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Pour le sous-comité, les «incidences néfastes du bruit produit par les navires sur les espèces sauvages dans cette zone pourraient s'en trouver considérablement accrues».
De nouvelles directives reconnaissent les effets du bruit sous-marin produit par les navires sur la vie des Inuits, mais des groupes demandent des mesures plus fortes.
Le sous-comité de la conception et de la construction du navire de l'Organisation maritime internationale (OMI) a approuvé la semaine dernière des révisions aux Directives adoptées en 2014.
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Le rapport comprend des références aux connaissances autochtones ainsi qu'à l'Inuit Nunaat, qui regroupe les territoires des Inuits aux États-Unis, au Canada, au Groenland et en Russie.
Le Conseil circumpolaire inuit, une organisation non gouvernementale internationale représentant 180 000 Inuits vivant autour du globe, se dit très encouragé par ce rapport. «Nous sommes vraiment la première organisation autochtone à avoir une voix à l'OMI», souligne la vice-présidente Lisa Koperqualuk.
Pour le sous-comité, les «incidences néfastes du bruit produit par les navires sur les espèces sauvages dans cette zone pourraient s'en trouver considérablement accrues».
«Un certain nombre de caractéristiques de la région et des activités qui s'y déroulent pourraient accroître les incidences du bruit rayonné sous l'eau. Cela inclut des activités potentielles de brise-glace, la présence d'espèces sensibles au bruit et l'interférence potentielle avec les droits de chasse des autochtones», indique-t-il.
Par exemple, les chausseurs de Pond Inlet, au Nunavut, ou Mittimatalik en inuktitut, disent avoir constaté une diminution de la population de narvals dans la région et un changement dans le comportement des baleines.
Tout ça à cause des bruits des navires, selon Mme Koperqualuk.
«Cela touche notre culture lorsque la faune marine est perturbée et s'éloigne de son habitat habituel», explique-t-elle.
Selon des recherches, le narval est sensible au bruit. Des études indiquent que la population est en déclin dans le Tasiujaq, au nord-est de l'île de Baffin, pendant la période estivale.
Un rapport publié en 2020 par le ministère des Pêches et Océans laissait entendre que ce déclin était attribuable aux passages des paquebots et des brise-glace, à l'exploitation minière, au développement, à la présence d'orques dans la région.
Le Conseil circumpolaire inuit avait défendu l'inclusion de recommandations distinctes pour les navires opérant dans les eaux de l'Arctique et de l'Inuit Nunaat. Par exemple, le bruit se propage à une plus grande distance en eau froide. Le Conseil redoute des effets du bruit sur les espèces dont les Inuits dépendent pour la nourriture, leur culture et leur mode de vie.
Mme Koperqualuk dit qu'il y avait un intérêt pour des recommandations spécifiques à la région, mais l'idée a finalement été rejetée parce qu'elles ne pouvaient pas être universellement appliquées.
Elle fait remarquer que les armateurs pourront faire fi des recommandations puisque les mesures proposées ne seront pas obligatoires.
Andrew Dumbrille, de l'Alliance pour un Arctique propre qui regroupe 20 organisations à but non lucratif, souhaite des mesures obligatoires. Il rappelle qu'une étude publiée en 2019 avait démontré que les mesures n'étaient pas une priorité pour de nombreuses entreprises si elles n'étaient pas obligatoires. On pointait aussi l'absence d'objectif pour la réduction du bruit.
«Ces nouvelles directives sont plus détaillées. L'OMI s'est basée sur les recherches et les perspectives les plus récentes pour fonder son analyse des effets du bruit, les techniques à remédier et les solutions à proposer, souligne M.Dumbrille. Malheureusement, ces directives demeurent sur une base volontaire. Et ça, c'est un problème à maints égards.»
Le bruit qui rayonne sous l'Arctique est l'un des plus faibles sur la Terre, mais des recherches indiquent que cela pourrait changer, notamment si les bateaux empruntent de nouveaux trajets en raison de la réduction de la banquise.
Une étude publiée en octobre par la revue scientifique Environmental Pollution prédit que les émissions sonores pourraient doubler tous les 11 ans et demi si des mesures incitatives ou obligatoires ne sont pas adoptées. La pollution par le bruit des navires a doublé dans certains secteurs de l'Arctique de 2013 à 2019, selon un rapport du Conseil de l'Arctique.
Le ministère fédéral des Transports se dit heureux de la révision des directives, mais reconnaît qu'un grand travail est toujours nécessaire pour protéger l'habitat arctique.
En juin 2021, il avait annoncé le lancement de l'Initiative pour des navires silencieux dotée d'un financement de 26 millions $ dont l'objectif était la mise à l'essai des technologies, des conceptions de navires, des modernisations et des pratiques opérationnelles le plus prometteuses pour rendre les navires plus silencieux. Le gouvernement fédéral est en train d'élaborer une Stratégie sur le bruit dans les océans qui devrait être annoncée plus tard en 2023.
Les Directives révisées seront présentées en juillet à l'approbation du Comité de la protection du milieu marin.