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Plusieurs villes d'Ukraine font l'objet d'attaques intenses. Les autorités de Marioupol tirent la sonnette d'alarme sur les conditions insalubres dans la ville portuaire ravagée qui, selon elles, constituent un «danger mortel» pour ses habitants restants.
L'Ukraine a prévenu jeudi que l'offensive russe dans l'est avait pris de l'ampleur, plusieurs villes faisant l'objet d'attaques intenses alors que les forces de Moscou tentaient d'encercler les troupes ukrainiennes.
Pour rappeler le bilan horrible de la guerre depuis qu'elle a commencé le 24 février, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, s'est rendu dans des villes situées à l'extérieur de la capitale, Kyiv, où des preuves de massacres de civils ont été trouvées après le retrait de la Russie de la région.
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, au centre, regarde les maisons détruites par les bombardements russes à Irpin en Ukraine, le jeudi 28 avril 2022. (AP Photo/Efrem Lukatsky)
Les combats se sont accélérés après que la Russie ait soudainement coupé le gaz naturel à deux pays de l'OTAN mercredi, dans ce qui a été considéré comme une tentative de punir et de diviser l'Occident pour son soutien à l'Ukraine avant la bataille potentiellement cruciale dans la région industrielle orientale du Donbass.
L'état-major général de l'armée ukrainienne a indiqué que les forces russes «exerçaient des tirs intenses» à plusieurs endroits alors qu'elles poursuivaient la deuxième phase de leur invasion. L'action la plus intense s'est déroulée autour de Donetsk et près de Kharkiv, qui se trouve à l'extérieur du Donbass, mais est considérée comme la clé de la tentative apparente de la Russie d'y encercler les troupes ukrainiennes.
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L'état-major général a révélé qu'au cours des dernières 24 heures, les forces ukrainiennes ont repoussé six attaques dans le Donbass, dont le contrôle est désormais l'objectif principal de Moscou depuis que son offensive initiale a échoué à prendre la capitale ukrainienne.
Le gouverneur de Louhansk, Serhiy Haidai, a déclaré que l'armée russe avait bombardé la zone résidentielle de sa région «29 fois avec des avions, des lancements de roquettes multiples, des tubes d'artillerie et des mortiers».
Des photos satellites analysées par l'Associated Press ont également fourni des preuves de tirs russes intenses sur Marioupol ces derniers jours. Les images montrent comment des attaques concentrées ont gravement endommagé une installation centrale de l'aciérie d'Azovstal, la dernière redoute des combattants ukrainiens dans la ville clé du champ de bataille.
Cette image satellite de Planet Labs PBC montre des dommages à l'aciérie d'Azovstal à Marioupol, en Ukraine, le mercredi 27 avril 2022. (Planet Labs PBC via AP)
Environ 1000 civils s'abritent avec environ 2000 combattants ukrainiens dans l'aciérie, un immense complexe de l'ère soviétique avec un dédale d'installations souterraines construites pour résister aux frappes aériennes.
Les autorités de Marioupol tirent la sonnette d'alarme sur les conditions insalubres dans la ville portuaire ravagée qui, selon elles, constituent un «danger mortel» pour ses habitants restants.
Le conseil municipal de Marioupol a déclaré jeudi sur l'application de messagerie Telegram que «des épidémies mortelles pourraient éclater dans la ville en raison du manque d'approvisionnement centralisé en eau et d'assainissement, de la décomposition de milliers de cadavres sous les décombres, d'une pénurie catastrophique d'eau potable et de nourriture».
Il a ajouté que la vie des 100 000 personnes qui restent encore à Marioupol, sur 450 000 habitants d'avant-guerre, pourrait être en danger ― craignant des maladies comme le choléra et la dysenterie.
Des volontaires nettoient une rue devant des bâtiments endommagés à Marioupol, dans le territoire sous le gouvernement de la République populaire de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le mercredi 27 avril 2022. Les services municipaux et les volontaires ont commencé à déblayer les décombres et à nettoyer la ville. (AP Photo/Alexeï Alexandrov)
Le message de Telegram citait le maire de Marioupol, Vadym Boychenko, selon qui «les envahisseurs ne sont pas en mesure de fournir de la nourriture, de l'eau et des médicaments à la population restante ― ou ne sont tout simplement pas intéressés par cela». Il a ajouté que «les conditions de vie dans les ruines de Marioupol sont désormais médiévales» et qu'«une évacuation immédiate et complète est nécessaire».
La Russie, quant à elle, a indiqué qu'une ville sous son contrôle dans le sud avait également été la cible de tirs.
Alors que la guerre en est maintenant à son troisième mois, António Guterres a visité jeudi des villes à l'extérieur de Kyiv, dont Boutcha, qui ont connu certaines des attaques les plus horribles de la guerre.
Des militaires ukrainiens installent une mitrailleuse sur le char pendant les travaux de réparation après avoir combattu les forces russes dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le mercredi 27 avril 2022. (AP Photo/Evgeniy Maloletka)
«Les civils paient toujours le prix le plus élevé, a-t-il déclaré lors de sa visite dans la banlieue bombardée d'Irpin. Et c'est quelque chose dont tout le monde devrait se souvenir, partout dans le monde. Partout où il y a une guerre, le prix le plus élevé est payé par les civils.»
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Des preuves d'atrocités ont été découvertes dans les villes visitées par M. Guterres jeudi, après que les Russes se soient retirés de la région face à une résistance ukrainienne plus féroce que prévu, renforcée par les armes occidentales.
