleux, présidente du SEHY, la semaine dernière.
Le Syndicat de l’enseignement des Seigneuries et le Syndicat de l’Enseignement de la région de Québec avaient forcé la tenue du vote ultime en se prononçant contre l’entente de principe dans une proportion de 58% et de 60%. Il s’est ajouté au Syndicat de l’enseignement des Seigneuries (58%) et au Syndicat de l’enseignement des Basse-Laurentides (72%) qui ont aussi voté contre.
Les autres syndicats ayant accepté l’entente de principe sont l’Alliance des professeur(e)s de Montréal, le Syndicat de l’enseignement de la Pointe-de-l’Île (SEPÎ), le Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais et le Syndicat de l’enseignement de l’Ouest de Montréal.
C’est dire que cinq syndicats ont approuvé l’entente alors que quatre autres l’ont rejetée. Les 3000 enseignants du SEHY se sont donc retrouvés avec la plus grande responsabilité, puisqu’ils avaient le pouvoir de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.
Pour ce qui est des critiques qui ont été adressées aux syndicats affiliés à la FAE, comme les assemblées des membres d'une durée de huit heures et les votes tenus en pleine nuit, Mme Hubert dit qu'il appartiendra aux syndicats d'en décider eux-mêmes. «Ce sont les règles des syndicats locaux. Ce n'est pas la fédération qui va imposer d'en haut. On fera le bilan.»
Par ailleurs, Mme Hubert a bien l'intention de terminer son mandat, qui prendra fin en juin 2025.
Avec de l'information d'Émeric Montminy et d'Alex Sauro pour Noovo Info, ainsi que de La Presse canadienne.