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Une première au Québec.
Les membres de la communauté kanien'kehá:ka (Mohawk) de Kahnawake, sur la Rive-Sud, qui sont victimes de crimes, peuvent désormais accéder à un service mis en place par le système de justice de la communauté.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Avant de devenir cheffe du conseil de bande de Kahnawake, Tonya Perron, a travaillé en tant qu'avocate de la défense et a constaté comment les victimes de crimes sont parfois traitées.
«Ils sont des éléments importants des systèmes de justice, mais souvent, ils restent dans l'ombre, pour ainsi dire, et c'est vraiment regrettable, car le traumatisme, comme nous le savons, revêt différentes formes, et quand il n'y a pas de ressources pour aider avec ce traumatisme, il n'est jamais résolu», a-t-elle expliqué.. «Il se perpétue en quelque chose d'autre, et cela crée plus de problèmes.»
Le projet Ionkwatahónhsate — «nous écoutons» — est géré par les services de justice de la communauté pour fournir des soins culturellement appropriés aux victimes.
«Ils ont besoin de cette personne à qui ils peuvent se confier et qui va simplement être là pour écouter dans un environnement non jugeant, sans poser de questions, et les laisser dévoiler ce qui s'est passé, dans quelle situation ils se trouvent, quels sont les problèmes auxquels ils sont confrontés en ce moment en fonction de l'événement qui s'est produit», a lancé Iris Montour, travailleuse en défense des droits des victimes.
Mme Montour, originaire de Kahnawake, sait qu'une personne de la communauté comprend mieux la réalité de ceux qui cherchent de l'aide dans un moment souvent extrêmement stressant.
«Nous devons comprendre ce qui s'est passé, où ils en sont et ce dont ils ont besoin de leur point de vue, mais il y a un manque de service évident si la personne n'est pas en mesure ou à l'aise de dévoiler la réalité de ce qui s'est passé», a-t-elle ajouté.
Le programme a été développé après que ceux travaillant dans le système de justice local ont remarqué que les membres de la communauté n'accédaient pas aux services québécois tels que les CAVAC (Centres d'aide aux victimes d'actes criminels).
«Nous avons constaté que beaucoup de nos membres de la communauté n'accédaient pas aux services d'aide aux victimes à l'extérieur de la communauté, et cela a soulevé des questions sur la raison pour laquelle nos gens n'accèdent pas aux services existants. Y a-t-il un besoin qui n'est pas satisfait, et surtout, devrions-nous développer nos propres services et, dans l'affirmative, à quoi cela devrait-il ressembler?», a déclaré Kevin Fleischer, commissaire à la justice du CMK.
Les travailleurs de soutien comme Mme Montour aident les victimes à naviguer dans les systèmes juridiques québécois et canadiens souvent écrasants en les orientant vers tout le soutien dont ils ont besoin, en les aidant avec les formulaires et en accompagnant les victimes au tribunal.
«Certaines victimes ne savent pas à quoi ressemble le système judiciaire, elles ne savent pas à quoi s'attendre, elles ont peur de poser des questions, elles n'ont personne pour les accompagner et cela peut être une expérience très effrayante pour elles d'entrer dans cet environnement», a expliqué Mme Perron.
Les travailleurs de soutien ne peuvent pas fournir de conseils juridiques.
Mme Montour a affirmé que sans ce type de services, la stigmatisation des victimes persistera.
«Ils sont profondément enracinés et il y en a beaucoup», a-t-elle indiqué. «[Sans services], nous continuerons à penser que le fait d'être une victime fait en fait partie de la vie, c'est notre cours normal, de toute façon, personne n'écoute, rien ne peut être fait, [et] le système judiciaire n'est tout simplement pas équitable.»
Elle a ajouté que lorsque elle aide une personne avec son traumatisme, la guérison se propage à ses amis, sa famille et les membres de la communauté.
«L'accès à la justice que nous fournissons va essentiellement contribuer à créer un peuple plus sain et plus fort, ce qui, bien sûr, va créer une communauté plus saine et plus forte», a-t-elle conclu.