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J’ai envie de parler de ce moment spécial qu’a créé la plateforme. Parce que ça prend de ça aussi quelques fois, reconnaître le positif dans ces moments festifs.
C’est le meilleur moment de l’année. Je ne parle pas de la neige qui tombe, des petites lumières dans les fenêtres, des chansons festives qui tournent à la radio. Je ne parle pas non plus de l’odeur du sapin baumier, des plats riches et délicieux du temps des Fêtes. Non, non. Je parle de MON moment préféré…
Un moment que j’attends avec fébrilité. À chaque fois qu’il se termine, j’attends le prochain avec impatience. Et disons-le, c’est la déception que ça se soit passé aussi vite. C’est un moment de partage, de rassemblement, d’échanges.
Curieux ? Je m’en doute bien.
Si vous ne savez pas de quoi je parle, c’est normal. Je parle du Superbowl des mélomanes, le Noël des nerds de musique (mais pas tous). C’est le moment tant attendu du Spotify Wrapped, un des meilleurs moments de l’année, selon moi. Mais aussi pour un bon nombre de personnes qui aiment le concept. Car oui ; cette campagne marketing massive de Spotify qui revient chaque année attire les foules, les critiques et le plalsir de partager ses habitudes d’écoutes.
Je devrais techniquement être la première à critiquer Spotify Wrapped. Sous ses airs festifs se cache quand même la réalité que les artistes sont sous-payés par le service de streaming. Mais je veux mettre ceci de côté pour un instant. Je veux mettre aussi les critiques envers Spotify Wrapped et le partage de données confidentielles. J’ai envie de parler de ce moment spécial qu’a créé la plateforme. Parce que ça prend de ça aussi quelques fois, reconnaître le positif dans ces moments festifs.
Il y a quand même quelque chose de spécial. Les gens attendent un moment dans l’année pour partager à tous leurs habitudes d’écoute. Ils partagent ce qui les allume et leur mettent des étoiles dans les yeux. Moi, ce moment, je l’attends car mes habitudes d’écoute me donnent un reflet de mon année, de mon amour pour certains genres de musique, mais surtout de moi-même. Et j’aime ça.
Je vous l’ai déjà dit, j’aime profondément ce moment. Il flotte autour de cette journée une énergie différente, comme si tout d’un coup, tout le monde se voit sous d’autres yeux ; ceux d’un algorithme qui leur présente ce qu’ils sont, quels personnages sont-ils vraiment, comment leur narratif prend forme au sein de leur histoire. Et c’est beau, c’est beau parce que ça ramène une dimension humaine à l’une de mes formes d’art préféré, la musique.
J’ai beaucoup chialé sur les obstacles de l’industrie, sur la non-accessibilité de la musique et les prix en surenchères de l’industrie du spectacle. Mais c’est des journées comme celle du Spotify Wrapped qui me rappelle pourquoi je continue de couvrir ce monde qui franchement peut être lourd.
C’est l’universalité de la musique. Il y a quelque chose de beau lorsque tout le monde se met à partager ce qu’ils ont écouté. Tout à coup, la musique est au centre de l’histoire de leur année. Chaque moment, chaque chanson cerne un moment de l’année, donne le ton à l’histoire qu’ils se racontent et qu’ils nous racontent. Parce qu’au final, c’est un partage d’histoire. De voir que quelqu’un a écouté 1000 fois la même chanson en boucle une journée d’avril, c’est d’avoir accès à un pan de son histoire et de partir la conversation avec un message aussi banal que « Pourquoi as-tu écouté Marie, tu pleures de Karkwa 200 fois le 12 avril !? Ça n’allait pas… ? » Ça part des discussions et des connexions.
Deux de mes amies ont le même artiste le plus écouté ! Et on a jasé de nos chansons de l’année par rapport à ce band-là. Ça nous a permis d’échanger sur l’importance que ce groupe a pris dans notre vie au cours de la dernière année.
Une connaissance m’a dit qu’elle ne connaissait personne de ma liste, mais que, me connaissant, elle irait les écouter. Je l’ai encouragé à découvrir sa inner sad girl à travers ma passion pour les chansons tristes.
Mais surtout, ça me permet de me remettre au centre de mon histoire, de la playlist de ma vie dans la dernière année. Et c’est le moment que plusieurs attendent ; se définir et définir son année à travers la musique. Définir les autres autour d’eux à travers leurs habitudes d’écoutes. Je pense que je suis officiellement devenue la jeune femme continuellement mélancolique dans mon groupe d’amis après que j’ai révélé mes résultats.
Et il y a une beauté dans cette révélation de résultats. Comme si tout d’un coup, on s’en contrefiche de se faire juger sur notre amour pour Justin Bieber ou de dévoiler au grand jour que l’on a un peu trop écouté une chanson de cœur brisé de Taylor Swift. Ces moments sont maintenant une partie intégrante de notre histoire. Ils symbolisent quelque chose et surtout, ils sont associés à des souvenirs qu’on partage au grand jour, avec les autres. On crée un sentiment de communauté. On appartient à un groupe de gens qui se définissent à travers la musique qui accompagne leur vie.
C’est drôle, on en fait des blagues. Et même si Spotify Wrapped reste une initiative marketing plutôt bancale, elle réaffirme une chose essentielle : la musique appartient à tout un chacun.
Et c’est ça son grand secret. Cette journée-là est plus que simplement la mise en ligne et le partage d’habitudes d’écoute. C’est une Fête de la musique. Une célébration de soi à travers une forme d’art qui marque nos vies.
Et c’est tellement fort, tellement beau. C’est le meilleur moment de l’année. C’est MON meilleur moment de l’année.