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Elle laisse derrière elle un long héritage dans le répertoire de musique country du Québec, qu'elle a enrichi pendant toute sa vie, dès son enfance.
Renée Martel, la reine du country québécois qui a fait danser les foules yé-yé dans les années 1960, est décédée samedi, ont annoncé Les Productions Leclerc sur la page Facebook de la chanteuse.
Elle était âgée de 74 ans.
Selon le communiqué, Mme Martel s'est éteinte samedi après-midi au centre hospitalier Honoré-Mercier, à Saint-Hyacinthe, à la suite d'une pneumonie sévère non reliée à la COVID-19.
Les hommages ont été nombreux à la suite de l'annonce de son décès. La ministre québécoise de la Culture, Nathalie Roy, l'a saluée sur Twitter comme «une des plus grande chanteuse québécoise qui a enchaîné succès après succès».
Le Festival Western de St-Tite a rendu hommage à la chanteuse sur sa page Facebook en soulignant «cet héritage incroyable laissé à l'univers musical du Québec».
En entrevue à La Presse Canadienne, l'agent et ami de longue date, Martin Leclerc, a dit que «c'était une longue relation d'amitié depuis plus de 15 ans, et j'ai accompagné Renée jusqu'à ses derniers jours, ses derniers moments. J'étais avec elle aujourd'hui et pour moi c'est une grande perte, une grande tristesse».
La blonde chanteuse laisse derrière elle un long héritage dans le répertoire de musique country du Québec, qu'elle a enrichi pendant toute sa vie, dès son enfance.
Ses parents, les chanteurs Noëlla Therrien et Marcel Martel, l'ont initiée à la musique à son plus jeune âge. Si elle poursuit leur passion de la musique country au cours de sa longue et prolifique carrière, ce sont ses succès yé-yé qui l'auront propulsée dans les sommets de la popularité. Ses tubes «Liverpool», «Je vais à Londres» et «Johnny Angel» ont été très populaires à la fin des années 1960.
Elle reviendra bien vite à ses premières amours dans les années 1970 et 1980, avec des succès tels que «Un amour qui ne veut pas mourir», «Si on pouvait recommencer» et «Prends ma main».
Alors qu'elle pensait prendre sa retraite pour de bon à la fin des années 1990 à la suite d'une période difficile, Renée Martel multiplie les albums dans les années 2000. Son album «L'héritage» lui permettra même de remporter le Félix du Spectacle de l'année _ Interprète, un trophée qu'elle ira cueillir avec émotion en 2009.
Dix ans plus tard, en 2019, elle entamera ce qu'elle décrit comme sa «tournée ultime», qu'elle a dû interrompre en raison de l'apparition d'un cancer du sein. L'année suivante, elle annonçait être en rémission. Et en octobre dernier, elle a sorti l'album «Contre vents et marées» réalisé avec le chanteur Paul Deraîche. Tous deux devaient lancer une tournée en mars prochain.
Renée Martel a plusieurs fois été honorée, étant récipiendaire de plusieurs Félix au gala de l'ADISQ et du prix Lucille-Dumont de la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec. Un timbre à son effigie avait également été émis par Postes Canada en 2014. Pascal Allard, un chanteur country, lui dédiera même une chanson: «Je voulais marier Renée Martel».
Née le 26 juin 1947 à Drummondville, Renée Martel baigne dans les ritournelles country depuis son tout jeune âge. Dès l'âge de cinq ans, elle monte sur les planches pour accompagner ses parents à la danse et au chant.
Malgré la vie trépidante de la tournée, son enfance sera marquée par de multiples bouleversements. Dans les premières années de sa vie, elle vivra tour à tour avec ses parents, dans une famille d'accueil et même dans un orphelinat, pendant un an.
«C'est très marquant, même aujourd'hui, je me souviens de ma rentrée, et j'avais 3 ans. J'ai vécu avec ça pendant des années», a-t-elle confié à l'émission radiophonique de René Homier-Roy, «Viens voir les musiciens», en 2015.
