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Le vote au sein de l’organisation mondiale de 193 membres a été de 124 contre 14, avec 43 abstentions, dont celle du Canada. Les États-Unis ont voté contre.
L’Assemblée générale de l’ONU a soutenu massivement mercredi une résolution palestinienne non contraignante exigeant qu’Israël mette fin d'ici un an à sa «présence illicite» dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée.
Le vote au sein de l’organisation mondiale de 193 membres a été de 124 contre 14, avec 43 abstentions, dont celle du Canada. Les États-Unis ont voté contre.
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, a parlé d'un vote «honteux» qui «soutient le terrorisme diplomatique de l’Autorité palestinienne».
M. Danon a estimé qu'«au lieu de marquer l’anniversaire du massacre du 7 octobre en condamnant le Hamas et en appelant à la libération des 101 otages restants, l’Assemblée générale continue de danser au rythme de la musique de l’Autorité palestinienne, qui soutient les meurtriers du Hamas».
La résolution est adoptée alors que la guerre d’Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza approche de son premier anniversaire et que la violence en Cisjordanie atteint de nouveaux sommets. La guerre a été déclenchée par les attaques du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre.
La résolution, qui exige également le retrait de toutes les forces israéliennes et l’évacuation «dans les plus brefs délais» des colons des territoires palestiniens occupés, n’est pas juridiquement contraignante, mais l’étendue de son soutien à l'ONU reflète l’opinion mondiale actuelle. Il n’y a pas de veto à l’Assemblée générale, contrairement au Conseil de sécurité qui compte 15 membres.
Le Canada a opté pour l'abstention, entre autres parce que la résolution ne faisait «aucune mention de la nécessité de mettre fin au terrorisme, qui préoccupe Israël en matière de sécurité». L'ambassadeur Bob Rae a notamment expliqué à l'Assemblée générale que le Canada ne pouvait pas «soutenir une résolution dans laquelle une partie, l’État d’Israël, est tenue seule responsable du conflit».
Cette décision fait suite à un changement dans la façon dont Ottawa vote à l'ONU, et elle a alarmé un important groupe de défense d'Israël tout en suscitant les critiques de deux députés libéraux.
M. Rae a ajouté que, bien qu'il ait reconnu qu'Israël occupait illégalement des territoires palestiniens, le Canada estime que la résolution appelle à l'isolement d'Israël et contient des dispositions sur le boycottage du pays, ce qui, selon lui, ne mènera pas à la paix.
Il a déclaré que la violence en Israël et dans les territoires qu’il occupe est «un conflit dans lequel tout le monde dans cette salle sait que de nombreux autres États et acteurs non étatiques sont également directement impliqués».
Les députés libéraux Anthony Housefather et Marco Mendicino ont déclaré que le Canada aurait dû voter contre la résolution «manifestement unilatérale», arguant que l'abstention ne fait pas progresser les conditions de paix ou ne reconnaît pas adéquatement le droit d'Israël à exister.
Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) a fait valoir que le Canada avait violé mercredi une déclaration de la délégation de l'ambassadeur Rae publiée en novembre dernier, selon laquelle le Canada rejetterait les motions ciblant injustement Israël.
«Le Canada réitère l'importance d'une approche équitable aux Nations unies et continuera de voter 'non' aux résolutions qui n'abordent pas la complexité des problèmes ou ne cherchent pas à aborder les actions et les responsabilités de toutes les parties, y compris le rôle destructeur des organisations terroristes comme le Hamas, le Djihad islamique palestinien et le Hezbollah», peut-on lire dans la déclaration du 9 novembre 2023.
Cette déclaration a été publiée alors que le Canada s'est abstenu sur une motion appelant à une «trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue» à Gaza. Les analystes ont noté que le Canada a généralement voté contre les motions de l'ONU axées sur Israël, comme les États-Unis continuent de le faire.
Un mois plus tard, le Canada a rompu avec la tradition en votant en faveur d'une motion de l'ONU demandant un «cessez-le-feu immédiat» sans condamner spécifiquement le Hamas.
En réaction au vote de mercredi, le CIJA a fait valoir que le Canada récompense le Hamas en s'abstenant et en ne votant pas contre la motion. «Le Canada a rompu sa promesse et a fait passer l'opportunisme politique avant le principe», a écrit le groupe dans un communiqué.
La résolution onusienne fait suite à une décision de la Cour internationale de justice, qui a conclu en juillet que la présence d’Israël dans les territoires palestiniens était illégale et devait cesser.
Dans sa condamnation sans appel de la domination d’Israël sur les terres conquises pendant la guerre de 1967, la plus haute instance judiciaire de l'ONU a déclaré qu’Israël n’avait aucun droit à la souveraineté sur les territoires palestiniens et que l'État hébreu violait les lois internationales interdisant l’acquisition de ces terres par la force.
L’avis de la Cour internationale n’est pas non plus juridiquement contraignant. Néanmoins, les Palestiniens ont rédigé leur résolution à l'Assemblée générale de l'ONU pour tenter de mettre en œuvre cette décision, affirmant que «l’utilisation abusive persistante de sa position en tant que puissance occupante à laquelle Israël se livre» rendait illicite sa présence dans le territoire palestinien occupé.
Riyad Mansour, l’ambassadeur palestinien à l’ONU, a souligné que tout pays qui pense que le peuple palestinien «acceptera une vie de servitude» ou qui prétend que la paix est possible sans une solution juste au conflit israélo-palestinien n’est «pas réaliste».
Il estime que la solution réside toujours dans l'établissement d'un État palestinien indépendant basé sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, vivant côte à côte en paix et en sécurité avec Israël.
L’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Linda Thomas Greenfield, qui a voté contre, a déclaré aux journalistes que la résolution présentait «un nombre important de défauts», affirmant qu’elle allait au-delà de la décision de la Cour internationale. La résolution ne reconnaît pas non plus que «le Hamas est une organisation terroriste» qui contrôle la bande de Gaza et qu’Israël a le droit de se défendre, a-t-elle déclaré.
«Selon nous, la résolution n’apporte pas d’avantages tangibles à tous les niveaux pour le peuple palestinien», a indiqué Mme Thomas-Greenfield. «Je pense qu’elle pourrait compliquer la situation sur le terrain, compliquer ce que nous essayons de faire pour mettre fin au conflit, et je pense qu’elle empêche de revigorer les mesures vers une solution à deux États.»
La résolution demande aussi à Israël de payer des réparations aux Palestiniens pour les dommages causés par son occupation et exhorte les pays à prendre des mesures pour empêcher le commerce ou les investissements qui maintiennent la présence israélienne dans les territoires.
Elle exige également qu’Israël soit tenu responsable de toute violation du droit international, que des sanctions soient imposées aux personnes responsables du maintien de la présence israélienne dans les territoires et que les pays mettent fin aux exportations d’armes vers Israël si elles sont soupçonnées d’y être utilisées.
M. Mansour a déclaré qu’un premier projet palestinien de résolution exigeait qu’Israël mette fin à son occupation dans les six mois, mais qu’il avait été révisé en réponse aux préoccupations de certains pays qui souhaitaient augmenter le délai à un an.
L'ambassadeur palestinien a admis qu'il était fort probable qu’Israël ne prêterait pas attention à la résolution.