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Économie
Lettre |

L’iniquité de la hausse des taxes à Montréal

«À la suite de la présentation du budget 2024 de la Ville de Montréal cette semaine, j’aimerais mettre en évidence plusieurs inquiétudes que je partage avec mes clients et mes concitoyens.»

Valérie Plante, mairesse de Montréal, lors d'un point de presse sur la hausse de taxes en octobre 2023.
Valérie Plante, mairesse de Montréal, lors d'un point de presse sur la hausse de taxes en octobre 2023.

Je consulte des relevés de taxes de la Ville presque chaque jour pour mes clients étant donné la nature de mon métier de courtier immobilier. À la suite de la présentation du budget 2024 de la Ville de Montréal cette semaine, j’aimerais mettre en évidence plusieurs inquiétudes que je partage avec mes clients et mes concitoyens.

Chaque fois qu’une entité physique ou morale achète une propriété sur l’île de Montréal, cette dernière doit payer une taxe spéciale qui est basée sur le montant le plus élevé entre le prix payé et le prix de l’évaluation municipale. Il s’agit de la taxe de mutation, communément appelée la «taxe de bienvenue».

À cela s’ajoute, évidemment, les taxes municipales qui sont payées chaque année par les propriétaires d’un bien immobilier sur l’île. Les montants à payer pour la taxe de mutation et les taxes municipales sont basés sur la valeur des propriétés. Plus la valeur de votre propriété augmente, plus les revenus de la Ville augmentent.

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Mes détracteurs diront que les taxes municipales n’augmentent pas au même rythme que la valeur des propriétés. J’en conviens, mais il existe tout de même une corrélation entre les deux. Cela crée une pression financière sur les ménages.

Je ne pense pas me tromper en affirmant que ce ne sont pas tous les Montréalais qui ont obtenu une augmentation de salaire de 4,9% cette année.

Voici un exemple qui illustre une des iniquités fiscales existantes…

Marie possède une propriété qui vaut 500 000 dollars. Son voisin Sylvain est propriétaire d’une maison très similaire qui vaut aussi 500 000 dollars. Ils paient tous les deux, naturellement, le même montant de taxes à la Ville, soit autour de 4500 dollars par année. Jusque-là tout va bien.

Là où le bât blesse, c’est que Sylvain gagne 50 000 dollars par année, alors que Marie a un revenu annuel de 100 000 dollars. Pour Sylvain, la dépense en taxes municipales représente presque 10% de son salaire.

Or, pour Marie, cela représente 5% de son salaire. Pourtant, Marie et Sylvain ont accès aux mêmes services de la Ville. Vous la voyez, l’iniquité?

À VOIR ÉGALEMENT | Hausse des taxes municipales à Montréal: combien paieront les citoyens en 2024?

Il n’est pas juste de baser la taxation sur la valeur de la propriété. Les taxes devraient, de mon point de vue, être corrélées aux revenus des ménages plutôt que sur la valeur de leur propriété, et avec modération, s’il-vous-plaît!

Je ne peux conclure sans parler des taxes imposées aux commerçants. Tant qu’à crever l’abcès, faisons-le jusqu’au bout. Le commerce de détail bat de l’aile depuis plusieurs années. Vous n’avez qu’à vous promener sur la rue Sainte-Catherine, sur le boulevard Saint-Laurent ou sur la rue Saint-Denis pour constater le nombre de locaux vacants.

L’administration municipale charge des taxes aux propriétaires de locaux commerciaux, qu’ils soient loués ou non. Cela n’offre aucun incitatif à la Ville de Montréal à être engagée dans le développement des commerces (souvent des commerces de proximité) sur son territoire. Que le local soit loué ou pas, que le commerce fonctionne ou pas, la Ville encaisse l’argent et continue à augmenter les taxes de manière boulimique. Ce n’est rien pour aider les pauvres commerçants.

Soyons clairs: les commerces n’ont jamais été la priorité de l’administration actuelle, qui a posé́ très peu de gestes concrets pour eux depuis son élection. Et si la taxation des locaux commerciaux qui ont pignon sur rue était corrélée avec les revenus des commerces qui les occupent?

La Ville aurait ainsi un incitatif direct et une motivation financière pour revitaliser nos artères commerciales, puisque plus les commerces feraient des profits, plus la Ville pourrait percevoir de taxes. La Ville serait ainsi actrice des succès de ses commerces plutôt que spectatrice des échecs et des fermetures qui se multiplient actuellement.

Il est facile pour la mairesse de mettre le blâme sur le palier gouvernemental provincial et d’affirmer que nous n’avons pas assez d’argent pour ceci ou pour cela. J’en conviens, la fiscalité municipale a certainement besoin d’une importante réforme pour briser ce lien de dépendance malsain à la taxe foncière et diversifier davantage les sources de revenus des Villes.

Or, la mairesse a le pouvoir de changer plusieurs de ces politiques sans l’accord du gouvernement provincial. Mme Plante a la responsabilité de mettre en place des politiques justes et équitables pour améliorer la qualité de vie des Montréalaises et des Montréalais dont je fais partie.

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Younes El Moustir, courtier immobilier et citoyen engagé.