Après avoir passé plusieurs années avec ses parents sur scène, Renée Martel devient une chanteuse solo dans les années 1960, à l'époque de la musique yé-yé marquée par les tubes des Baronets, des Classels et de César et les Romains.
Peut-être pour se démarquer de son père, avouera-t-elle plusieurs années plus tard, la chanteuse opte pour ce style musical lorsqu'elle fait ses débuts. C'est son interprétation de «Liverpool» à la populaire émission «Jeunesse d'aujourd'hui» en 1967 qui propulsera sa carrière.
«Moi, j'ai été longtemps «la fille de». Et à un moment donné, mon père est devenu «le père de». Et il a ben haï ça», a-t-elle dit en riant à l'émission «Cette année-là» en décembre 2018.
Sa relation avec son célèbre père a d'ailleurs été par moment orageuse. «Mon père était mon patron, et il ne savait pas faire la différence (...) Mon père n'était pas un bon père dans ma jeunesse», a-t-elle relaté au micro de René Homier-Roy.
«On n'a pas toujours été en guerre, quand même (...) Mais quand la guerre prenait, ce n'était pas drôle.»
Dès les années 1970, Renée Martel revient finalement au country. De son propre aveu, la traduction de la chanson «Never Ending Song of Love», qui devient «J'ai un amour qui ne veut pas mourir», représentera un moment décisif dans sa carrière. C'est son père qui lui avait suggéré de s'approprier cette chanson, et elle était plutôt réticente au début.
«Ça a changé toute ma carrière. Toute ma carrière au complet», a-t-elle relaté à l'émission «Viens voir les musiciens».
Au cours des décennies 1970, 1980 et 1990, la prolifique chanteuse fera paraître une vingtaine d'albums, dont l'un de ses préférés sera «Authentique», sorti en 1992, qu'elle a concocté après une pause professionnelle.
«Je pense qu'au niveau des textes, c'est un des plus beaux que j'ai écrits. Je n'avais plus de tension nulle part», a-t-elle dit à «Viens voir les musiciens».
Renée Martel pense mettre un point final à sa carrière en 1999, alors qu'elle est atteinte d'une maladie pulmonaire et qu'on lui dit qu'elle ne pourra plus chanter. Ce fut un moment difficile pour la chanteuse, puisqu'elle perd son père la même année.
Au gala de l'ADISQ, un Richard Desjardins en pleurs lui dira qu'elle ne peut tout simplement pas cesser de chanter.
En entrevue avec «Le Devoir», elle avait raconté comment elle avait réappris à chanter les années suivantes. «C'est dans mon auto que je me suis réessayée. Je me disais que là, personne ne pourrait m'entendre. Si je tousse, si j'étouffe, si je fausse, si je craque, ce n'est pas grave. Je suis passée à travers une chanson. Et puis une autre. J'étais capable! Ça s'est amélioré petit à petit», a-t-elle confié au journaliste Sylvain Cormier.
En 2008, elle revient en force avec un nouvel album, «L'Héritage», sur lequel elle interprète des textes de Robert Charlebois et de Richard Desjardins _ qui est un grand admirateur de Renée Martel.
L'année 2008 sera marquée par un autre drame dans la vie de la chanteuse. Cette année-là, elle perd son conjoint qui s'enlève la vie.
«J'ai vu un psychiatre... et je le vois encore. Ça ne me gêne pas de le dire parce que (sans aide), j'en serais morte», raconte-t-elle au quotidien «Le Soleil» en 2012.
Dans les années suivantes, la maladie frappe encore la chanteuse, qui doit se battre contre un cancer du foie. En juin 2019, elle est forcée d'interrompre sa tournée «Cowgirl dorée, mon histoire!» pour soigner un cancer du sein.
Malgré toutes ces épreuves, Renée Martel dit qu'elle ne s'est jamais considérée comme une victime de la vie.
«La vie m'a envoyé des choses que j'ai subies et j'ai passé à travers. Mais la vie ne m'en veut pas tant que ça finalement (...) Ce sont des événements qui arrivent à n'importe qui», a-t-elle confié à René-Homier Roy en 2015.
Renée Martel laisse dans le deuil ses deux enfants, Dominique et Laurence.