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Des parents qui accompagnent leur enfant... au cégep! Des parents qui font les devoirs de leurs enfants... Comment est-ce possible ? Et pourquoi ?
Pour en apprendre davantage sur la rentrée de leur enfant à l’école, des centaines de parents ont participé à la réunion en ligne organisée par l’école. Le hic ? C’était pour une rentrée… au cégep !
Je suis restée bouche bée quand une amie m’a raconté cette anecdote, qui s’est déroulée au printemps dernier au Cégep Maisonneuve-Rosemont à Montréal. À 17 ou 18 ans, des adolescents, voire de jeunes adultes, flanqués de leur père ou de leur mère (et dans certains cas, des deux), se sont déplacés pour assister à une soirée d’informations sur la rentrée collégiale ?
Comment est-ce possible ? Et pourquoi ?
Des parents et des membres du personnel collégial m’ont même confirmé qu’il n’était pas rare de voir, lors des premiers jours de rentrée au cégep, des parents accompagner leur enfant à l’école. Le phénomène serait relativement nouveau et prendrait de l’ampleur, selon eux.
Cela me laisse croire que le phénomène du parent hélicoptère est toujours une tendance dans le monde de la parentalité. Un parent hélicoptère, c’est un parent qui vole au-dessus de sa progéniture pour prévenir les potentiels obstacles et difficultés, un parent qui plane et surveille constamment les « dangers » qui pourraient survenir.
L’expression n’est pas nouvelle. C’est le psychologue Haim G. Ginott qui a inventé le terme et l’a nommé, pour la première fois, dans son livre Between Parent and Child.
Le psychologue Marc Pistorio, avec qui je me suis entretenue récemment, m’a confirmé qu’au Québec, la tendance est encore aux parents hélicoptères et donc, à la surprotection et à l’hyper soutien des enfants. Dans certaines parties du monde, en France entre autres, c’est la parentalité positive, aussi appelée parentalité bienveillante, qui prime.
Un exemple de comportement d’un parent hélicoptère, outre celui des parents de collégiens cités plus haut ? Les parents qui font les devoirs de leurs enfants — et je ne parle pas ici de la période (normale) de supervision des devoirs et leçons, mais bien de l’exécution des travaux. Le phénomène a d’ailleurs fait l’objet d’un article récemment.
Le danger, en étant un parent hélicoptère, c’est de priver son enfant de vivre des expériences, de le brimer. En le surprotégeant, en le roulant dans le papier bulle, le parent envoie le message : « Sans moi, tu n’es pas capable ».
Combien de fois entends-je des parents dire, avec de bonnes intentions assurément, « tu vas voir, tout va bien aller, je suis là ». Une formule qui laisse croire à l’enfant que l’inverse va aussi s’avérer : si papa et maman ne sont pas présents, il est foutu…
Mère de deux adolescents, je pense que je suis moi-même une mère hélicoptère… mais je me soigne. Je fais attention. Un peu d’introspection. Un pas de recul. Un certain lâcher-prise. Je ne dis pas que c’est facile : comme parent, on a souvent l’impression de marcher sur un fil, entre protéger et propulser son enfant.
J’essaie d’adopter la position suggérée par Marc Pistorio dans son livre Parent sécurisant, enfant sécurisé – Pour une parentalité sur mesure, soit celle d’être un parent qui soutient, encourage et accompagne, qui est présent lorsque l’enfant le demande (ce qui force l’enfant à identifier ses besoins).
Je suis convaincue que c’est en les laissant relever des défis et vivre des échecs qu’ils développent leur résilience, leur estime, leur confiance, leur autonomie.
Je me dis que si je m’efforce de leur donner des ailes, ce n’est quand même pas pour leur couper ensuite !