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Société

Un policier fier de s'impliquer dans le service de police de sa Première Nation

L'agent Kenny Big Plume connaît comme sa poche les routes enneigées qui traversent la communauté Tsuut'ina.

L'agent Kenny Big Plume connaît comme sa poche les routes enneigées qui traversent la communauté Tsuut'ina.
L'agent Kenny Big Plume connaît comme sa poche les routes enneigées qui traversent la communauté Tsuut'ina.
/ La Presse canadienne

L'agent Kenny Big Plume connaît comme sa poche les routes enneigées qui traversent la communauté Tsuut'ina.

Le policier de 33 ans a été élevé par ses grands-parents dans la Première Nation, située au sud-ouest de Calgary.

Il y a six ans, il est devenu membre du service de police de la Nation Tsuut'ina, l'un des trois services de police des Premières Nations de l'Alberta.

«Je suis très fier de ma culture, de ma communauté», a confié M. Big Plume, en conduisant le véhicule utilitaire sport de la police sur les routes verglacées. Après avoir vécu plusieurs années hors réserve, il est retourné à Tsuut'ina et s'est établi là avec sa femme et ses enfants.

«C'était ma façon de redonner. C'est ma façon d'avoir un impact, de faire une différence», a-t-il soutenu.

Les appels arrivent lentement pendant son quart de jour. Il s'arrête pour discuter avec la conductrice d'une voiture qui a glissé dans le fossé. Elle a déjà appelé une dépanneuse.

Il y a des interventions prévues et des patrouilles ciblées, notamment autour d'un Costco et du casino.

«Nous essayons de suivre les autobus scolaires le matin pour nous assurer que les gens ne dépassent pas les autobus, a-t-il relaté. Nous recevons beaucoup de plaintes de la part des écoles et des chauffeurs d'autobus concernant des conducteurs errants qui dépassent lorsque les feux rouges sont éteints.»

Il se dirige vers le poste de police et verrouille son pistolet avant de se rendre dans les cellules, où des peintures murales aux couleurs vives réalisées par des artistes locaux sont affichées à certains murs. Cela les rend «un peu plus chaleureux» et «présente notre culture», a-t-il expliqué.

Les cellules abritent généralement deux ou trois prisonniers chaque nuit. Mais pendant la saison estivale des pow-wow, dit-il, il peut y en avoir jusqu'à 20.

Une communauté tissée serrée

M. Big Plume travaillait comme soudeur et dit que la transition vers le poste de policier n'a pas été facile au cours des deux premières années, car bon nombre des 2000 habitants savent qui il est, et certains sont des membres de la famille ou des amis.

Il a dû répondre à des appels chez ses parents et chez ses cousins et amis.

«J'ai reçu des appels où les gens savaient où j'habite, a-t-il raconté. Des gens ont menacé de venir chez moi.»

«Mais c'est la vie que j'ai choisie.»

Il dit qu'il a perdu des amis au cours de sa carrière, mais selon lui, le fait d'être membre de la réserve rend également les gens plus à l'aise pour parler avec lui.

«Je trouve que les gens me font davantage confiance. Je suis capable d'établir des relations avec les gens et les gens s'ouvrent plus à moi qu'ils ne le feraient avec quelqu'un qu'ils ne connaissent pas.»

La vaste réserve, qui s'étend sur 283 kilomètres carrés, a connu une augmentation de la construction, avec des centres commerciaux et des restaurants, ainsi que 35 000 véhicules supplémentaires par jour sur ses routes.

Les services de proximité

Le service de police Tsuut'ina compte 31 agents. Le chef de police, Keith Blake, a commencé à diriger l'équipe il y a 11 ans après avoir passé 25 ans à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Il y a eu une augmentation de 87 % des appels de service à Tsuut'ina au cours de la dernière année, dit-il.

Mais l’accent reste mis sur la police de proximité.

«Chaque communauté veut se voir un peu dans son service et, dans le cas de la nôtre, 68 % de nos agents s'identifient comme autochtones. Nous avons un bon groupe diversifié de personnes», a expliqué M. Blake.

«Chaque mois, chacun de nos agents (...) doit rendre compte du nombre d'événements communautaires auxquels il a participé, du nombre de mentorats auprès de jeunes ou d'aînés.»

Créé en 2000, le tribunal de rétablissement de la paix Tsuut'ina a été le premier tribunal autochtone au Canada. Il a compétence sur les infractions criminelles, les infractions commises par les jeunes et les infractions aux règlements municipaux commises dans la réserve.

«Nous avons une salle d'audience composée d'un juge autochtone, d'un procureur autochtone et d'assistants judiciaires autochtones», a indiqué M. Blake.

Améliorer les relations

Il reconnaît que les communautés autochtones n’entretiennent pas traditionnellement de bonnes relations avec les forces de l’ordre.

«C'est toujours un problème. Nous avons tendance à oublier que dans les communautés autochtones (...) il y a une mémoire sanglante de ce qui s'est passé dans les pensionnats et du rôle de la police dans le retrait des enfants de ces foyers», a-t-il soutenu.

«Nous devons surmonter cette perception. Nous devons le faire à travers les actes que nous accomplissons, les paroles que nous disons et nous devons continuer à le faire.»

Le premier ministre Justin Trudeau a promis en 2020 de présenter une loi sur la police des Premières Nations. Les appels à des changements législatifs ont été renouvelés après que 11 personnes eurent été tuées et 17 blessées lors d'un attentat à l'arme blanche contre la Nation crie de James Smith en Saskatchewan en 2022.

Doug King, professeur d'études judiciaires à l'Université Mount Royal de Calgary, affirme qu'il existe près de 40 forces de police des Premières Nations au Canada, dont la majorité au Québec et en Ontario.

Les services des Premières Nations ont laissé les communautés autochtones prendre leurs distances par rapport à leur histoire avec la GRC, dit-il.

«S'éloigner de cela, à bien des égards, est libérateur pour de nombreuses communautés autochtones, mais cela permet également une réponse communautaire plus adaptée», a affirmé M. King.

«Plus une communauté peut s'identifier à ses policiers, plus elle se sent bien. Et cela conduit également au partage de renseignements, ce qui est vital pour la prévention et la détection du crime.»

/ La Presse canadienne