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«Le soutien des Québécois et Québécoises se fait sentir, c’est maintenant au premier ministre Legault de nous écouter et de devenir un allié des femmes et des filles autochtones».
La co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé, a présenté la pétition des Femmes autochtones du Québec (FAQ) demandant l’adoption du Principe de Joyce à l’Assemblée nationale, jeudi.
Ce principe avait vu le jour à la suite du décès de Joyce Echaquan, le 28 septembre 2020, au centre hospitalier de Joliette, près de la communauté atikamekw de Manawan.
Son décès est survenu peu après qu’elle ait publié une vidéo en direct sur Facebook alors que des employés de l’hôpital lui proféraient des insultes à caractère racial.
À travers la Pétition pour la reconnaissance du racisme et de la discrimination systémiques envers les femmes et les filles autochtones, FAQ demande au gouvernement de mettre en œuvre des actions concrètes pour «éradiquer le racisme et la discrimination systémiques, ancrés dans nos institutions depuis la colonisation».
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Plus précisément, l’objectif est d’avoir accès à tous les services sociaux et de santé sans discrimination, et ainsi éviter une situation similaire au décès de Mme Echaquan.
«Ce qu’on sait, sur le terrain, c’est que des femmes et des hommes ne reçoivent pas les soins dont ils ont droit», a soutenu Mme Massé, lors d’une conférence de presse dans le hall de l’Assemblée nationale, jeudi.
La co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé. Crédit photo: Capture d’écran | Assemblée nationale
En date du 1er mars, la pétition avait récolté 3805 signatures.
«Le soutien des Québécois et Québécoises se fait sentir, c’est maintenant au premier ministre Legault de nous écouter et de devenir un allié des femmes et des filles autochtones», a exprimé la présidente des FAQ, Marjolaine Étienne.
Mme Étienne avance que le support pour la cause «continue de s’accroître».
«Ce que le gouvernement du Québec doit comprendre, c’est qu’on vit de l’adversité tous les jours», a exprimé à son tour le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard.
Tant que le gouvernement Legault refusera de reconnaître le caractère systémique du racisme et de la discrimination à l'égard des Autochtones, les mesures qu'il mettra en oeuvre pour soutenir les communautés ne représenteront qu'un pansement sur des problèmes plus profonds, selon un leader atikamekw.
Sipi Flamand, chef du Conseil des Atikamekw de Manawan dans Lanaudière, a fait ces commentaires jeudi en présence d'autres groupes autochtones à l'Assemblée nationale. Ceux-ci ont déposé une pétition exigeant la reconnaissance du racisme et de la discrimination systémique envers les Autochtones, en particulier les femmes et les filles.
Plus tôt, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, disait comprendre la notion du racisme systémique, mais être en désaccord avec celle-ci. Ce qui n'empêche pas son gouvernement de poser des gestes concrets, selon lui.
«Le racisme systémique, pour nous, ce n'est pas le bon débat. Le débat, c'est de vaincre le racisme et c'est ce qu'on fait, on y lutte», a-t-il indiqué aux journalistes.
Toutefois, aux yeux de M. Flamand, les efforts de Québec s'avèrent en quelque sorte pour le moment un coup d'épée dans l'eau.
«Si le gouvernement ne reconnaît pas le racisme systémique et qu'il veut faire un projet de loi sur la sécurisation culturelle, c'est comme mettre du bandage sur une problématique. Il ne répond pas aux grands enjeux et aux relations avec les communautés autochtones», a-t-il affirmé en conférence de presse.
Le 2 mars dernier, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des Peuples autochtones s’est engagé à examiner les enjeux soulevés par les FAQ et ses collaborateurs.
En décembre 2022, une centaine de femmes de différentes nations et communautés autochtones s’étaient rassemblées devant l’Assemblée nationale pour dénoncer la discrimination et le racisme systémique envers les personnes autochtones — en particulier, les femmes — et pour exhorter Québec à adopter le Principe de Joyce.
L'adoption du principe de Joyce avait également été demandée au gouvernement par le chef de la communauté de Manawan, Sipi Flamand, en septembre 2022, alors que la famille de Joyce Echaquan lançait une poursuite de 2,675 millions de dollars contre l’hôpital de Joliette, la Dre Jasmine Thanh et l’infirmière Paule Rocray.
Avec des informations d’Audrey Bonaque, Noovo Info, et de Frédéric Lacroix-Couture, la Presse canadienne