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Les femmes sont les plus touchées par les changements climatiques, mais elles sont aussi les plus résilientes face au phénomène.
Les femmes sont les plus touchées par les changements climatiques, mais elles sont aussi les plus résilientes face au phénomène. C'est ce que constate le Centre d'étude et de coopération internationale (CECI), qui oeuvre depuis plusieurs années à mettre en place des initiatives pour soutenir les femmes de différentes communautés des pays du Sud.
La porte-parole du CECI, Julie Théroux-Séguin, explique que l'organisation traditionnelle des tâches, qu'on observe dans encore plusieurs pays du monde, fait en sorte que les femmes sont plus touchées par les conséquences des changements climatiques. À l'échelle mondiale, 70 % des personnes vivant sous le seuil de la pauvreté sont des femmes, indique d'ailleurs l'organisme.
«On le voit vis-à-vis la charge de travail, notamment lorsque les femmes sont en charge d'aller chercher des ressources naturelles comme de l'eau potable ou du bois pour le feu, note-t-elle. Les changements climatiques vont amener une raréfaction de ces ressources-là, et donc un besoin d'aller plus loin pour en trouver, ce qui alourdit leur charge de travail.
«Celle-ci est aussi plus lourde quand l'accès à l'eau potable se raréfie, parce que
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les risques que la famille contracte une maladie hydrique augmentent, et ce sont les femmes qui vont soigner leurs proches», ajoute Mme Théroux-Séguin.
Par ailleurs, bien qu'elles soient rarement propriétaires d'une terre, les femmes sont grandement impliquées dans la récolte des productions agricoles, qui sont vulnérables face aux aléas climatiques.
«L'apparition d'insectes et de parasites, des vents violents, des sécheresses, des inondations ou des pluies abondantes, par exemple, vont entraîner la disparition de récoltes; pour les femmes, ça signifie le besoin de recommencer le cycle agricole sans avoir bénéficié de celui qui vient de se terminer, note Mme Théroux-Séguin. Dans certains pays, la récolte n'a lieu qu'une fois par année et est une source importante d'alimentation et de revenus pour les familles.»
Pour leur venir en aide, le CECI préconise une approche qui jumelle les connaissances scientifiques au savoir endogène de ces femmes, c'est-à-dire à partir de ce que ces dernières observent sur le terrain.
«Les femmes ont des perspectives et une compréhension différentes de leur environnement et des savoirs ancestraux qui sont passés de personne en personne, témoigne Mme Théroux-Séguin. En utilisant ce qu'elles observent et en utilisant la science pour prévoir les changements météorologiques qui pourraient se produire d'ici quelques années, par exemple, on arrive à de très bons résultats.»
Dans cette veine, le CECI a maillé un groupe de femmes du Sénégal avec un institut scientifique qui a pu leur présenter de nouvelles variétés de bananiers plus résistantes à des températures plus chaudes. «Cela a augmenté leur productivité et a permis à ces femmes de vendre davantage de bananes à l'extérieur de leur consommation», illustre la porte-parole.
Un projet similaire est en cours au Guatemala où on vise à doter les communautés d'un plan d'intervention à court terme pour réagir aux changements climatiques et pour protéger l'accès à des sources d'eau potable.
Puisque les femmes vivent les effets des changements climatiques différemment des hommes, leur réaction face à ceux-ci est aussi différente.
«On a pu l'observer dans le cadre d'un de nos projets au Burkina Faso, où le principal impact des changements climatiques identifié par les hommes, qui s'occupaient des pâturages, était la disparition des plantes fourragères; les femmes, elles, pointaient plutôt du doigt la pénurie d'eau parce qu'elles étaient en charge de la production maraîchère.»
Or, dans plusieurs pays du tiers-monde, les femmes ne sont pas encore suffisamment représentées dans les sphères décisionnelles. «Et si elles n'y sont pas, la perspective des hommes sera davantage considérée», relève la responsable du dossier des droits des femmes et des filles au CECI.
D'où l'importance de soutenir les femmes ou les groupes de femmes afin qu'elles soient davantage présentes dans les processus décisionnels. «Elles ont une perception et une compréhension différente de la situation, c'est pourquoi elles doivent faire partie de la prise de décision», estime Mme Théroux-Séguin.
Le soutien au mouvement féministe dans les pays du Sud est une autre manière d'assurer la résilience des communautés face aux changements climatiques, conclut la porte-parole.