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«Je me suis tout de suite dit que je ne ramènerais pas mon enfant dans cette garderie tant que je n’aurais pas plus d’explications.»
Plusieurs parents se disent choqués d’apprendre que les gérants de deux garderies de la région de Montréal ont été accusés d’avoir fait passer des armes fantômes à la frontière canadienne.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News
Stacy St -Pierre, 42 ans, et sa conjointe, Ruby Sharma, 45 ans, ont été arrêtés par la GRC le 14 juillet 2023. Ils ont été libérés sans inculpation «en attendant la fin de l’enquête» et ont continué à gérer deux garderies à Vaudreuil et à Saint-Lazare.
Le couple a été accusé sept mois plus tard — vendredi dernier — de possession en vue du trafic d’armes et d’importation ou d’exportation d’armes à feu non autorisées.
La police a allégué qu’ils avaient fait passer en contrebande six armes fantômes, qui sont généralement fabriquées à partir de pièces assemblées ou d’imprimantes 3D, ce qui les rend difficiles à retracer pour la police.
Selon un courriel obtenu par CTV News, le ministère de la Famille du Québec a demandé au propriétaire de Garderie Precious Cargo Inc. de procéder à de nouvelles vérifications des antécédents du couple après que les accusations ont été portées.
Les parents se disent stupéfaits après avoir pris connaissance des accusations et remettent en question le jugement des gestionnaires.
«Lorsque j’ai découvert l’affaire, j’ai été tellement choqué que j’ai pensé qu’il s’agissait d’une intelligence artificielle. J’étais complètement abasourdi. Je n’arrivais pas à croire ce que je lisais», a dit un parent lors d’une entrevue accordée à CTV News.
Selon les allégations de la GRC, Sharma et St-Pierre ont été arrêtés l’été dernier au poste frontalier de Lacolle, au Québec, alors qu’ils arrivaient des États-Unis avec six Glock 80 de fabrication privée. Les armes dites «fantômes» qu’ils auraient fait passer en contrebande ne portaient pas de numéro de série.
Trois parents ont parlé à CTV News à la condition que leurs noms ne soient pas publiés par crainte de répercussions sur leurs enfants. Deux d’entre eux disent avoir retiré leurs enfants de la garderie parce qu’ils s’inquiètent pour leur sécurité.
«C’est tout ce qui gravite autour des armes – le crime organisé, les gangs de rue, les armes fantômes sans licence et sans numéro de série qui sont utilisées sur le marché noir et vendues très, très cher. Ce sont les personnes impliquées dans ce type de crimes qui me font peur», a affirmé un parent.
Une autre mère a déclaré qu’elle avait quitté son travail tôt en milieu de journée vendredi pour retirer son enfant de la garderie après avoir pris connaissance des accusations et qu’elle ne l’avait pas ramené depuis.
«Tant que l’affaire n’a pas été portée devant le tribunal et que leur nom n’a pas été blanchi ou qu’ils n’ont pas été déclarés coupables, je ne veux pas que [les accusés] soient impliqués dans la garderie», a ajouté le parent.
Un troisième parent a déclaré à CTV News qu’il n’avait pas l’impression que la propriétaire de la garderie prenait les allégations au sérieux et l’a accusée d’accorder un traitement spécial aux gestionnaires en raison de leurs liens familiaux.
Mme Sharma et la propriétaire de la garderie n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de CTV News mardi.
Selon une note de service envoyée aux parents mardi, la propriétaire a expliqué qu’elle agira à titre de «directrice intérimaire» et que Mme Sharma et Mme St-Pierre «ne seront plus à la garderie jusqu’à ce que tout soit réglé».
Le courriel du ministère, qui supervise les garderies au Québec, demandait que de nouvelles vérifications soient effectuées sur les deux accusés «s’ils restent employés».
Le ministère a déclaré qu’il n’a appris les accusations que lorsqu’elles ont été portées la semaine dernière.
Lorsqu’on lui a demandé si les deux accusés pouvaient continuer à travailler dans les garderies, la porte-parole du ministère, Wendy Whittom, a déclaré : «le ministère suspend le permis d’un titulaire de permis en cas d’enquête ou d’arrestation, mais les personnes en question ne sont pas autorisées à exploiter la garderie. Pour sa part, le ministère s’assure que toutes les vérifications sont effectuées pour garantir la santé et la sécurité des enfants».
Le sergent Charles Poirier, porte-parole de la GRC, a indiqué dans un courriel que le service de police avait avisé le ministère de la Famille du Québec des accusations portées vendredi dernier.
«Cependant, il convient de noter qu’il n’y a aucune indication qui suggère que les garderies ont quelque chose à voir avec les infractions, mais il est évident qu’étant donné la gravité des infractions, il était nécessaire d’aviser le ministère de la famille», a-t-il écrit dans le courriel.
Les deux accusés doivent comparaître à nouveau devant le tribunal le 4 avril.