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«On est traité comme des prisonniers. Les lumières s’allument à 6h30, on n’a pas le choix de se lever, et à 22h, les lumières se coupent», confie M. Allier, abasourdi. «Ce n’est pas comme si on avait commis des actes criminels et qu’on était en instance de procès.»
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Ces migrants sont là pour 3 raisons: soit qu’ils n’ont pas de papier d’identification, soit que les agents de l’Agence des services frontaliers estiment qu’ils risquent de fuir en attendant leur déportation ou qu’ils représentent un danger pour le public.
Le nouveau centre, qui a ouvert à un jet de pierre de l’ancien, au 300 montée Saint-François, peut accueillir jusqu’à 153 personnes. Selon l’Agence des services frontaliers, il serait mieux adapté à leurs besoins et les changements ont été apportés «afin d’assurer leurs soins et leur bien-être».
Or, lors d’une manifestation organisée par le collectif Solidarité sans frontières samedi, des migrants joints par téléphone ont relaté la piètre qualité de la nourriture et un traitement brusque de la part de certains gardiens de prison.
«Le système est beaucoup plus répressif», déplore Florent Allier. «Je ne sais pas comment on passe d’un statut immigré en attente de papiers ou en attente de déportation à une prison.»
Et c’est ce que reproche une responsable d’Amnistie internationale au système en place, puisque le Canada est l’un des rares pays où il n’y a pas de limite de temps pour la détention de migrants pour des raisons souvent administratives.
«Vous pouvez rester pour une durée illimitée en prison, une personne peut donc être détenue à perpétuité en détention migratoire», dit Marisa Berry Méndez, responsable des campagnes pour l’organisme de défense des droits de la personne.
Cette situation est stressante, selon un porte-parole de Solidarité sans frontière, qui a lui-même été détenu deux mois après être entré au Canada par le chemin Roxham.
«On n’est jamais préparé à cette situation. La majorité des gens n’ont jamais vécu l’incarcération. On se sent vraiment en prison», avance Aboubacar Kane.
L’Agence des services frontaliers dit avoir réduit de 30% le temps d’attente dans ces centres entre 2016 et 2022.
Voyez le reportage intégral d'Anaïs Elboujdaini ci-contre.