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Au terme du travail acharné des pompiers, ces deux instruments — un piano Fazioli et un clavecin Kirckman datant de 1772 — ont pu être extirpés des décombres de l'immeuble.
Lorsqu'il a été confirmé que personne n'est mort ou n'a été blessé gravement lors de l'incendie majeur du monastère du Bon-Pasteur, qui a brûlé pendant plus de 40 heures cette semaine au centre-ville de Montréal, l'attention s'est vite tournée vers deux instruments d'une grande valeur qui se trouvaient dans la chapelle.
Au terme du travail acharné des pompiers, ces deux instruments — un piano Fazioli et un clavecin Kirckman datant de 1772 — ont pu être extirpés des décombres de l'immeuble encore fumant samedi, ce qui fait en sorte qu'il est encore possible de croire qu'ils pourront être réparés et utilisés à nouveau lors de concerts.
Le directeur de la programmation de la Chapelle du Bon-Pasteur, Simon Blanchet, a d’ailleurs vécu un moment fort en émotions lorsque le technicien du piano, Oliver Esmonde White, a joué quelques accords sur le Fazioli tout juste avant qu'il ne soit déplacé.
«Au moins, il sonnait, il jouait. Donc ça, c'est quand même positif. Effectivement, il y a encore de l’espoir», a-t-il souligné au bout du fil lors d’une entrevue avec La Presse Canadienne.
Les deux instruments, en particulier le piano, ont tout de même subi des dommages en raison de l'humidité. Ils devront donc être séchés complètement avant de pouvoir être évalués pleinement.
Cependant, puisque les deux instruments étaient bien protégés par des couvertures lors de l’incendie, M. Blanchet a bon espoir qu’ils pourront retrouver toute la gloire qui faisait leur réputation avant le déclenchement du brasier.
«Je pense que les nouvelles sont assez bonnes. Les instruments étaient bien protégés, donc ça nous a permis de les déménager et de les mettre dans un endroit sécuritaire. Donc ça, c'est vraiment très bien», a-t-il ajouté.
Le clavecin Kirckman de 1772 a aussi été transféré dans un atelier, où le spécialiste Benoît Beaupré demeure optimiste quant à la suite des choses.
Si de l'humidité a bien pénétré jusque dans l'instrument, il semble que l’eau n’ait pas réussi à se frayer un chemin jusqu'à l'intérieur, ce qui aurait eu l’effet néfaste de le déformer ou de le pourrir.
Selon M. Beaupré, quelques taches sont maintenant visibles sur le vernis et la marqueterie décorative du clavecin, tandis que la colle utilisée a peut-être perdu un peu de sa rigidité. Il semble toutefois que la plupart des dommages soient esthétiques, ce qui fait que l'instrument lui paraît «tout à fait réparable», a-t-il affirmé dimanche.
«Il va falloir attendre que l'humidité sorte de l'instrument et qu'il soit vraiment sec, après quoi on va pouvoir repasser à travers toute la mécanique, refaire le tour de l'instrument pour s'assurer que tout est en bonne forme et réajuster tout ce qui a besoin d'être réajusté. Ensuite, pour les dommages esthétiques à l'extérieur, c'est un moindre mal», a-t-il analysé.
«On va faire de notre mieux pour lui faire retrouver sa gloire», a ajouté M. Beaupré, qui dirige un atelier aux côtés de son père, Yves.
En plus d'être l'un des plus anciens clavecins au Canada, l'instrument vieux de 250 ans possède des caractéristiques spéciales qui ont été ajoutées au moment de sa construction, ce qui lui confère un son unique, a expliqué M. Beaupré.
«C’est un instrument très particulier, on n’en a vraiment pas deux comme celui-là au Québec ni au Canada. En fait, ni vraiment dans le monde», a-t-il mentionné.
De son côté, M. Blanchet a avoué que la survie des instruments est venue apporter un petit baume au terme d’une semaine qui a été très éprouvante, lors de laquelle les musiciens de Montréal ont perdu l'une de leurs plus importantes salles de concert.
Si la salle qui était maintenant située dans la chapelle était reconnue pour son ambiance chaleureuse et pour donner une première chance à des musiciens émergents, l’ambiance qui y régnait samedi était bien différente.
«C’était une vraie scène d'apocalypse, c'est le mot qui décrit bien l'atmosphère quand on est entré. L'eau coulait de partout à partir des plafonds et tout est détruit. C’était comme un lac», a-t-il raconté.
L'incendie s'est déclaré jeudi après-midi dans cet édifice construit au XIXe siècle, qui comprend aussi une résidence pour personnes âgées, une coopérative d'habitation et une garderie, en plus de la salle de concert.
Le brasier s’est rapidement propagé sous le toit et a nécessité l'intervention de quelque 150 pompiers qui ont combattu les flammes pendant 42 heures.
La cause de l'incendie et l'estimation des dommages n’étaient toujours pas connues samedi. Le travail pour apporter des réponses à ces questions devrait s’amorcer lundi.
Bien qu'il soit heureux que personne n'ait été blessé dans l’incendie, M. Blanchet a néanmoins rappelé que les membres de la communauté artistique sont en «deuil» à la suite de la perte de cet espace de concert et qu’ils doivent maintenant trouver de nouveaux endroits pour se produire.