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Le mot se passe sur les réseaux sociaux. Sur YouTube, de nombreuses influenceuses, souvent africaines, expliquent comment s’y prendre pour venir accoucher au Canada.
Elles vantent même les avantages des «bébés passeports».
«J’appelle ça un investissement venir accoucher au Canada ou aux États-Unis. […] Demain, l’enfant grandit, il peut venir étudier au Canada à moindre coût», explique l’une d’entre-elles sur son compte, Moniikaaz L’IMPACTEUSE officielle.
Elle affirme aussi qu’un passeport canadien peut permettre à son détenteur «de fuir l’Afrique en cas de perturbation sociale».
Ce phénomène semble se répercuter dans nos hôpitaux. Même s'il est difficile de brosser un portrait clair de la situation, différents centres de santé et organismes ont remarqué une hausse du nombre de femmes non-résidentes qui viennent accoucher sans assurance maladie.
Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, le CIUSSS a comptabilisé 30 accouchements de non-résidentes dans les trois dernières années. À titre comparatif, le CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal en a répertorié 420 en quatre ans.
Toutefois, de nombreux autres établissements ne consignent pas de telles données. Ils comptabilisent l’ensemble des visites de non-résidents qui n’ont pas d’assurance maladie, mais sans compter spécifiquement les visites pour des accouchements.
C’est notamment le cas du CHU de Québec-Université Laval, qui a enregistré 218 visites en 2020-2021. Trois ans plus tard, cette statistique a grimpé de façon impressionnante à 2893.
Dans Chaudière-Appalaches, la hausse du nombre de visites sans assurance maladie est frappante. Il y a quatre ans, le CISSS enregistrait 320 visites et en 2023-2024, il y en a 1650 qui ont été comptabilisés. Le centre de santé est toutefois en mesure de nous dire que 25 de ces 1650 visites survenues en 2023-2024 étaient des accouchements.
Cette augmentation du tourisme obstétrical entraîne des répercussions dans nos hôpitaux. Dans un premier temps, selon le coordonnateur aux opérations et à la paie du CISSS de Chaudière-Appalaches, Roby Deblois, cela représente un achalandage accru, dans des hôpitaux qui sont déjà surchargés.
Il affirme aussi que le CISSS doit entreprendre des démarches de recouvrement pour environ 20% des factures de patients qui n’ont pas d’assurance maladie.
Le CIUSSS du Saguenay-Saguenay-Lac-Saint-Jean et le CHU de Québec ont refusé nos demandes d’entrevue à ce sujet. Le CHU de Québec qualifie le sujet de sensible.