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Le gouvernement réussira-t-il à se sauver du mot en A, soit le terrifiant austérité?
À quelques mois du budget, le ministre des Finances fera le point sur les plus récentes informations concernant l’état des finances publiques et la situation économique du Québec. Jeudi, nous aurons un peu plus de visibilité sur ce qui nous attend. Le gouvernement réussira-t-il à se sauver du mot en A, soit le terrifiant austérité, surtout que nous voyons apparaître le spectre de compressions budgétaires?
Le 21 novembre, ce sera la mise à jour économique. Bien que les finances publiques soulèvent souvent peu les passions médiatiques et citoyennes — c’est technique et un peu ennuyant, elles ont un impact indéniable sur nos vies et nous aurions donc avantage à nous en intéresser davantage.
Nos déboires économiques ne sont pas terminés. Certes, l’inflation a ralenti, les taux d’intérêt recommencent à baisser et on peut apercevoir quelques signes de reprise, mais ce n’est pas la panacée. La croissance réelle du PIB n’a rien pour exciter. La mise à jour sera l’occasion pour le ministre Girard de faire le point.
Lors du dépôt du dernier budget, on nous annonçait un déficit total de 11 milliards de dollars s’expliquant par le contexte économique et climatique difficile conjugué avec le souhait du gouvernement de maintenir les services. Bref, on ne souhaitait pas faire d’austérité. Nous allions plutôt miser sur un effort d’optimisation et de révision des programmes.
Le ministre des Finances, Eric Girard, n’a pas déposé de plan de retour à l’équilibre budgétaire, disant attendre que la tempête économique ne se calme.
Depuis le début de l’automne, les nouvelles concernant des compressions ici et là sortent au compte-gouttes: francisation, cégeps, réseau de la santé, aide aux petites entreprises, etc.
Nous sommes maintenant en droit d’exiger un plan de match plus précis. Le gouvernement voudra éviter à tout prix que l’on parle d’austérité. Il devra donc être proactif et transparent avec la population.
Mercredi dernier, la PDG de la nouvelle Agence santé Québec, Geneviève Biron, procédait à une tournée d’entrevues. Elle a alors indiqué que «la santé doit faire sa part pour la saine gestion financière de l’État». Tout le monde est d’accord avec ça.
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La déclaration suivante venant de La Presse, le 13 novembre dernier, a toutefois de quoi à faire sursauter: «L’accroissement du budget en santé depuis 10 ans est d’environ 50 %, et la population, 10 %. (…) On offre beaucoup à la population, c’est bon, ce sont toutes de bonnes choses, mais je sens vraiment qu’on doit se recentrer sur l’essence de notre réseau».
Hum!
Les données présentées éludent volontairement ou involontairement l’impact de l’inflation et du vieillissement de la population. J’espère que l’on va respecter notre intelligence quand on va nous expliquer comment réduire les dépenses en santé et améliorer la saine gestion… sans austérité!
Qu’est-ce que signifie «recentrer sur l’essence de notre réseau»?
La PDG avait encore bien peu de réponses. Je sais bien qu’elle n’est pas encore entrée en poste, mais dans un contexte financier serré et avec notre système de santé toujours au bord du gouffre, le gouvernement va devoir démontrer qu’il a toujours le contrôle et que la réforme Dubé fonctionne, et vite.
J’ouvre une parenthèse: entendre Paul St-Pierre Plamondon dire dimanche qu’il ne fermait pas la porte à abolir l’agence Santé Québec a failli m’achever. Peut-on s’il vous plaît aller jusqu’au bout d’une idée pour notre système de santé? Je referme la parenthèse.
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Comment le gouvernement compte-t-il réduire les listes d’attente, augmenter l’accès, réduire le temps d’attente dans les urgences tout en réduisant les dépenses et en participant à réduire les déficits? C’est ce que nous voulons savoir.
La question se pose: est-ce que la réforme peut vraiment fonctionner si on la conjugue avec de l’austérité? Heu pardon, de l’efficacité.
Bien qu’on souhaite en majorité que cette réforme porte fruit, c’est le scepticisme qui nous habite. On verra jeudi si Eric Girard changera ou renforcera ce sentiment.