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On aura les deux pieds dans la flotte. [...] Il faut s’adapter. On n’aura d’autre choix que celui de s’inventer de nouveaux rituels.
Si vous avez des enfants, vous êtes sans doute, comme moi, sempiternellement en train de rafraîchir la page du site MétéoMédia avec l’espoir que les prévisions météo pour la semaine prochaine changent. En gros, ça va ressembler à pluie, temps gris, passages nuageux, temps de raie, temps de marde et repluie.
Comme beaucoup de parents, je n’ai pas le luxe de prendre une semaine de congé pendant la semaine de relâche. Pour nous, pas de voyage dans le sud ou de location de chalet. «La relâche ordinaire», comme dirait ma collègue Maude Goyer. Sauf que je comptais beaucoup sur les activités extérieures pour égailler cette pause d’école que j’accueille chaque année avec, à la fois, bonheur et appréhension.
Bon là, on a vécu beaucoup des jours de grève, alors je vous mentirais si je vous disais que le bonheur prime sur les appréhensions, mais comme on a décrété à la grandeur du Québec que la relâche aurait lieu quand même, que c’était YOLO pis que fuck l’école, advienne que pourra.
On devra se réinventer, comme disait l’autre. Surtout à Montréal, où on passe depuis les deux dernières années d’une plaque de glace éternelle à une métropole boueuse et dégueulasse à cause de températures bien au-dessus des normales de saison. «C’est comme si l’hiver avait disparu», dit mon fils, débiné à l’idée de n’avoir pas pu enfiler ses patins une seule fois depuis la première neige.
Ça titille la nostalgique en moi, qui me rappelle des après-midi à glisser, des joues rougies par le froid de janvier, des fins de semaine de ski au Valinouet ou des chocolats chauds avalés pour se réchauffer après des heures passées à se construite un fort plus gros que celui dans les guerres des tuques. Mes enfants, mes filles surtout, plus vieilles, ont connu la saison hivernale «du bon vieux temps». Mon fils, non. Pour lui, l’hiver est en dents de scie ou n’est pas.
Avant, quand j’écoutais des films dystopiques de fin du monde, je riais des personnages enfermés dans un bunker qui s’imaginaient le monde d’avant, avec ses champs de blé et ses forêts luxuriantes. Je trouvais ça exagéré. Astheure, je ne ris plus autant.
Je ne dis pas qu’on va vivre dans des bunkers, mais je me surprends à parler des saisons que j’ai connues, enfants, à ma progéniture. Ils m’écoutent raconter comment, une année, il avait tellement neigé sur les Mont-Valins qu’il y en avait jusqu’au toit du chalet.
Quand je leur dis que mon père devait pelleter pour qu’on puisse ouvrir les portes ou voir dehors, ils pensent que je mens et que je mets un peu de « magie » pour enjoliver l’histoire. Mais non, il n’y a rien d’exagéré dans l’hiver blanc dont je leur narre leur récit comme pour leur prouver que ce n’était pas comme ça, avant, et que tout ça n’est pas très normal.
Est-ce que la relâche est à l’eau? Au sens propre, on peut dire que oui. On aura les deux pieds dans la flotte. Après ça, c’est vous qui décidez. Il faut s’adapter. On n’aura d’autre choix que celui de s’inventer de nouveaux rituels. Ça ne ressemblera peut-être pas à ce que nous, on a connu, mais on est libres de créer des souvenirs que nos petits pourront à leur tour raconter aux leurs si la terre n’a pas brûlé d’ici là.
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