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Y a-t-il pire que les fameux tarifs de Donald Trump?
Y a-t-il pire que les fameux tarifs de Donald Trump? C’est la question que je me pose après un mois passé à suivre chacune de ses déclarations, redoutant les droits de douane qu’il manie comme une arme de destruction économique, principalement contre ses anciens alliés.
Depuis un mois, Donald Trump monopolise les principaux canaux de communication occidentaux. On analyse ses menaces, on relaie ses déclarations — ou plutôt ses mensonges — et on scrute la moindre publication sur X ou Truth Social. Bref, on accorde une place démesurée à ce qui se passe aux États-Unis, comme si son pays et ses citoyens conservaient, à eux seuls, le monopole de l’influence mondiale.
Certes, nous subissons et subirons les conséquences de ses décisions. Pourtant, il me semble impensable de traverser les quatre prochaines années sous cette pression constante, avec cette menace politique suspendue au-dessus de nos têtes.
Je ne suis ni économiste ni expert en affaires, mais à force de côtoyer divers acteurs économiques, j’ai compris une chose: l’instabilité et l’imprévisibilité sont les pires ennemies de la croissance et de la stabilité. Ce que le président Trump inflige à ses alliés et aux entreprises est un véritable supplice de la goutte. Chaque déclaration, chaque menace, chaque répit provisoire alimente cette torture économique et nous paralyse.
Désormais, la menace se concrétise. Cela signifie que nous avons enfin la possibilité de réagir, de nous adapter et de faire les choix nécessaires, plutôt que de rester dans l’attente. Je ne crois pas que la période à venir sera joyeuse. Les conséquences seront lourdes. Mais les crises ouvrent aussi la porte aux opportunités, et nous devons collectivement nous atteler à les saisir.
Maintenant que la menace tarifaire devient une réalité, nos gouvernements doivent nous dire clairement comment ils comptent soutenir l’économie canadienne: comment compenser les emplois perdus, requalifier les travailleurs touchés et redonner confiance à la population.
La communication doit désormais se recentrer sur nous, plutôt que sur lui. Nos élus seront jugés sur leur capacité à instaurer un contexte propice à la résilience économique et, comme dans toute crise, à établir un lien de confiance avec la population. Il est essentiel qu’ils nous informent avec rigueur et transparence. En temps de crise, nous avons besoin de savoir que nos dirigeants ont un plan clair, qu’ils s’appuient sur des experts et qu’ils sont dignes de confiance. C’est ainsi que nous pourrons prendre des décisions éclairées, nous adapter et nous préparer aux changements inévitables.
Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il faut abandonner les efforts diplomatiques, bien au contraire. Pendant que le gouvernement met en place les conditions de résilience, la diplomatie doit continuer à marteler l’importance du libre-échange, l’interdépendance de nos économies et les conséquences des tarifs pour les consommateurs américains.
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Nous devons maintenir le dialogue ouvert, saisir la moindre occasion d’un changement de cap, anticiper les décisions à venir et, surtout, faire en sorte que cette situation ne soit que temporaire. Aux États-Unis, de nombreux acteurs économiques croient en une relation commerciale forte avec le Canada. Des milliers d’entrepreneurs dépendent de nos matières premières, de nos produits et de notre expertise. Il faut donc nourrir et informer ces alliés pour qu’ils exercent à leur tour une pression sur leur président.
Ces nouvelles barrières tarifaires auront des répercussions sur tous les aspects de notre économie. Elles redéfinissent profondément notre relation avec les États-Unis et le Mexique. Elles mettront à l’épreuve nos entreprises, nos travailleurs, nos gouvernements et nos élus. Mais, sans verser dans l’optimisme naïf, je crois aussi qu’elles nous rendront plus forts, plus résilients et plus solidaires. Au moins, maintenant, on sait à quoi nous en tenir.
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