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Société

L'OQLF a écrit six fois à la STM pour qu'elle retire le mot «go» de ses autobus

L'OQLF a défendu ses interactions avec la STM soutenant qu'il agissait en réponse à une plainte.

Le message «Allez! Canadiens Allez!» est affiché devant un autobus de la STM, à Montréal, le jeudi 24 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi
Le message «Allez! Canadiens Allez!» est affiché devant un autobus de la STM, à Montréal, le jeudi 24 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi

L'Office québécois de la langue française (OQLF) a contacté la Société de transport de Montréal (STM) à au moins six reprises au sujet d'une plainte concernant l'utilisation du mot «go» sur les panneaux d'affichage de ses autobus.

Des courriels obtenus par La Presse Canadienne révèlent que l'OQLF a demandé à la STM de lui fournir plusieurs mises à jour au sujet du processus visant à retirer ce mot de certains messages affichés à l'avant de ses autobus.

Le dossier découlant de la plainte est resté ouvert pendant neuf mois à l'OQLF. Il a été fermé une fois que le mot «go» a été retiré de plus de 1000 véhicules.

En avril, le «Montreal Gazette» a mis en lumière que la STM avait remplacé l'expression «Go! Canadiens Go!» sur les panneaux d'affichage de ses autobus par «Allez! Canadiens Allez!» pendant la participation du Tricolore aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley, à la demande de l'OQLF.

Cet article, publié la veille du premier match à domicile du Canadien en séries, a suscité un tollé. Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, a même fait une sortie pour défendre l'expression «Go Habs Go».

À l'époque, l'OQLF avait confirmé avoir contacté la STM pour l'informer de la plainte et lui rappeler ses obligations en vertu de la Charte de la langue française.

Or, il n'avait pas fourni de détails sur la durée de son examen ni sur le nombre de fois où il avait demandé des mises à jour à la société de transport.

Au moins six courriels

La correspondance interne, obtenue par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics, révèle qu'un employé de l'OQLF a envoyé au moins six courriels à la STM entre mai 2024 et janvier 2025.

Ces courriels visaient à informer la société de transport de l'existence d'une plainte et lui demander quelles étaient ses intentions pour remédier au problème.

La plainte, reçue le 29 avril 2024, concernait le message «Go! CF Mtl Go!», en référence au club de soccer CF Montréal, affiché sur les panneaux d'affichage de certains autobus.

En juin 2024, la STM a répondu à l'OQLF que les messages d'encouragement permettent aux chauffeurs de bus de saluer les équipes sportives de la métropole.

Elle a expliqué que l'utilisation du mot «go» permettait de raccourcir le message et d'éviter qu'il ne défile sur les écrans électroniques des autobus.

La STM a tout de même accepté de remplacer le mot «go», mais a averti que le processus pourrait prendre plusieurs mois.

En réponse, l'employé de l'OQLF a demandé pourquoi le changement ne pouvait pas être effectué «en quelques jours, lorsque les véhicules sont au garage». La STM lui a précisé que le message devait être modifié manuellement dans chaque autobus, à l'aide d'une clé USB.

En juillet, l'OQLF a informé la STM que le dossier resterait ouvert tant que le message n'était pas modifié sur tous les véhicules. L'employé de l'Office a effectué deux autres suivis au cours de l'automne et de l'hiver pour demander des informations.

Finalement, en janvier, la société de transport a indiqué que la mise à jour avait été effectuée sur 1002 de ses 1104 autobus, tandis que les 102 autres étaient hors service. L'OQLF a alors accepté de clore la plainte, à condition que tous les autobus restants soient mis à jour avant leur remise en service.

Le ministre au courant?

Dans un courriel transmis à La Presse Canadienne, Gilles Payer, un porte-parole de l'OQLF, a fait valoir que cette correspondance «fait partie du processus normal de traitement d'une plainte».

M. Payer a noté que l'Office n'a jamais reçu de plainte concernant l'expression «Go Habs Go» et n'a jamais été informé que la STM prévoyait de ne plus utiliser le mot «go» dans ses messages d'encouragement envers le Canadien.

Il a ajouté que l'OQLF n'aurait pas donné suite à une plainte concernant le «Go Habs Go», car cette expression est une marque de commerce qui n'a pas besoin d'être traduite.

Par ailleurs, un porte-parole de M. Roberge a mentionné à La Presse Canadienne que le ministre n'était pas au courant de la question avant que le changement ne devienne un sujet d'actualité, en avril.

Cependant, des documents montrent que son propre ministère a été informé de la plainte peu après sa réception et avait l'intention de participer à l'examen. Selon la Charte de la langue française, les plaintes qui concernent des organismes publics doivent être signalées au ministère de la Langue française.

Le ministère n'a pas répondu aux questions concernant son rôle dans le traitement de cette plainte.

Le porte-parole de M. Roberge, Thomas Verville, a rappelé que l'OQLF avait reçu plus de 10 000 plaintes l'an dernier. Il a fait savoir que le ministre n'intervient pas dans le traitement de celles-ci, puisqu'il s'agirait d'une «ingérence politique».

M. Roberge a néanmoins dévoilé en avril qu'il avait eu «plusieurs échanges» avec l'OQLF au sujet du «Go Habs Go». Il a tranché que, «à l’avenir, si une plainte est adressée à l’OQLF concernant l’utilisation de cette expression, elle sera jugée comme non recevable».

M. Roberge a plaidé que l'expression «Go Habs Go» est utilisée «depuis des décennies» par les partisans du Canadien. Il a aussi affirmé que des employés de l'OQLF avaient reçu des menaces en lien avec cette controverse.

Selon M. Verville, il existe une «énorme différence» entre l'utilisation du mot «go» pour encourager le Canadien ou le CF Montréal.

Il a souligné que les partisans du CF Montréal scandent généralement «Allez Montréal» pendant les matchs, tandis que «Go Habs Go» fait partie de la culture québécoise depuis longtemps.

Il a ajouté que M. Roberge s'était exprimé spécifiquement pour défendre l'expression «Go Habs Go», qui ne faisait pas l'objet de la plainte initiale. Il n'a pas précisé si le ministre s'opposait à l'utilisation du mot «go» dans le contexte des messages d'encouragement envers d'autres équipes sportives.

La STM veut des précisions

Un porte-parole de la STM a déclaré que celle-ci était toujours en discussion avec l'OQLF afin d'obtenir la confirmation qu'elle est autorisée à utiliser le mot «go» dans un contexte sportif et qu'elle ne sera pas pénalisée si elle le fait.

La société de transport indique qu'aucun changement ne sera apporté avant l'entretien régulier des autobus à l'automne.