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Les procureurs ont demandé au tribunal de déclarer Mme Le Pen coupable et de lui infliger une amende de 300 000 euros.
Le procès de Marine Le Pen s'est conclu sur une question importante: la principale figure de l'extrême droite française pourra-t-elle se présenter à la prochaine élection présidentielle?
L'avocat de la défense s'est exprimé mercredi pour la dernière fois au procès de Marine Le Pen, accusée d'avoir détourné des fonds du Parlement européen. Rodolphe Bosselut a annoncé que sa cliente plaidait non coupable.
Le tribunal de Paris a requis une peine de deux ans de prison. Il devrait rendre son verdict au printemps prochain. S'il la juge coupable, il pourrait déclarer Mme Le Pen inadmissible à toute fonction publique. Cela pourrait semer des doutes sur son avenir politique et bouleverser la course électorale pour succéder à Emmanuel Macron en 2027.
Le Rassemblement national et 25 de ses responsables, dont Mme Le Pen, sont accusés d'avoir utilisé des fonds destinés à des assistants parlementaires de l'Union européenne pour rémunérer des collaborateurs ayant travaillé pour le parti entre 2004 et 2016, en violation des règles de l'Union européenne. Le Rassemblement national s'appelait à l'époque le Front national.
Les procureurs ont demandé au tribunal de déclarer Mme Le Pen coupable et de lui infliger une amende de 300 000 euros (soit environ 445 000 $ CAN) et trois années supplémentaires de prison avec sursis. Ils ont exigé que la période d'inadmissibilité prenne effet immédiatement, que Mme Le Pen fasse appel ou non.
M. Bosselut a déclaré qu'il cherche à convaincre la cour que les actions de Mme Le Pen «étaient ordinaires, banales, pratiquées par tous les partis d'opposition européens similaires (...) et sans intention frauduleuse, précisément parce qu'elles étaient considérées comme acceptées et non interdites».
Il a également affirmé que les demandes des procureurs étaient comme «une arme de destruction massive du jeu démocratique», ajoutant qu'une décision interdisant à Mme Le Pen de se présenter aux élections aurait des «conséquences irrémédiables et irréparables».
Pendant le procès, Mme Le Pen a dit qu'elle avait le sentiment que les procureurs ne cherchaient qu'à l'empêcher de se présenter à l'élection présidentielle de 2027.
Elle est arrivée deuxième, derrière le président Emmanuel Macron, aux deux derniers scrutins, en 2017 et en 2022, et le soutien électoral de son parti s'est accru ces dernières années.
Les procureurs ont également demandé un verdict de culpabilité pour tous les autres coaccusés, y compris diverses peines allant jusqu'à un an de prison et une amende de 2 millions d'euros pour le parti.
La procureure Louise Neyton a déclaré que l'enquête judiciaire a montré que les actes frauduleux présumés «sont sans précédent en raison de leur ampleur, de leur durée et de leur caractère organisé, optimisé et systémique». Elle a affirmé que «les faits ont porté une atteinte grave et durable aux règles du jeu démocratique européen, mais surtout français, et à la transparence de la vie publique».
Mme Le Pen a nié les accusations selon lesquelles elle était à la tête d'un «système» destiné à détourner l'argent du Parlement européen au profit de son parti, qu'elle a dirigé de 2011 à 2021.
Elle a au contraire soutenu que les missions des assistants devaient être adaptées aux diverses activités des députés européens, y compris certaines missions hautement politiques liées au parti.
Être assistant parlementaire «est un statut, a-t-elle déclaré. Il ne dit rien de l'emploi, rien du travail requis, de la secrétaire au rédacteur de discours, de l'avocat au graphiste, du garde du corps à l'employé de bureau du député européen.»
Mme Le Pen a insisté sur le fait que son parti n'avait «jamais eu la moindre remontrance de la part du Parlement» jusqu'à une alerte lancée en 2015 par Martin Schulz, alors président de l'organe européen, auprès des autorités françaises au sujet d'une possible utilisation frauduleuse de fonds de l'Union européenne par des membres du Front national.
«Remontons dans le temps. Les règles n'existaient pas ou étaient beaucoup plus souples», a-t-elle souligné.
Mme Le Pen craint que la Cour tire des conclusions erronées des pratiques du parti, qu'elle juge légitimes. «C'est injuste. Quand on est convaincu que tomate veut dire cocaïne, c'est toute la liste des courses qui devient suspecte!», a-t-elle lancé.
La présidente du tribunal, Bénédicte de Perthuis, a déclaré que, quelles que soient les questions politiques en jeu, le tribunal devait s'en tenir à un raisonnement juridique.
«En fin de compte, la seule question qui compte (...) est de déterminer, sur la base de l'ensemble des preuves, si les assistants parlementaires ont travaillé pour le député européen auquel ils étaient attachés ou pour le Rassemblement national», a-t-elle affirmé.