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Aujourd’hui, une majorité de la population québécoise est ambivalente ou s’oppose à la Couronne.
Des Canadiens célébreront en grand, samedi à Ottawa, le couronnement du roi Charles III. Un événement qui passera toutefois sans tambour ni trompette pour plusieurs francophones au pays.
Pourtant, ils devraient s’y intéresser, puisque le monarque possède une plus grande importance qu’on le pense, selon un expert sur le sentiment d’attachement à la Couronne des Canadiens français.
«Que les Canadiens le veuillent ou non, on risque d’être une monarchie pendant très longtemps», affirme Damien-Claude Bélanger, professeur d’histoire du Canada à l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent notamment sur le sentiment loyaliste des Canadiens français, en déclin depuis le début du XXe siècle.
Aujourd’hui, une majorité de la population québécoise est ambivalente ou s’oppose à la Couronne. Il n’en demeure pas moins que la monarchie «est la plaque tournante de notre système politique», souligne M. Bélanger.
«Il serait probablement plus facile d’abolir la monarchie en Grande-Bretagne qu’au Canada. Parce qu’abolir la monarchie au Canada, c’est remettre en question tous les fondements de notre système constitutionnel», estime le professeur.
Au Canada, la Couronne représente le pouvoir exécutif, et s’en départir signifie qu’il faudrait s’entendre sur une nouvelle institution pour la remplacer, ce qui n’est pas toujours chose facile, selon M. Bélanger. En Allemagne, par exemple, le pouvoir exécutif est détenu par un président, qui possède toutefois moins de pouvoirs que le chancelier.
Et pour que la monarchie soit abolie au Canada, toutes les provinces devraient se mettre d’accord. Selon Damien-Claude Bélanger, plusieurs citoyens qui se disent pour la Couronne au pays sont plutôt pour le statu quo politique du Canada.
Les Canadiens francophones ne se sont pas toujours distingués de leurs homologues anglophones quant à leur attachement à la monarchie. Au XIXe siècle, des Canadiens français nommaient leur petite fille Victoire ou Victoria en l’honneur de la reine.
Pour le professeur d’histoire, l’identification de la Couronne britannique aux anglo-protestants a contribué à ternir le sentiment d’appartenance des francophones à la monarchie, particulièrement à partir des années 1960 au Québec.
«Quand les anglo-protestants se sont servis de la Couronne pour nier les droits des Canadiens français et d'autres groupes, ça a nui aux sentiments royalistes et loyalistes», précise Damien-Claude Bélanger.