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Les Canadiens entendent parler depuis quelques mois de la propagation du virus H5N1, un virus de la grippe aviaire qui cause des ravages dans les élevages de volailles à travers le pays.
Les Canadiens entendent parler depuis quelques mois de la propagation du virus H5N1, un virus de la grippe aviaire qui cause des ravages dans les élevages de volailles à travers le pays.
Le virus est aussi présent à l'échelle mondiale. L'Organisation mondiale de la santé explique que, même si le H5N1 «se propage librement dans les oiseaux sauvages et la volaille depuis 25 ans», on rapporte maintenant plusieurs infections parmi les mammifères ― y compris des visons, des loutres, des renards et des lions de mer.
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On s'inquiète donc maintenant que les humains puissent être les prochains sur la liste, et l'OMS demande aux pays de resserrer la surveillance là où des «humains et des animaux d'élevage ou sauvages interagissent».
«Pour le moment, l'OMS estime que le risque pour les humains est faible, a récemment déclaré le patron de l'agence onusienne, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus.
«Depuis la première apparition du H5N1 en 1996, nous avons seulement constaté une transmission rare et non soutenue (du virus) aux humains et entre les humains, mais nous ne pouvons pas tenir pour acquis que cela sera toujours le cas et nous devons nous préparer pour tout changement au statu quo.»
La docteure Syra Madad, une épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses au Harvard Kennedy Belfer Center for Science and International Affairs, est d'accord.
«Je ne pense pas qu'il y ait lieu de trop s'inquiéter, mais c'est le moment d'être prudents, a-t-elle dit. Quand on parle d'un virus de la grippe aviaire très pathogène (...) c'est quelque chose qu'on doit prendre au sérieux. Il faut s'assurer que nous sommes prêts pour d'éventuels cas humains.»
Le H5N1 est une vaste famille de virus de l'influenza A, a expliqué le docteur Shayan Sharif, le doyen intérimaire de la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Guelph.
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Certains sont fortement pathogènes et d'autres le sont moins, ce qui décrit leur capacité à tuer les oiseaux ou à les rendre gravement malades.
Les inquiétudes en ce moment concernent le H5N1 fortement pathogène qui circule à travers le monde.
On l'appelle «grippe aviaire» parce qu'il infecte principalement les oiseaux.
«On dirait malheureusement que le virus prend un peu de vitesse concernant ce qu'il a fait jusqu'à présent et ce que nous prédisons qu'il pourrait faire à court terme, a dit le docteur Sharif. Il circule autour de la planète depuis quelques mois. Il a fait l'aller-retour au pays au moins deux fois.»
Il s'inquiète des nombreux cas de mammifères infectés à travers le monde et de ce que cela pourrait vouloir dire pour une éventuelle propagation aux humains.
«Quand on voit des mammifères mourir d'un virus de la grippe aviaire fortement pathogène, ce n'est pas bon signe, a-t-il dit. C'est quelque chose que je prendrais très au sérieux, extrêmement au sérieux.»
Quelques mammifères ont été infectés au Canada, mais aucune transmission entre mammifères n'a encore été constatée chez nous, a ajouté le docteur Sharif.
Oui ― mais les cas humains sont «très rares» et se sont produits chez des gens qui avaient été directement exposés à des animaux infectés, a dit l'OMS.
À l'échelle mondiale, des humains n'ont que rarement transmis le virus à d'autres humains, «sauf lors de contacts très, très étroits, ou s'il y avait une condition très spécifique pour la transmission», a récemment précisé la docteure Sylvie Briand, qui dirige le département de préparation mondiale aux risques épidémiques de l'OMS.
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Au Canada, l'Agence canadienne de santé publique a indiqué dans un courriel, la semaine dernière, qu'on a vu un seul cas humain «lié au voyage» en 2014.
«C'est le seul et unique cas de H5N1 rapporté au Canada à ce jour», a assuré l'agence.
Le H5N1 «n'est pas très transmissible» entre les humains parce que c'est un «virus zoonotique et donc le virus est très adapté aux animaux et non aux humains», a dit la docteure Briand.
Mais lorsque les humains sont infectés, «ils sont plus susceptibles d'être très malades», a-t-elle ajouté, et le taux de mortalité chez les humains est d'entre 30 et 50 %.
On a rapporté environ 860 infections humaines de H5N1 à travers le monde entre 2003 et 2021, selon la docteure Madad.
Même si ce taux de mortalité donne des frissons, elle souligne «qu'on ne sait tout simplement pas» si ce taux est précis puisque la plupart des cas ont été identifiés quand le patient a été suffisamment malade pour être hospitalisé. Cela peut vouloir dire que certaines infections moins graves ou asymptomatiques n'ont jamais été détectées, a dit la docteure Madad.
«Les personnes infectées par la grippe aviaire (H5N1) peuvent devenir malades rapidement», peut-on lire sur le site Web de l'Agence de santé publique du Canada.
Les symptômes ressemblent aux autres symptômes grippaux et peuvent inclure une fièvre élevée, une toux, des douleurs musculaires et un mal de gorge. Des douleurs abdominales, des douleurs thoraciques et des diarrhées sont aussi possibles.
«L’infection peut progresser rapidement causant: une atteinte grave des voies respiratoires, telles que : des difficultés à respirer, une pneumonie, le syndrome de détresse respiratoire aigu; et/ou des atteintes neurologiques (altération de l’état mental ou épilepsie)», prévient le site internet.
Les gens actuellement à risque sont ceux qui ont des contacts étroits avec des oiseaux, a dit la docteure Madad, comme ceux qui travaillent sur une ferme commerciale, ceux qui ont des poules chez eux ou ceux qui interagissent avec les oiseaux sauvages.
«Il est important qu'ils comprennent qu'il y a une éclosion importante, a-t-elle dit. S'ils rencontrent un oiseau malade, ils devraient être très prudents.»
L'ASPC recommande le port d'équipement de protection comme un masque, des gants, des lunettes et des bottes. On doit aussi éviter de se toucher la bouche, le nez ou les yeux avant de se laver soigneusement les mains, a indiqué la docteure Madad.
Ces précautions sont de mises lors de la manipulation d'oiseaux, même s'ils ne semblent pas malades, a-t-elle dit.
L'ASPC suggère enfin au public d'éviter de manipuler les oiseaux (ou les autres animaux) malades ou morts trouvés dans la nature. On devrait aussi en éloigner les animaux de compagnie.