Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Justice

«Je n'ai pas vu de gestes déplacés»: la soeur de Gilbert Rozon le défend à son procès

Lucie Rozon a parlé de sa relation avec son frère, tant professionnelle que personnelle, et de son attitude générale envers les femmes.

Reportage :
/ Noovo Info
Texte :
/ Noovo Info

Le procès de Gilbert Rozon pour agressions sexuelles a repris mardi au palais de justice de Montréal après une pause d'une trentaine de jours avec le témoignage de la soeur de l'accusé, Lucie Rozon, appelée à la barre par la défense.

Questionnée sur l'attitude de l'ex-magnat de l'humour envers les femmes, Lucie Rozon a affirmé qu'il est «sûr que Gilbert [Rozon] aime les femmes», qu'il est «un séducteur» et qu’elle l’a vu faire des compliments. Mais Mme Rozon a aussi dit qu'elle n'a jamais vu son frère poser des gestes déplacés.

Mme Rozon a insisté sur le fait qu'elle n'avait jamais eu connaissance de gestes de la sorte et que personne n'est venu lui parler de quoi que ce soit.

«Faire des compliments, ce n'était pas illégal. Je n'ai pas vu de gestes déplacés.»
- Lucie Rozon lors de son témoignage au procès de son frère, Gilbert Rozon

Si Lucie Rozon n'a jamais vu de «gestes déplacés», la réalité perçue par d'autres témoins, elle, est toute autre. Des de victimes alléguées se sont accumulés depuis le début du procès.

Entre autres: une femme du milieu artistique, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, a raconté en février que Gilbert Rozon l’aurait agressée entre 1992 et 1998. Il l'aurait «sodomisée comme une brute» après une visite au restaurant.

À voir aussi | «Comme une brute»: un autre témoignage choquant au procès de Gilbert Rozon

Véronique Moreau, qui a été en couple avec le fondateur de Juste pour rire pendant douze ans, a aussi témoigné. Elle a raconté qu’elle travaillait à l’accueil de Juste pour rire, lorsque leur relation amoureuse a commencé à l’été 1989. Elle avait 17 ans, Gilbert Rozon en avait 34. Ils se laissent une première fois, puis se remettent en couple. Les multiples viols seraient survenus entre 1997 et 2001.

La comédienne Salomé Corbo, elle, dit avoir été agressée par le magnat de l’humour alors qu’elle n’avait que 13 ans. L’agression se serait produite à la fin du festival de l’été 1990 lors d’un party. Elle dit être passée saluer Gilbert Rozon, qui aurait alors tenté de l’embrasser et qui aurait ensuite mis sa main sous sa robe, l’aurait attrapé par l’entre-jambe et qu’il aurait inséré un doigt sous sa culotte.

Oeuvrer pour Juste pour rire

En première partie du témoignage de Lucie Rozon, mardi avant-midi, il a surtout été question de son parcours professionnel. 

Elle a affirmé avoir rallié les rangs du groupe Juste pour rire en 1990 alors que son frère, qui est à la tête du groupe, lui tend la main pour la sortir de divers problèmes, dont des enjeux de toxicomanie.

Mme Rozon a expliqué avoir occupé différents postes au fil des ans et avoir tranquillement grimpé les échelons au sein de l'entreprise. Elle précise avoir pratiquement toujours travaillé avec ses sœurs, dont Martine et sa jumelle Luce.

C'est en mai 2018 que Lucie Rozon a été congédiée par les productions Juste pour rire, tout comme ses trois autres sœurs Luce, Martine et Constance. Mme Rozon a affirmé au tribunal avoir vécu «une dépression profonde» à la suite de ce congédiement.

«J'ai perdu pied totalement, j'étais une loque humaine», a-t-elle dit.

«Il a transformé notre destinée»

Interrogée sur la nature de sa relation avec Gilbert Rozon, Lucie Rozon affirme qu'elle est «excellente». «On a de belles discussions, on est très proche», a-t-elle dit précisant qu'il n'y avait pas eu de dissension dans la famille après que des femmes aient allégué en 2017 avoir été agressées sexuellement par Gilbert Rozon.

Concernant la relation professionnelle qu'elle entretenait avec son frère, Lucie Rozon a déclaré qu'il était «un patron exceptionnel».

«Il ne se donne pas grand cours pour faire le métier qu'on fait. Gilbert faisait confiance aux gens, à leur intelligence. On avait carte blanche et si on commettait une erreur, il ne venait pas nous engueuler. Il nous donnait les cartes pour grandir», a-t-elle raconté ajoutant «Il a transformé notre destinée».

Lucie Rozon a affirmé avoir entendu «tout et n'importe quoi» depuis 2017 [moment où les allégations à l'endroit de Rozon sont sorties publiquement­] concernant l'ambiance de travail, mais qu'elle se sent «privilégiée» d'avoir pu travailler à Juste pour rire. «Il n’y a pas un jour de ma vie que je n’avais pas hâte de rentrer au bureau. Je le dis haut et fort, c’était vraiment le fun», a-t-elle insisté.

Mme Rozon a précisé lors de son témoignage que Gilbert Rozon était souvent absent des bureaux de Juste pour rire alors qu'il partait en voyage d'affaires, parfois pendant un mois, un mois et demi, notamment du côté de la France. Elle ajoute qu'il était impossible de voir Gilbert Rozon entre les mois de mai à juillet. «Il commence à 7h le matin, il a des réunions toutes les heures, parfois deux, trois réunions en même temps, c’est la folie. Quand tu veux parler à Gilbert, arme-toi de patience», a-t-elle dit.

Retour d'une longue pause

Le procès de Gilbert Rozon avait été suspendu le 10 mars dernier parce que les avocats de l'ancien patron de Juste pour rire voulaient demander la permission d’infirmer une décision sur la nature de leurs questions aux victimes alléguées. Le 11 avril dernier, la Cour d'appel du Québec accueillait la requête des demanderesses visant à faire rejeter la demande présentée par les avocats de Gilbert Rozon.

Dans toute cette affaire, le total des montants réclamés à Gilbert Rozon, en additionnant toutes les poursuites individuelles, s'élève à 13,8 millions de dollars.

Les demanderesses sont Lyne Charlebois, Guylaine Courcelles, Annick Charrette, Anne-Marie Charrette, Patricia Tulasne, Danie Frenette, Sophie Moreau, Martine Roy et Marylena Sicari. 

Si tout se déroule comme prévu, d'autres sœurs de Gilbert Rozon comparaîtront d'ici la fin du procès. Gilbert Rozon doit aussi témoigner. Le procès fera place ensuite aux experts, puis aux plaidoiries des avocats et finalement au jugement final.

Avec des informations de Guillaume Théroux et Audrey Bonaque pour Noovo Info.

Reportage :
/ Noovo Info
Texte :
/ Noovo Info