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Au Québec, de plus en plus de maisons d'édition publient des auteurs autochtones, notamment Mémoire d'encrier, Prise de parole, les Éditions du Remue-Méninges et Écosociété, pour ne nommer que celles-là.
Le 23 avril est décrété Journée mondiale du livre et du droit d'auteur par l'UNESCO. Cette année, cette célébration de la littérature met de l'avant les langues autochtones dans l'optique de «défendre et promouvoir la diversité linguistique».
Au Québec, de plus en plus de maisons d'édition publient des auteurs autochtones, notamment Mémoire d'encrier, Prise de parole, les Éditions du Remue-Méninges et Écosociété, pour ne nommer que celles-là.
Pionnières dans ce domaine, les Éditions Hannenorak, sises à Wendake dans la région de Québec, disposent d'une collection trilingue. Selon son cofondateur et directeur, Daniel Sioui, la littérature autochtone connaît un essor fulgurant, notamment grâce à la notoriété du journaliste et auteur d'origine innu Michel Jean.
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«La situation n'est pas du tout la même qu'il y a 15 ans. À l'époque, c'étaient surtout des touristes qui voulaient connaître notre culture un peu plus, relate M. Sioui. Maintenant, tout le monde semble s'intéresser à la littérature autochtone, comme les autres livres.»
Cette popularité fait en sorte que le milieu du livre autochtone n'est plus isolé, mais bien part entière de l'univers littéraire québécois, selon Daniel Sioui.
«Il y a un intérêt de toutes les maisons à avoir des auteurs autochtones qui publient chez elles, constate-t-il. Et c'est tant mieux, parce que notre littérature ne s'adresse pas seulement aux auteurs ou aux lecteurs autochtones, notre lectorat principal, ce sont tous les Québécois.»
Il serait difficile et peu rentable de publier des livres uniquement en langue autochtone, estime l'éditeur de Wendake. «Il n'y aurait pas assez de lectorat pour qu'on traduise un roman, d'autant plus qu'il manque de traducteurs et qu'il n'y a pas de standardisation dans les langues, dit-il. Chaque communauté a son dialecte.»
M. Sioui croit tout de même que la littérature autochtone sert à ralentir le «glissement» des langues dans l'oubli.
Les Nations unies rappellent qu'une majorité de langues parlées par des peuples autochtones à travers le monde sont en voie de disparition rapide.
L'autrice, poétesse et dramaturge d'origine innue Soleil Launière estime pour sa part que les langues autochtones ne sont pas en train de mourir; au contraire, elles «renaissent», à la manière de la nature qui repousse après un grand incendie. «On a brûlé le territoire, mais tout est en train de renaître, croit-elle. La langue n'est jamais morte, elle a toujours été là.»
C'est dans son processus d'écriture que l'artiste découvre sa langue maternelle, qu'elle n'avait pas apprise auparavant. «Josephine Bacon m'a déjà dit que la langue vit tout de même à travers moi, que mon corps parle ma langue même si je ne la connais pas, et j'avais trouvé ça beau», relate Mme Launière.
«C'est important pour moi de mettre [ma langue] de l'avant dans mes textes, même si ce ne sont que quelques mots, poursuit-elle. Juste que le titre de mon livre soit en innu-aimun, c'était vraiment important.»
L'art, et la littérature notamment, est une manière de contribuer à la survivance de ces dialectes, généralement transmis oralement de génération en génération.
Adoptée par un couple de Québécois quelques jours à peine après sa naissance, la poétesse et auteure Maya Cousineau Mollen se réapproprie la langue maternelle qu'elle n'a pas eu l'occasion d'apprendre à travers son art. «J'écoute de la musique en innu, je le lis à voix haute et j'essaie d'en intégrer des mots dans ma poésie, relate-t-elle. C'est un peu comme ça que je me réapproprie ma langue.»
Les lectures publiques et les rencontres d'auteur sont, pour Mme Cousineau Mollen, des opportunités de communiquer sa langue et sa culture au public qui, aussi bien au Québec qu'à l'étranger, leur portent un intérêt croissant.
«Outre la langue, il y a toute notre histoire en arrière qui est difficile pour la société québécoise à entendre ou à accepter, détaille l'auteure. La poésie est une manière très diplomatique pour moi d’expliquer ces choses difficiles. Ça rejoint les gens, ça éveille chez eux des émotions et ils sont curieux de venir discuter, d’éclaircir un malaise sans se sentir jugés.»