Début du contenu principal.
«Ça va demander beaucoup de gestion.»
Le secteur féminin du Centre de détention de Québec sera vidé au cours des prochains jours, a appris Noovo Info. Les détenues seront transférées à l’établissement de détention Leclerc, à Laval.
De leur côté, les prévenues, en attente de comparution ou en processus judiciaire, seront transférées dans une aile du secteur masculin du Centre de détention de Québec.
«Le but est de récupérer les agents qui travaillent au secteur féminin pour éliminer le temps supplémentaire obligatoire», a expliqué Marcel (prénom fictim), un agent carcéral, à Noovo Info. Le transfert des détenues vers Leclerc devrait se faire lors de la semaine prochaine.
Les nombreuses informations publiées par Noovo Info et d’autres médias au sujet des conditions de travail au sein de la prison ont manifestement mis de la pression sur les gestionnaires de l’établissement.
Le ministère de la Sécurité publique a justifié cette décision dans une déclaration écrite.
Le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ–CSN) s'est dit surpris de cette décision du ministère, alors que ce sujet aurait été discuté en juin dernier. «On nous disait que c’était impossible à réaliser», a affirmé Mathieu Lavoie, président national du SAPSCQ–CSN.
Lors d'un entretien avec Noovo Info jeudi, M. Lavoie a dénoncé «l'improvisation» du ministère de la Sécurité publique. «Je ne crois pas que c’est la bonne décision à prendre.»
Plusieurs agents carcéraux montraient du doigt des conditions de travail pénibles et une déconnexion de la part des gestionnaires, alors que la situation dans les milieux carcéraux se serait détériorée au cours des dernières années.
«On vit des évènements pratiquement quotidiennement qui marquent. On est pris avec ça. Si nous-mêmes on ne va pas chercher d’aide, l’aide, d’emblée, elle ne nous est pas offerte», avait confié Marcel à Noovo Info en décembre dernier.
À VOIR AUSSI | La prison de Québec est devenue un «Club Med», déplore un ancien gardien
Si la mesure du Centre de détention de Québec risque de donner un peu d’oxygène aux employés sur le terrain, tout n’est pas rose, selon les agents qui ont discuté avec Noovo Info.
Les femmes prévenues relocalisées dans le secteur masculin se situeraient sur le même plancher que les prévenus et détenus reliés au gang Blood Family Mafia.
«Ça va demander beaucoup de gestion», indique un agent. «Ce ne sont pas les mêmes méthodes d’intervention.»
«Dans le secteur féminin, les femmes avaient moins accès aux livraisons par drone. En allant du bord masculin, les gars vont leur passer du stock.»
Par ailleurs, plusieurs agents du secteur féminin ne souhaiteraient pas travailler avec la clientèle masculine, et vice versa, a-t-on souligné à Noovo Info.
Selon M. Lavoie, la «mixité dans des centres de détention apporte d’autres problématiques». Il soutient que faire une telle chose «n'est pas faisable».
De son côté, le cabinet du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a assuré à Noovo Info jeudi que «la situation dans les établissements de détention du Québec fait partie des priorités du ministre».
«Il a demandé aux équipes du ministère de travailler sur des solutions pour aider les agents correctionnels sur le terrain», indique-t-on dans une réponse écrite.