Des témoins et des autorités locales affirment qu'au moins trois personnes, dont un enfant, ont été blessées lorsqu'un missile a frappé une zone résidentielle de la ville de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine – la première frappe résidentielle de ce type depuis le début de l'invasion russe.
Ils ont dit qu'il n'y avait pas d'installations militaires à proximité.
Un homme blessé attend les secouristes à la suite d'un bombardement russe à Kharkiv, en Ukraine, le mercredi 27 avril 2022. (AP Photo/Felipe Dana)
Le responsable des services d'urgence, Pavlo Joukov, a déclaré jeudi à l'Associated Press que le missile avait été touché par un système antiaérien ukrainien, faute de quoi les dommages auraient été beaucoup plus importants.
Plusieurs maisons ont été détruites ou endommagées. Un chien a été tué par un éclat d'obus.
La frappe s'est produite alors que les forces russes se rapprochaient de la ville industrielle qui a été un point de passage crucial pour les personnes quittant Marioupol et d'autres villes occupées.
Dans ce qui pourrait être une nouvelle contre-attaque ukrainienne, une série d'explosions a retenti près d'une tour de télévision mercredi soir à Kherson, dans le sud de l'Ukraine, qui est occupée par les forces russes depuis le début de la guerre. Les explosions ont au moins temporairement interrompu les chaînes russes, ont rapporté les agences de presse ukrainiennes et russes.
L'Ukraine a exhorté ses alliés à envoyer encore plus de matériel militaire afin de pouvoir poursuivre son combat.
Le chef de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré jeudi qu'«à ce jour, les alliés de l'OTAN ont promis et fourni au moins 8 milliards $ US de soutien militaire à l'Ukraine. Et nous voyons l'importance d'intensifier encore notre soutien à l'Ukraine.»
Un prêtre bénit les restes de trois personnes décédées pendant l'occupation russe et exhumées des lieux de sépulture temporaires à Bucha, à la périphérie de Kiev, le mercredi 27 avril 2022. (AP Photo/Emilio Morenatti)
Alors que le blitz initial de la Russie a été retardé ― et qu'elle a subi la perte humiliante d'un navire de guerre massif ― le ministère britannique de la Défense a prévenu que la marine russe avait toujours la capacité de frapper des cibles côtières en Ukraine.
Dans un briefing du renseignement publié jeudi matin, le ministère indique qu'une vingtaine de navires de la marine russe, y compris des sous-marins, opèrent actuellement dans la zone de la mer Noire.
Mais le ministère affirme que la Russie n'est pas en mesure de remplacer le croiseur lance-missiles Moskva, qui a coulé plus tôt ce mois-ci dans la mer Noire, car le détroit du Bosphore reste fermé à tous les navires de guerre non turcs. La Russie a également perdu le navire de débarquement Saratov, qui a été détruit par des explosions et un incendie le 24 mars.
Tout en poursuivant sa campagne à l'Est, Moscou a également accentué la pression en tirant parti de son principal produit d'exportation, l'énergie, coupant mercredi la Pologne et la Bulgarie, membres de l'OTAN, de son gaz naturel.
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Les dirigeants européens ont qualifié cette décision de «chantage», affirmant que cette décision et l'avertissement du Kremlin qu'il pourrait cesser les expéditions vers d'autres pays sont une tentative ratée de diviser l'Occident sur son soutien à l'Ukraine.
La tactique contre les deux pays de l'UE pourrait éventuellement forcer les pays ciblés à rationner le gaz et porter un nouveau coup aux économies souffrant de la hausse des prix. Dans le même temps, cela pourrait priver la Russie de revenus dont elle a cruellement besoin pour financer son effort de guerre.
Les coupures de gaz ne mettent pas immédiatement les deux pays en difficulté. La Pologne, en particulier, travaille depuis de nombreuses années pour aligner d'autres fournisseurs, et le continent se dirige vers l'été, rendant le gaz moins essentiel pour les ménages.
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki s'adresse aux médias à la station-service de Gaz-System à Rembelszczyzna, près de Varsovie, en Pologne, le mercredi 27 avril 2022. (AP Photo/Czarek Sokolowski)
Gazprom a déclaré qu'il avait coupé les deux pays parce qu'ils refusaient de payer en roubles, comme le président Vladimir Poutine l'a exigé des nations «inamicales». Le Kremlin a déclaré que d'autres pays pourraient être coupés s'ils n'acceptent pas l'accord de paiement.
Les pays européens ont hésité face à la demande russe de roubles. Moscou a depuis proposé un système qui, selon elle, satisfait sa demande ― mais qui, selon les Européens, signifie qu'ils paient toujours en euros ou en dollars.
«L'Europe (et) l'Allemagne effectueront des paiements en euros et d'autres pourront payer en dollars, et non en roubles, a déclaré mercredi le ministre allemand de l'Économie, Robert Habeck. La conversion, une fois les paiements effectués, relève de Gazprom. Nous en avons discuté avec l'Union européenne. Nous continuerons dans cette voie. »
Pourtant, la coupure et l'avertissement du Kremlin que d'autres pays pourraient être les prochains inquiète l'Union européenne. L'Allemagne est le plus grand acheteur mondial d'énergie russe, et l'Italie est également une consommatrice importante, bien qu'elles aussi aient pris des mesures pour réduire leur dépendance à l'égard de Moscou.