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International

Israël s'apprête à élargir son offensive à Gaza

Les forces israéliennes ont largué des tracts avertissant les Palestiniens de fuir certaines parties du sud de la bande de Gaza, selon des habitants jeudi, signalant une possible extension de leur offensive.

Des Palestiniens montent sur une charrette tirée par un âne à Rafah, dans la bande de Gaza, le jeudi 16 novembre 2023.
Des Palestiniens montent sur une charrette tirée par un âne à Rafah, dans la bande de Gaza, le jeudi 16 novembre 2023.
/ Associated Press

Les forces israéliennes ont largué des tracts avertissant les Palestiniens de fuir certaines parties du sud de la bande de Gaza, selon des habitants jeudi, signalant une possible extension de leur offensive à des zones où des centaines de milliers de personnes ayant respecté les ordres d'évacuation antérieurs s'entassent dans des abris gérés par l'ONU et dans des maisons familiales.

Pendant ce temps, les soldats ont continué à fouiller l'hôpital Shifa, dans le nord du pays, dans le cadre d'un raid qui a commencé tôt mercredi. Ils ont montré des armes qu'ils disent avoir trouvées cachées dans un bâtiment, mais n'ont pas encore donné de preuves de l'existence du centre de commandement central du Hamas qui, selon Israël, est dissimulé sous le complexe. Le Hamas et le personnel de l'hôpital, le plus grand de Gaza, nient ces allégations.

L'élargissement des opérations au sud ― où Israël effectue déjà des raids aériens quotidiens ― menace d'aggraver une crise humanitaire déjà sévère dans le territoire assiégé. Plus de 1,5 million de personnes ont été déplacées à l'intérieur de la bande de Gaza, la plupart ayant fui vers le sud, où la nourriture, l'eau et l'électricité sont de plus en plus rares.

Il n'est pas certain qu'elles puissent aller ailleurs, l'Égypte refusant d'autoriser un transfert massif sur son sol.

La guerre, qui en est à sa sixième semaine, a été déclenchée par une vaste attaque du Hamas contre le sud d'Israël le 7 octobre, au cours de laquelle les militants ont tué plus de 1200 personnes, pour la plupart des civils, et capturé quelque 240 hommes, femmes et enfants. Israël a réagi par une campagne aérienne de plusieurs semaines et une invasion terrestre du nord de la bande de Gaza, promettant de chasser le Hamas du pouvoir et d'écraser ses capacités militaires.

Selon les autorités sanitaires palestiniennes, plus de 11 200 Palestiniens ont été tués, dont deux tiers de femmes et de mineurs. Deux mille sept cents autres sont portés disparus, la plupart d'entre eux étant probablement ensevelis sous les décombres. Le décompte officiel ne fait pas de distinction entre les morts civils et militants, et Israël affirme avoir tué des milliers de militants.

La guerre a attisé les tensions ailleurs. Jeudi, des hommes armés ont tiré sur quatre personnes et les ont blessées à un poste de contrôle sur la route principale reliant Jérusalem aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée.

Les trois assaillants ont été tués, selon la police, qui a déclaré que les assaillants avaient des fusils d'assaut, des armes de poing et des hachettes et qu'ils préparaient une attaque de grande envergure à Jérusalem.

Quelques armes, mais pas de tunnels pour l'instant

Les troupes israéliennes ont pris d'assaut le plus grand hôpital de Gaza mercredi, à la recherche de traces du Hamas à l'intérieur et sous l'établissement, où des nouveau-nés et des centaines d'autres patients ont souffert pendant des jours sans électricité ni autres nécessités de base.

Sur cette image tirée d'une vidéo publiée par les Forces de défense israéliennes le mardi 15 novembre 2023, des soldats israéliens marchent dans le quartier de l'hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza. L'armée israélienne a publié mardi des images qui, selon elle, montrent l'activité opérationnelle conjointe de deux brigades militaires dans leur progression sur le terrain dans la bande de Gaza.
Sur cette image tirée d'une vidéo publiée par les Forces de défense israéliennes le mardi 15 novembre 2023, des soldats israéliens marchent dans le quartier de l'hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza. L'armée israélienne a publié mardi des images qui, selon elle, montrent l'activité opérationnelle conjointe de deux brigades militaires dans leur progression sur le terrain dans la bande de Gaza.

Les troupes ont fouillé les niveaux souterrains de l'hôpital jeudi et ont arrêté les techniciens responsables du fonctionnement de l'équipement, a déclaré le ministère de la Santé dans la bande de Gaza dirigée par le Hamas dans un communiqué.

L'armée a indiqué que ses soldats étaient accompagnés par des équipes médicales qui apportaient des couveuses et d'autres fournitures.

Après avoir encerclé Shifa pendant plusieurs jours, Israël doit prouver que le Hamas a utilisé les patients, le personnel et les civils qui s'y trouvaient pour couvrir ses combattants. Cette allégation, que les États-Unis ont déclaré étayer par des renseignements, s'inscrit dans le cadre plus large de l'accusation portée par Israël contre le Hamas, qui utilise les Palestiniens comme boucliers humains. 

