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Société

Crise du logement: des dizaines de milliers de ménages à la gorge, rapporte le FRAPRU

«On ne sait plus trop sur quel ton le dire. On attend toujours que les drames arrivent avant de s’en occuper.»

Reportage vidéo :
Texte :
/ Noovo Info

La crise du logement est encore plus dure qu’il n’y paraît, affirme le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) à la parution de son huitième Dossier noir sur le logement et la pauvreté.

Le FRAPRU dit avoir analysé des données de recensement de Statistique Canada qui montrent qu’au Québec, en 2021, plus de 373 000 locataires vivaient dans un logement inabordable, c’est-à-dire qu’ils consacraient plus de 30 % de leur revenu à leur loyer. Le revenu annuel médian de ces ménages: environ 23 000 $.

C’est dire que ces ménages ne peuvent se permettre de payer plus de 600 $ de loyer, pendant que le FRAPRU avance que les loyers sont passés de 844 $ à 952 $ à l’échelle du Québec entre 2020 et 2022. Le loyer moyen aurait atteint 1272 $ dans la région métropolitaine de Montréal, 1312 $ dans la région de Québec et 1450 $ à Gatineau.

Voyez le compte-rendu de Sabrina Rivet dans la vidéo ci-dessous.

L’organisme de défense du droit au logement calcule même qu’environ 34 000 ménages voient leur revenu en entier, voire plus, se faire «engloutir» par leur loyer.

Selon le FRAPRU, «la situation continuera de se dégrader dans la province si les gouvernements n’adoptent pas rapidement des mesures ambitieuses en matière d’habitation», dit-on dans un communiqué envoyé mardi.

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Les chèques ponctuels ne sont pas la solution à la crise du logement, selon le FRAPRU

C’est sans compter les effets de la pandémie, a commenté la porte-parole Véronique Laflamme en conférence de presse à Montréal. Selon les constats du FRAPRU, les prestations d’urgence ont «provisoirement dopé les revenus d’un grand nombre de locataires».

«Les chèques ponctuels peuvent peut-être régler à court terme des situations, mais ne règlent en rien de façon plus pérenne les problèmes de logement et de capacité de paiement», a déclaré Mme Laflamme, qui souligne que depuis le recensement national dont les données analysées émanent, la situation s’est encore détériorée, surtout pour les catégories de ménages les plus à risque d’être mal logées, tel que les personnes seules, les femmes, les familles, les jeunes de 15 à 24 ans, les personnes aînées, etc.

Le FRAPRU demande donc des investissements supplémentaires en logement social, comme il le réclame depuis cinq ans au gouvernement de François Legault. L’organisme espère voir une annonce de ce type lors de la prochaine mise à jour économique.

«On ne sait plus trop sur quel ton le dire», a lancé Mme Laflamme mardi. «On attend toujours que les drames arrivent avant de s’en occuper.»

«C’est le temps de réajuster le tir le plus vite possible. On n’a plus le temps d’attendre.»
- Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

La Ville de Montréal «prête» à agir

La mairesse Valérie Plante a abondé dans le sens du FRAPRU quant au caractère «déchirant» de la situation du logement à Montréal; «ça démontre ce qu'on entend et voit sur le terrain», a-t-elle commenté dans un événement à Montréal en après-midi, en soulevant que la crise du logement n'est pas étrangère au dénombrement national de 10 000 personnes en situation d'itinérance réalisé par le gouvernement Legault.

«Maintenant, la raison principale qui font que les gens sont dans la rue, c’est l’habitation, le manque de logement», a dit la mairesse. Le FRAPRU rapporte que le taux de logements locatifs inoccupés n’est que de 1,7 % à l’échelle du Québec, soit le plus bas pourcentage depuis près de 20 ans. Sur les 45 centres urbains québécois, 28 ont un taux d’inoccupation inférieur à 1,0 %.

Mme Plante affirme que la Ville de Montréal est prête à faire le nécessaire pour endiguer la crise, mais veut elle aussi l'aide des gouvernements. «On a protégé beaucoup de maisons de chambres on a des terrains prêt à bâtir des logements sociaux. On est prêts, mais là, il faut travailler ensemble», a-t-elle lancé en point de presse.

 

La mairesse croit elle aussi que les investissements n'ont «pas été à la hauteur des besoins dans les dernières années». François Legault a reconnu cet été qu’il fallait «en faire plus» dans la crise du logement. Le premier ministre disait alors évaluer avec sa ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, quelles mesures pouvaient être prises afin de s’y attaquer.

«On est en train de regarder ce qu’on peut faire pour le logement abordable, mais aussi les logements pour la classe moyenne», avait-il assuré.

Quant à d’éventuels investissements supplémentaires en logement social, le ministre des Finances, Eric Girard, a aussi soutenu qu'«il va falloir faire d'autres gestes» concernant le dossier du logement. Cette aide ne viendra toutefois pas sous la forme d'un chèque pour contrer l'inflation, comme celui qui avait été octroyé à plusieurs Québécois en 2022.

Au printemps 2022, M. Girard avait défendu la décision du gouvernement Legault de verser 500$ à la très grande majorité des contribuables pour aider à composer avec la flambée de l’inflation. C’était, pour le ministre, la meilleure décision «dans des circonstances sous-optimales».

Note de la rédaction: La version initiale de cet article indiquait que 173 000 locataires vivaient dans un logement inabordable. Le nombre est plutôt 373 000. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.

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/ Noovo Info