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Le premier ministre Justin Trudeau a réitéré lundi l'importance d'avoir un système d'immigration «ordonné», dans la foulée de la mort de huit migrants, incluant deux enfants.
Le premier ministre Justin Trudeau a réitéré lundi l'importance d'avoir un système d'immigration «ordonné», dans la foulée de la mort de huit migrants, incluant deux enfants, dont les corps ont été retrouvés la semaine dernière dans les eaux du fleuve Saint-Laurent à Akwesasne.
En mars, le Canada a renégocié avec les États-Unis l'Entente sur les tiers pays sûrs, afin qu'elle s'applique à toute la frontière canado-américaine. L'objectif était ainsi de refouler les migrants qui passaient par des voies irrégulières comme le chemin Roxham.
L'accord signifie que les gens seront refoulés de la frontière, peu importe où ils essaient de traverser. Le but est que les gens fassent leur demande d'asile dans le premier pays où ils arrivent, que ce soit le Canada ou les États-Unis.
Voyez le récapitulatif de Marie-Michelle Lauzon au bulletin Noovo Le Fil 17 dans la vidéo qui accompagne ce texte.
Des groupes de défense des droits des migrants ont toutefois prévenu que les nouvelles règles pousseraient les gens à prendre des risques encore plus importants pour traverser la frontière, notamment en faisant appel à des passeurs et en se déplaçant vers des passages encore plus éloignés.
Une semaine plus tard, les corps des huit migrants étaient repêchés dans le fleuve Saint-Laurent. Les membres de deux familles, l'une d'origine roumaine et l'autre d'origine indienne, tentaient alors d'entrer aux États-Unis par bateau depuis le Canada.
De passage à Val-d'Or, lundi, le premier ministre a qualifié les décès de tragédie, mais a déclaré que le Canada devait maintenir la confiance du public dans le système d'immigration.
«Quand les gens se mettent vulnérables, se mettent en danger en faisant des passages irréguliers ou payent des criminels pour les aider, ce n'est pas un système dans lequel nous pouvons tous avoir confiance», a-t-il déclaré.
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M. Trudeau a rappelé que le Canada accueille plus d'immigrants que jamais, mais qu'il faut le faire «de façon responsable» pour éviter que des gens se mettent en danger.
«Pendant qu'il y a beaucoup d'endroits dans le monde qui tournent le dos à l'immigration, ici, au Canada et au Québec, on comprend qu'on a besoin d'immigration, a fait valoir M. Trudeau. C'est une richesse pour nos communautés, pour notre croissance, pour contrer la pénurie de main-d'œuvre qui est réelle dans toutes les régions du Québec que je visite.»
Le plan d'immigration du gouvernement indique qu'entre 410 000 et 505 000 personnes deviendront résidents permanents cette année, ce qui serait le nombre le plus élevé de l'histoire récente.
Mais depuis la levée des restrictions frontalières liées à la COVID-19 en 2021, le nombre de demandes d'asile a considérablement dépassé les niveaux d'avant la pandémie. Les villes et les provinces, en particulier le Québec, ont déclaré que le nombre de familles demandant l'asile avait exercé une pression sur les services locaux.
Malgré la récente répression à la frontière, le gouvernement fédéral a réservé un milliard de dollars pour l'hébergement temporaire et la couverture des soins de santé des demandeurs d'asile.
La porte-parole du NPD en matière d'immigration, Jenny Kwan, a appelé lundi le gouvernement à suspendre l'Entente sur les tiers pays sûrs, affirmant qu'elle avait été négociée en secret et sans consultation.
«Je crains que des gens ne meurent», a dit Mme Kwan lors d'une conférence de presse au poste frontalier irrégulier près d'Emerson, au Manitoba.
Elle a été rejointe par Seidu Mohammed, un homme bisexuel du Ghana, dont la demande d'asile a été rejetée aux États-Unis. Il a passé un an en détention d'immigrants avant d'entrer au Canada par un passage frontalier irrégulier.
S'il ne l'avait pas fait, il craint d'avoir été expulsé vers le Ghana où les actes sexuels entre personnes consentantes du même sexe sont interdits par la loi et les personnes qui s'identifient comme LGBTQ+ sont victimes de discrimination et de violence.
Seidu Mohammed a dit qu'il était terrifié lorsqu'il a entendu parler de la nouvelle politique. «Cela va mettre beaucoup d'immigrants et de réfugiés en danger, et ils vont y perdre la vie», a-t-il commenté.
Le ministre de l'Immigration, Sean Fraser, a qualifié d'horribles les décès des migrants à Akwesasne et a indiqué qu'ils l'avaient amené à réfléchir à des changements.
«Je n'ai pas d'annonce de changement de politique aujourd'hui, mais je peux vous assurer que je réfléchis très profondément aux changements que nous devrions apporter au Canada», a-t-il déclaré, réfléchissant spécifiquement au fait que les deux enfants décédés avaient des passeports canadiens.
Les enfants étaient âgés d'un et deux ans.
M. Fraser a fait savoir que le gouvernement envisageait d'investir de l'argent dans certaines des causes profondes qui poussent les gens à faire des voyages périlleux à travers des passages frontaliers irréguliers en premier lieu, mais a répété le message du premier ministre sur l'importance d'un système ordonné.
«Nous voulons faire ce que nous pouvons pour promouvoir les possibilités pour les gens de suivre des voies régulières afin qu'ils sachent qu'ils pourront arriver au Canada en toute sécurité, que ce soit par le biais de nos programmes pour les réfugiés, que ce soit par le biais de nos programmes économiques pour être réunis avec leurs familles», a déclaré le ministre Fraser lors d'une conférence de presse à Calgary.