L'armée a diffusé une vidéo de l'intérieur de Shifa montrant trois sacs de sport qu'elle dit avoir trouvés cachés autour d'un laboratoire d'IRM, chacun contenant un fusil d'assaut, des grenades et des uniformes du Hamas, ainsi qu'un placard contenant un certain nombre de fusils d'assaut sans chargeurs de munitions. L'Associated Press n'a pas pu vérifier de manière indépendante les affirmations israéliennes selon lesquelles les armes ont été trouvées à l'intérieur de l'hôpital.

Cette image tirée d'une vidéo publiée par les Forces de défense israéliennes, le mercredi 15 novembre 2023, montre un gilet pare-balles avec un insigne du Hamas qui a été trouvé avec des armes qui, selon Tsahal, ont été trouvées dans un cabinet médical du centre IRM de hôpital al-Shifa dans la ville de Gaza.
Cette image tirée d'une vidéo publiée par les Forces de défense israéliennes, le mercredi 15 novembre 2023, montre un gilet pare-balles avec un insigne du Hamas qui a été trouvé avec des armes qui, selon Tsahal, ont été trouvées dans un cabinet médical du centre IRM de hôpital al-Shifa dans la ville de Gaza.

Le Hamas et les autorités sanitaires de Gaza nient que des militants opèrent à Shifa, un hôpital qui emploie quelque 1500 personnes et compte plus de 500 lits. Les Palestiniens et les groupes de défense des droits de l'homme accusent Israël de mettre en danger les civils de manière inconsidérée.

Munir al-Boursh, un haut fonctionnaire du ministère de la Santé de Gaza à l'intérieur de l'hôpital, a déclaré que les troupes ont saccagé le sous-sol et d'autres bâtiments, et qu'elles ont interrogé et scanné les visages des patients, du personnel et des personnes réfugiées dans l'établissement.

Les forces israéliennes ont combattu les militants à l'extérieur de l'hôpital pendant des jours, mais aucun rapport n'a fait état de tirs de militants depuis l'intérieur de Shifa, ni de combats à l'intérieur de l'hôpital après l'entrée des troupes israéliennes.

Le ministère de la Santé a indiqué que 40 patients, dont trois bébés, sont morts depuis que la génératrice de secours de Shifa est tombée en panne sèche samedi. Aucune information n'a été donnée sur l'état de santé de 36 autres bébés, dont le ministère avait déclaré plus tôt qu'ils risquaient de mourir.

Regard vers le sud

Les tracts, largués dans les zones situées à l'est de la ville méridionale de Khan Younis, avertissaient les civils d'évacuer les lieux et déclaraient que toute personne se trouvant à proximité de militants ou de leurs positions «mettait sa vie en danger». Des tracts similaires ont été largués au-dessus du nord de la bande de Gaza pendant des semaines avant l'invasion terrestre.

Deux journalistes vivant à l'est de Khan Younis ont confirmé avoir vu les tracts. D'autres ont partagé des images des tracts sur les médias sociaux. L'armée s'est refusée à tout commentaire.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a prévenu mercredi que l'opération terrestre finirait par «inclure le nord et le sud. Nous frapperons le Hamas où qu'il se trouve».

Alors qu'Israël annonce une offensive de plus grande envergure, il n'a pas encore présenté de plan à long terme, si ce n'est qu'il a déclaré qu'il maintiendrait indéfiniment le contrôle de la sécurité sur Gaza. 

À lire également : Dossier spécial Noovo Info | Comprendre la guerre Israël-Hamas

Les États-Unis ont exhorté Israël à ne pas réoccuper le territoire, dont il a retiré les soldats et les colons en 2005, et soutiennent la création à terme d'un État palestinien englobant Gaza et la Cisjordanie occupée, ce qui est également l'aspiration de longue date des Palestiniens. Le gouvernement israélien était fermement opposé à la création d'un État palestinien avant même la guerre.

L'armée affirme avoir largement consolidé son contrôle sur le nord, notamment en saisissant et en démolissant des bâtiments gouvernementaux. Une vidéo publiée par l'armée jeudi montre des soldats se déplaçant entre des bâtiments lourdement endommagés à travers des trous creusés dans leurs murs.

L'armée a déclaré avoir fait exploser une résidence appartenant à Ismail Haniyeh, un haut dirigeant du Hamas basé à l'étranger. Il n'était pas clair si quelqu'un se trouvait à l'intérieur du bâtiment.

La plupart des 2,3 millions d'habitants de Gaza étant entassés dans le sud du territoire, les résidents affirment que le pain est rare et que les rayons des supermarchés sont vides. Les familles cuisinent au feu de bois, faute de combustible. L'électricité centrale et l'eau courante sont coupées depuis des semaines.

L'aggravation de la pénurie de carburant menace de paralyser l'acheminement des services humanitaires et de couper les services de téléphonie mobile et d'Internet.

Mercredi, Israël a autorisé l'entrée d'une petite quantité de carburant dans la bande de Gaza, pour la première fois depuis le début de la guerre, afin que l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens puisse continuer à acheminer des quantités limitées d'aide.

Le carburant ne peut être utilisé pour les hôpitaux ou pour dessaler l'eau, et couvre moins de 10 % de ce dont l'agence a besoin pour maintenir ses activités de sauvetage, a déploré Thomas White, directeur de l'agence à Gaza.