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International

Donald Trump veut cibler les revenus pétroliers russes pour mettre fin à la guerre

Le président a renouvelé vendredi son appel au groupe des exportateurs de pétrole, mené par l'Arabie saoudite, pour réduire le prix du pétrole.

Donald Trump souligne que cibler les revenus pétroliers russes est le meilleur moyen d'amener Moscou à mettre fin à sa guerre de près de trois ans contre l'Ukraine.
Donald Trump souligne que cibler les revenus pétroliers russes est le meilleur moyen d'amener Moscou à mettre fin à sa guerre de près de trois ans contre l'Ukraine.
Aamer Madhani et 

Le président Donald Trump souligne que cibler les revenus pétroliers russes est le meilleur moyen d'amener Moscou à mettre fin à sa guerre de près de trois ans contre l'Ukraine.

Donald Trump, qui a promis pendant la campagne qu'il négocierait une fin rapide au conflit, a, dans ses premiers jours au pouvoir, mis l'accent sur l'idée que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et son alliance élargie OPEP+ détiennent la clé pour mettre fin à la guerre en réduisant les prix du pétrole.

Le président a renouvelé vendredi son appel au groupe des exportateurs de pétrole, mené par l'Arabie saoudite, pour réduire le prix du pétrole. Il s'agit d'une mesure qui, selon lui, priverait la Russie de revenus dont elle a tant besoin pour financer le conflit et forcerait Vladimir Poutine à reconsidérer la guerre.

M. Trump a déclaré aux journalistes qu'«une façon de mettre fin rapidement à cette guerre est que l'OPEP cesse de gagner autant d'argent». Le président américain a ajouté que l'organisation «devrait donc se mettre au travail et baisser le prix du pétrole. Et cette guerre cessera immédiatement.»

Mais la pression sur l’OPEP+ est une bataille difficile, selon les experts du secteur. Le mois dernier, l’alliance a reporté l’augmentation de la production de pétrole en raison d’une demande plus faible que prévu et d’une production concurrente de pays non alliés.

M. Trump a fait des appels similaires à l’OPEP+ cette semaine lors d’un discours virtuel au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, le rassemblement annuel des dirigeants mondiaux et des élites des entreprises.

Pendant ce temps, l’envoyé spécial du président en Ukraine et en Russie, Keith Kellogg, a indiqué vendredi que la réduction des prix du pétrole par l’OPEP+ à 45 $ US le baril pourrait pousser la Russie à mettre fin à la guerre.

«La Russie gagne des milliards de dollars grâce aux ventes de pétrole», a avancé M. Kellogg dans une entrevue à Fox News. «Et si vous rameniez ce prix à 45 $ US le baril, ce qui correspondrait à un seuil de rentabilité?»

Des relations difficiles

Les relations entre l’Arabie saoudite et la Russie sont compliquées, même si les deux pays coopèrent dans le domaine du pétrole.

En 2016, la Russie et d’autres producteurs de pétrole qui ne faisaient pas partie de l’alliance se sont joints à l’Arabie saoudite et à d’autres membres du cartel pétrolier pour former l’OPEP+. La Russie et l’Arabie saoudite sont de loin les plus gros producteurs de l’alliance élargie. Cette décision a été prise en grande partie en réponse à la chute spectaculaire des prix du pétrole due à la production américaine de pétrole de schiste. Les États-Unis ne sont pas membres de l’OPEP ni de l’OPEP+.

Patrick De Haan, responsable de l’analyse pétrolière chez GasBuddy, a souligné que M. Trump avait de meilleures relations avec le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, que son prédécesseur, le démocrate Joe Biden. Pourtant, les Saoudiens «ont encore des factures à payer» et Donald Trump fait une «demande énorme», a-t-il avancé.

«Les compagnies pétrolières réagissent aux considérations économiques et non aux faveurs personnelles», a-t-il ajouté.

Le Kremlin a rejeté vendredi l’idée que la Russie puisse être poussée à négocier la fin de la guerre par les États-Unis et leurs alliés en ciblant le secteur pétrolier.

«Le conflit ne dépend pas des prix du pétrole», a soutenu le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d’un appel avec des journalistes. «Le conflit se poursuit en raison de la menace à la sécurité nationale de la Russie, de la menace pour les Russes vivant sur ces territoires et du refus des Américains et des Européens d’écouter les préoccupations de la Russie en matière de sécurité. Il n’est pas lié aux prix du pétrole.»

Un pari risqué?

Donald Trump fait peut-être un pari risqué en faisant publiquement pression sur les Saoudiens et d'autres pays de l'OPEP+.

Joe Biden, qui avait critiqué le bilan des Saoudiens en matière de droits de l'homme au début de son mandat, a essuyé un revers embarrassant quelques mois après le début de la guerre en Ukraine, lorsque les Saoudiens ont rejeté la demande publique du démocrate d'augmenter le flux mondial de pétrole.

Il est possible que l’Arabie saoudite et d’autres alliés souhaitent éventuellement répondre à l’appel de Washington, mais pas immédiatement, a mentionné Kevin Book, le directeur général qui dirige l’équipe de recherche de ClearView Energy Partners LLC, une société de recherche de Washington.

L’offre mondiale de pétrole dépasse actuellement la demande d’environ 700 000 barils par jour, selon l’Agence internationale de l’énergie, un excédent qui pèse déjà sur le prix.

«Ce que Biden demandait essentiellement, c’était de diviser les deux plus grands acteurs de l’OPEP+ et c’est essentiellement ce qui est sur la table en ce moment aussi», a indiqué M. Book. «C’était difficile à l’époque. Ce serait difficile aujourd’hui.»

M. Kellogg a précisé que Donald Trump est convaincu que l’accentuation de la pression économique sera plus utile pour amener la Russie à la table des négociations que pour aider l’Ukraine à remporter des victoires sur le champ de bataille.

Les deux camps ont subi des centaines de milliers de pertes humaines. M. Kellogg a exprimé des doutes quant au fait que l’incroyable coût humain ait un impact important sur les calculs du Kremlin.

«C’est une nation qui était prête à perdre 700 000 morts en six mois à Stalingrad pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils envoient simplement des troupes, a déclaré M. Kellogg. Donc, quand vous regardez Poutine, vous ne pouvez pas simplement dire : 'Eh bien, arrêtez les tueries', parce que, franchement, ce n’est pas leur mentalité, ce n’est pas comme ça qu’ils font les choses.»